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QUATRIÈME PARTIE 6 страница



En posant ses paumes sur les siennes, Camille sentit le contact de la gaze:

– Tu souffres?

– Oui.

– Tant mieux.

Et elle commenç a à bouger.

Lui aussi.

– Ttt ttt, se fâ cha-t-elle, laisse-moi faire…

Elle recracha un bout de plastique, le chapeauta, se cala dans son cou, un peu plus bas aussi et passa ses mains sous ses reins.

Au bout de quelques allé es et venues silencieuses, elle s'agrippa à ses é paules, se cambra et jouit en moins de temps qu'il ne faut pour l'é crire.

– Dé jà? demanda-t-il un peu dé ç u.

– Oui…

– Oh…

– J'avais trop faim…

Franck referma ses bras sur son dos.

– Pardon… ajouta-t-elle.

– Pas d'excuse qui tienne, mademoiselle… Je vais porter plainte.

– Avec plaisir…

– Non, pas tout de suite… Je suis trop bien, là … Reste comme ç a, je t'en supplie… Oh merde…

– Quoi?

– Je suis en train de te foutre de la Biafine partout…

– Tant mieux, sourit-elle, ç a pourra toujours servir…

Franck ferma les yeux. Il venait de toucher le gros lot. Une fille douce, intelligente et coquine. Oh… Merci mon Dieu, merci… C'é tait trop beau pour ê tre vrai.

Un peu poisseux, un peu graisseux, ils se rendormirent tous les deux, sous un drap qui sentait le stupre et la cicatrisation.


20


En se ré veillant pour aller voir Paulette, Camille marcha sur son ré veil et le dé brancha. Personne n'osa le ré veiller. Ni la maisonné e distraite, ni son chef qui prit son poste sans moufter.

Comme il devait souffrir, le pauvre…

Il sortit de sa chambre vers deux heures du matin et frappa à la porte du fond.

Il s'agenouilla au pied de son matelas.

Elle lisait.

– Hum… Hum…

Elle baissa son journal, leva la tê te et fit l'é tonné e:

– Un problè me?

– Euh… M'sieur l'agent, je… Je viens pour une main courante…

– On vous a volé quelque chose?

Hé, ho, ç a va! On se calme! Il n'allait pas ré pondre «mon cœ ur» ou une connerie dans le genre…

– C'est-à -dire que… euh… On s'est introduit chez moi hier…

– Ah bon?

– Oui.

– Mais vous é tiez là?

– Je dormais…

– Vous avez vu quelque chose?

― Non.

― Comme c'est fâ cheux… Vous ê tes bien assuré au moins?

― Non, repondit-il penaud.

Elle soupira:

― Voilà un té moignage bien vague… Je sais que ces choses-là ne sont jamais trè s agré ables, mais… Vous savez… Le mieux ce serait encore de procé der à une reconstitution des faits…

― Ah?

– Ben oui…

D'un bond, il é tait sur elle. Elle hurla.

– Moi aussi j'ai la dalle, moi aussi! J'ai rien bouffé depuis hier soir et c'est toi qui vas trinquer Mary Poppins. Putain, depuis le temps que ç a gargouille là -dedans… J'vais me gê ner, tiens…

Il la dé vora de la tê te aux pieds.

Il commenç a par lui picorer les taches de rousseur puis la grignota, la becqueta, la croqua, la lé cha, la goba, la pignocha, la chipota, la mordilla et la rongea jusqu'à l'os. Au passage, elle prit du plaisir et le lui rendit bien.

Ils n'osaient plus s'adresser la parole ni mê me se regarder.

Camille se dé sola.

― Qu'est-ce qu'il y a? s'inquié ta-t-il.

― Ah monsieur… Je sais, c'est trop bê te, mais il m'en fallait un deuxiè me exemplaire pour nos archives et j'ai oublié de mettre le carbone… Il va falloir tout recommencer depuis le dé but…

― Maintenant??

― Non. Pas maintenant. Mais il ne faudrait pas trop tarder quand mê me… Des fois que vous oubliiez certains dé tails…

― Bon… Et vous, vous… Vous croyez que je serai remboursé?

– M'é tonnerait…

– Il a tout pris, vous savez?

– Tout?

– Presque tout…

– Dur…

Camille é tait allongé e sur le ventre et avait posé son menton sur ses mains.

– Tu es belle.

– Arrê te… fit-elle en s'enfouissant dans le creux de ses bras.

– Nan, t'as raison, t'es pas belle, t'es… J'sais pas comment dire… T'es vivante… Tout est vivant chez toi: tes cheveux, tes yeux, tes oreilles, ton petit nez, ta grande bouche, tes mains, ton cul adorable, tes longues jambes, tes grimaces, ta voix, ta douceur, tes silences, ton… ta… tes…

– Mon organisme?

– Ouais…

– Je suis pas belle mais mon organisme est vivant. Super, la dé claration… On me l'avait jamais faite celle-ci…

– Joue pas avec les mots, se rembrunit-il, c'est trop facile pour toi… Euh…

– Quoi?

– J'ai encore plus faim qu'avant… Il faut vraiment que j'aille manger quelque chose, là …

– Bon eh ben, salut… Au plaisir, comme on dit.

Il paniqua:

– Tu… tu veux pas que je te ramè ne un truc?

– Qu'est-ce que tu me proposes? fit-elle en s'é tirant.

– Ce que tu veux…

Puis, aprè s un temps de ré flexion:

– … Rien… Tout…

– OK. Je prends.

Il é tait adossé contre le mur, son plateau sur les genoux. Il dé boucha une bouteille et lui tendit un verre. Elle posa son carnet.

Ils trinquè rent.

― À l'avenir…

― Non. Surtout pas. À maintenant, le corrigea-t-elle.

Aï e.

– L'avenir euh… Tu… tu le…

Elle le regarda droit dans les yeux:

– Rassure-moi, Franck, on va pas tomber amoureux quand mê me?

Il fit semblant de s'é trangler.

– Am, orrgl, argh… T'es folle ou quoi? Bien sû r que non!

– Ah! Tu m'as fait peur… On a dé jà fait tellement de bê tises tous les deux…

– Ouais, tu l'as dit. Note bien, on en est plus à une prè s maintenant…

– Si. Moi, si.

– Ah?

– Oui. Baisons, trinquons, allons nous promener, donnons-nous la main, attrape-moi par le cou et laisse-moi te courir si tu veux mais… Ne tombons pas amoureux… S'il te plaî t…

– Trè s bien. Je le note.

– Tu me dessines?

– Oui.

–Tu me dessines comment?

― Comme je te vois…

― Je suis bien?

― Tu me plais.

Il sauç a son assiette, posa son verre et se ré signa à revenir ré gler quelques tracasseries administratives…Ils prirent leur temps cette fois et quand ils eurent roulé chacun de leur cô té, rassasié s et au bord du gouffre, Franck s'adressa au plafond:

― D'accord Camille, je ne t'aimerai jamais.

― Merci Franck. Moi non plus.



  

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