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DEUXIÈME PARTIE 25 страница



 

Je crois, pour ma part, aprè s avoir analysé minutieusement la pensé e d’un millier de ces malades que les hysté riques ont trè s rarement la notion pré cise de leur accident et surtout qu’elles l’ont trè s rarement avant l’accident lui-mê me. Je suis convaincu que le plus souvent l’accident se dé veloppe à la suite d’un trouble é motionnel, suivant des lois qui lui sont propres et que le sujets ignore complè tement. On peut le dé montrer de bien des maniè res: comme l’avait dé jà observé Lasè gue, beaucoup de symptô mes hysté riques se dé veloppent chez les malades à l’insu du malade et à l’insu de leur mé decin. Beaucoup plus souvent qu’on ne le croit, on a l’occasion d’examiner des sujets qui n’ont absolument jamais é té examiné s à ce point de vue et qui sont porteurs de symptô mes qu’ils ignoraient, dont ils n’avaient pas la moindre idé e. On constate ainsi des anesthé sies cutané es, des alté rations des sens spé ciaux, des amauroses unilaté rales, des anorexies, je dirai mê me, quoique cela paraisse surprenant, des paré sies hysté riques parfaitement nettes et dont personne ne se doutait: tous les mé decins ont observé des faits de ce genre. Il y a mê me des symptô mes hysté riques qui ne sont pas classiques, que la plupart des mé decins ignorent, les amné sies systé matiques, les phé nomè nes de subconscience, la distractivité, etc.., dont nous constatons le dé veloppement dans l’histoire du malade sans que personne ait pu avoir l’idé e d’en parler auparavant. D’ailleurs, l’histoire de la mé decine nous apprend qu’il en é tait ainsi autrefois, quand les anciens observateurs constataient des faits nouveaux pour eux qui sont devenus classiques depuis leur é poque.

 

Mê me, quand il s’agit d’accidents où l’idé e du sujet joue un rô le é vident, comme dans les idé es fixes à forme somnambulique par exemple, c’est observer les choses bien grossiè rement que de limiter l’accident à la simple expression, à la ré alisation de l’idé e du sujet. Le malade a dans l’esprit, je le veux bien, l’idé e fixe de certaine scè ne de sa vie, mais, à moins de jouer sur les mots, il est é vident qu’il n’a pas l’idé e fixe de la maniè re dont ces scè nes se reproduisent, de l’anesthé sie spé ciale, de l’amné sie particuliè re qui accompagnent et caracté risent les somnambulismes divers, de cette dissociation mê me descendant jusqu’à un certain niveau et pas au delà, de tous les caractè res de sa maladie, en un mot. Un malade est poursuivi par le souvenir que sa femme l’a quitté et l’a volé, cette é motion s’accompagne chez lui d’un mutisme tout particulier et d’une modification des perceptions auditives; il est bien certain qu’il n’avait pas l’idé e fixe de ces dé tails. Un sujet se blesse à la main droite, il a ensuite une hé miplé gie droite, mais en mê me temps il a du mutisme: connaissait-il donc l’association si fré quente, mê me dans l’hysté rie, des troubles de la paroles et des troubles respiratoires avec l’hé miplé gie droite? Comment se fait-il qu’aprè s des traumatismes oculaires ou simplement des é motions portant sur les yeux, il y ait des paralysies distinctes de la vision binoculaire ou de la vision monoculaire avec leurs lois si singuliè res, des troubles curieux de l’accommodation, des ré tré cissements du champ visuel, et mê me des hé mianopsies, car il s’en rencontre? Tous ces phé nomè nes et bien d’autres auront donc toujours é té enseigné s au malade par le mé decin qui l’a examiné avant nous. Cette supposition est enfantine et, dans bien des cas, tout à fait impossible. Ce qui est vrai, c’est que presque toujours les symptô mes maladifs dé passent de beaucoup les idé es que le sujets peut avoir, quelle que soit l’origine qu’on leur suppose.

 

Cet argument se rattache à un ordre de ré flexions dont l’impor­tance est encore assez faible, mais qui prendra de plus en plus de valeur avec les progrè s de la psychologie pathologique. Les accidents né vropathiques, les accidents hysté riques en particulier ne sont pas du tout, comme on le croit naï vement, livré s au hasard des idé es, des inspirations du sujet ou des bavardages de son mé decin. Ils ont, comme le pensait Charcot, un dé terminisme trè s rigoureux, ils sont soumis aux mê mes conditions dans tous les temps et dans tous les pays; ils sont dé terminé s par des lois physiologiques et psychologiques que les sujets ignorent et que nous ignorons aussi. Nous dé couvrons pé niblement avec beaucoup de tâ tonnements et d’erreurs quelques-unes de ces lois qui s’appliquent depuis des siè cles, à l’insu de tout le monde, des malades et de leurs mé decins.

 

Enfin, je signale rapidement une derniè re difficulté que l’on rencontre quand on essaye de ré sumer toute l’hysté rie par la suggestion, c’est que tout dé pend du sens que l’on donne au mot suggestion. Si on l’entend d’une maniè re vague, comme le faisait d’ailleurs M. Bernheim, si on en fait un phé nomè ne psychologique quelconque ou mê me un phé nomè ne psychologique fâ cheux pé né trant dans l’esprit d’une maniè re quelconque, on n’apprend pas grand’chose en disant que l’hysté rie est entiè rement constitué e par des phé nomè ne de suggestion; on ré pè te seulement que c’est une maladie mentale dans laquelle des phé nomè nes psychologiques quelconques jouent un rô le quelconque. Se dé cide-t-on à donner au suggestion une signification pré cise, admet-on que chez certains malades les idé es ne se comportent pas comme chez tout le monde, qu’elles agissent d’une maniè re spé ciale sur l’esprit et sur l’organisme. C’est alors cette action spé ciale qui est le point essentiel, c’est elle qui constitue l’hysté rie et vous n’avez pas le droit de faire une dé finition dans laquelle vous sous-entendez l’essentiel. Commencez par dé finir ce que vous appelez suggestion et aprè s, vous direz, si vous le voulez et si c’est vrai, que l’hysté rie est une maladie par suggestion. Mais pour dé finir la suggestion, vous allez ê tre obligé s d’introduire dans votre dé finition certaines notion nouvelles qui sont pré cisé ment celles que je ré clamais.

 

En un mot, ce ré sumé gé né ral de l’hysté rie par le mot « sugges­tion » est plus spé ciaux que scientifique. Si on cherche à serrer cette conception d’un peu prè s, on n’y trouve que des idé es fort vagues, des accusations banales contre les malades ou les mé decins, analogues aux anciennes accusations de simulation, la né gation de tous les faits spontané s de l’hysté rie qui sont innombrables et surtout la né gation de tout dé terminisme pré cis de ces né vroses. L’introduction de la psychologie dans ce domaine n’aurait ainsi d’autre ré sultat que de supprimer toute la clinique et toute la science de ces maladies.

 

4. – Le ré tré cissement du champ
de la conscience.

 

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Il est malheureusement bien difficile de remplacer aujourd’hui cette conception vague et fausse par d’autres plus pré cises parce que les phé nomè nes psychologiques morbides sont connus avec bien peu de pré cision et parce que notre langage est trè s insuffisant pour les exprimer. Il est probable que bientô t l’analyse physiologique et psychologique dé couvrira bien des caractè res communs à tous les symptô mes hysté riques, et enlè vera toute importance à ceux que j’ai relevé s moi-mê me. En attendant, certains caractè res que j’ai signalé s il y a vingt ans et qui n’ont guè re é té discuté s, me paraissaient encore avoir conservé quelque inté rê t.

 

Au lieu de gé né raliser à tort et à travers le phé nomè ne de la suggestion sans le comprendre, constatons-le quand il existe et voyons de quoi il dé pend. Il y a là, comme on l’a vu, un dé veloppement excessif des é lé ments contenus dans une idé e, et ce dé veloppement semble se faire sans effort volontaire de la part du sujet, sans qu’il y ajoute, comme nous serions obligé s de le faire nous-mê mes, tout l’effort de la personnalité. Comment cela est-il possible? Il me semble malheureusement qu’on a guè re dé passé l’ancienne explication que je proposait en 1889. Il est facile de remarquer qu’au moment où le sujet s’aban­donne à une suggestion, il a tout oublié, et ne peut rappeler dans sa pensé e aucun souvenir, aucune tendance opposé e à l’idé e suggé ré e. Sans doute cet arrê t dé pend d’un trouble é motionnel, mais ce trouble é motionnel se manifeste d’une faç on toute spé ciale par la suppression de tous les phé nomè nes psychologiques qui d’ordinaire s’opposent au dé veloppement de l’idé e suggé ré e. Toutes sortes d’observations et d’expé riences dé montrent que la suggestion dé pend de cette suppression, et que si on ré tablit les phé nomè nes antagonistes, la suggestion ne se dé veloppe pas. C’est parce qu’il n’y a pas de ré action mutuelle entre diverses idé es, diverses tendances simultané es, que chaque systè me peut se dé velopper dé mesuré ment et que nous observons le phé nomè ne de la suggestion.

 

Si nous é tudions le deuxiè me stigmate qui a é té dé crit, cette singuliè re distractivité que nous n’avons pas pu dé signer autrement, cet é tat bizarre dans lequel les malades oublient immé diatement les perceptions, les souvenirs qui ne sont pas immé diatement en rapport avec leur pensé e actuelle, nous nous trouvons en pré sence d’un phé nomè ne analogue au pré cé dent. Ce second fait n’est en ré alité qu’un autre aspect du premier: nous avons vu que chaque idé e existait dans l’esprit d’une maniè re trè s isolé e, nous voyons maintenant que toutes les autres idé es voisines de la premiè re sont en effet supprimé es. On dirait, disions-nous, une pensé e où manque la pé nombre, qui est ré duite à l’idé e claire, centrale, sans aucun cortè ge d’images incomplè tes environnantes. Le troisiè me stigmate, l’alternance perpé tuelle, le remplacement d’un accident par un autre est encore un fait du mê me genre, la pensé e passe successivement sans transitions d’un fait à un autre.

 

J’ai essayé autrefois de ré sumer ces caractè res psychologiques d’une faç on aussi simple que possible par la conception du ré tré cissement du champ de la conscience. La vie psychologique n’est pas uniquement constitué e par une succession de phé nomè nes venant à la suite les uns des autres et formant une longue chaî ne qui se prolonge dans un seul sens. Chacun de ces é tats successifs est en ré alité complexe, il renferme une multitude de faits plus é lé mentaires et ne doit son unité apparente qu’à la synthè se, à la systé matisation de tous ces é lé ments dans une seule conscience personnelle. J’ai proposé d’appe­ler « champ de la conscience le nombre le plus grand de phé nomè nes simples ou relativement simples qui peuvent ê tre ré unis à chaque moment, qui peuvent ê tre simultané ment rattaché s à notre personnalité dans une mê me perception personnelle » [55]. Ce champ de conscience ainsi entendu est fort variable suivant les divers individus et suivant les diverses circonstance de la vie. On peut dé crire sous le nom du ré tré cissement du champ de la conscience une certaine faiblesse morale consistant dans la ré duction du nombre des phé nomè nes psychologiques qui peuvent ê tre simultané ment ré unis dans une mê me conscience personnelle.

 

Ce caractè re psychologique ainsi entendu, ce ré tré cissement du champ de la conscience se retrouve dans tous les stigmates dont nous venons de parler. Il n’est que le ré sumé de la suggestivité et de la distractivité. On pourrait facilement montrer qu’il se retrouve toujours dans ce qu’on appelle vaguement le caractè re des hysté riques. Leurs enthousiasmes passagers, leurs dé sespoirs exagé ré s et si vite consolé s, leurs convictions irraisonné es, leurs impulsions, leurs caprices, en un mot ce caractè re excessif et instable, nous semblent dé pendre de ce fait fondamental qu’elles se donnent toujours tout entiè res à l’idé e pré sente sans aucune de ces nuances, de ces ré serves, de ces restrictions mentales, qui donnent à la pensé e sa modé ration, son é quilibre et ses transitions.

 

Mais je crois que l’on peut aller beaucoup plus loin et que l’on peut retrouver ce trouble de la personnalité, cette é troitesse de la conscience personnelle comme un caractè re essentiel de la plupart de leurs accidents. C’est là ce qui fait le dé veloppement de l’idé e fixe somnambulique, c’est là ce qui dé termine l’aspect de la somnambule qui a les yeux ouverts et qui ne voit pas, ou plutô t qui voit certains objets en rapport avec son idé e et non les autres. C’est là ce qui dé termine, par des lois que je ne puis é tudier ici, l’amné sie consé cutive aux idé es fixes de forme somnambulique. On retrouve ce mê me caractè re dans le bavardage exagé ré qui se dé veloppe isolé ment sans ê tre arrê té par aucune autre fonction. On le retrouve aussi dans le mutisme de l’hysté rique incapable de ramener dans sa conscience personnelle la fonction du langage é mancipé e. C’est un caractè re commun des agitations motrices, des phé nomè nes subconscients, des paralysies et des anesthé sies. L’anesthé sie [56] se comporte comme une distraction bizarre, elle est variable, mobile, elle disparaî t souvent quand on peut provoquer un effort d’attention du sujet; elle n’est ni profonde, ni complè te, car elle laisse subsister des sensations é lé mentaires sous forme de phé nomè nes subconscients faciles à constater dans bien des cas. On peut produire par la distraction elle-mê me des insensibilité s qui ont tous les caractè res des anesthé sies hysté riques. Quand la ré partition de l’anesthé sie se modifie, on constate des alternances, des é quivalences dans les sensations disparues. « La sensibilité disait autrefois Cabanis [57], semble se comporter à la maniè re d’un fluide dont la quantité totale est dé terminé e, et qui, toutes les fois qu’il se jette en plus grande abondance dans l’un de ses canaux, diminue proportionnellement dans tous les autres. » Il faudrait revenir sur beaucoup d’anciennes é tudes pour montrer que ce caractè re joue un grand rô le dans les attaques, les dé doublements de la personnalité, les é critures automatiques, et sans une foule d’autres phé nomè nes. « Les choses se passent comme si le systè me des phé nomè nes psychologiques qui forment la perception personnelle é tait chez ces individus dé sagré gé et donnait naissance à plusieurs groupes simultané s ou successifs, le plus souvent incomplets, se ravissant les uns aux autres les sensations, les images et par consé quent les mouvements qui doivent ê tre ré unis normalement dans une mê me conscience et un mê me pouvoir » [58].

 

Je ne crois pas que ce caractè re se retrouve dans les autres maladies mentales où l’on ne voit ni ce genre de suggestion, ni cet isolement des idé es, ni cette distractivité, ni cette forme de dé doublement de la personnalité. Il ne faut pas confondre le sentiment du dé doublement, le sentiment de l’automatisme qui peuvent exister chez les psychasté niques et chez beaucoup d’autres avec le dé doublement ré el et l’automatisme vé ritable dans lequel les é tats psychologiques sont sé paré s par l’amné sie et par l’inconscience. Le ré tré cissement du champ de la conscience ainsi entendu est quelque chose d’assez spé cial qui se retrouve dans la plupart des phé nomè nes hysté riques les plus nets et uniquement dans cette maladie, il doit former l’un des caractè res gé né raux de l’é tat mental hysté rique.

 

5. – La dissociation des fonctions
dans l’hysté rie.

 

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Pour comprendre l’hysté rie, il faut insister é galement sur un autre caractè re dont les anciennes é tudes mé dicales se pré occupait beaucoup et que l’on semble trop oublier aujourd’hui. Ce caractè re est d’ailleurs analogue au pré cé dent, il en est une consé quence ou un aspect particulier.

 

La conscience é troite du somnambule renferme peu de phé nomè nes, mais ce sont des phé nomè nes bien choisis qui ont une unité, qui font tous partie d’un mê me systè me, d’une mê me idé e. D’autre part elle refuse d’accepter d’autres phé nomè nes, d’autres perceptions, c’est que celles-ci font partie d’un autre systè me, d’une autre idé e. La sé paration des phé nomè nes psychologiques ne se fait pas au hasard, elle se fait aux limites qui existent entre divers systè mes psychologiques: il y a, en un mot, une vé ritable dissociation des idé es.

Si nous considé rons ce qui se passe pour le langage nous voyons que les faits sont analogues. Le langage ou certain langage fait tout entier partie de la conscience ou bien il est tout entier en dehors: il se passe ici pour la fonction quelque chose d’analogue à ce qui avait lieu pour les idé es: c’est une dissociation des fonctions. Aprè s tout, qu’est-ce qu’une fonction si ce n’est un systè me d’image associé es les unes avec les autres exactement comme une idé e? Le systè me est plus considé rable, il est surtout plus ancien, mais c’est quelque chose de semblable: une idé e est une fonction qui commence, une fonction est une idé e de nos ancê tres qui a vieilli. Le mê me trouble peut s’appli­quer aux deux phé nomè nes et le mutisme hysté rique nous pré sente la mê me dissociation qu’une amné sie. Les mê mes remarques peuvent s’appliquer à tous les accidents. Le vrai caractè re de toutes les paralysies hysté riques, c’est d’ê tre accompagné es ou suivies de l’agitation indé pendante de la mê me fonction, c’est l’acte subconscient qui caracté rise la paralysie hysté rique. L’essentiel est ici une dissociation soit d’une petite fonction ré cente dans les paralysies systé matiques, soit d’une grande fonction trè s ancienne dans les paraplé gies et les hé miplé gies.

 

Rien ne nous montre mieux cette dissociation des fonctions que l’é tude des troubles de la vision. La maladie semble ici dissé quer la vision et sé parer chacune de ses fonctions é lé mentaires mieux que ne pouvait le faire l’analyse psychologique. C’est là un caractè re des troubles hysté riques de la vision qui avait é té trè s bien reconnu autrefois par M. Parinaud et que l’on est trop disposé à mé connaî tre aujourd’hui. En un mot, on pourrait noter des faits semblables à peu prè s dans tous les accidents de la né vrose.

 

Pour bien comprendre cette notion de la dissociation des fonctions dans l’hysté rie, il est indispensable d’avoir pré sentes à l’esprit quelques remarques psychologiques. De mê me que la synthè se et l’association sont les grands caractè res de toutes les opé rations psychologiques normales, de mê me la dissociation est le caractè re essentiel de toutes les maladies de l’esprit. La dissociation existe partout et on peut dire que dans les é tats dé mentiels on se trouve en pré sence d’un poussiè re d’idé es, d’habitudes, d’instincts, à la place des constructions complè tes tombé es en ruine. Dire que la dissociation des fonctions existe dans l’hysté rie, c’est simplement ré pé ter une fois de plus que cette né vrose rentre dans le grand groupe des maladies de l’esprit.

 

Pour pré ciser cette interpré tation il est essentiel de se rendre compte du degré de profondeur auquel descend la dissociation des complexus mentaux, de mê me que dans les é tudes de la chimie on fait connaî tre la nature d’une substance obtenue par une opé ration d’analyse quand on indique à quel degré de dissociation sont parvenues les substances complexes que l’on dé composait. À ce point de vue un fait me paraî t essentiel dans l’hysté rie, c’est que, malgré la dissociation, la fonction elle-mê me est resté e à peu prè s intacte. Sans doute on rencontre à ce propos certaines difficulté s: dans certains cas nous avons cru observer qu’une certaine dé gradation accompagnait la dissociation des fonctions et nous é tions disposé s à expliquer par cette modification des fonctions dissocié es certains caractè res des contractures ou des troubles de la circulation. Mais ces phé nomè nes sont rares et encore discutables, d’ailleurs les alté rations ne portaient que sur les parties les plus é levé es, les plus perfectionné es de la fonction. D’une maniè re gé né rale nos anciennes é tudes sur les phé nomè nes subconscients montrent presque toujours que la fonction sé paré e de la conscience personnelle subsiste encore à peu prè s intacte. Le souvenir persiste malgré l’amné sie apparente, de mê me que la parole et la marche se manifestent en rê ve ou en somnambulisme malgré le mutisme et la paraplé gie de l’é tat de veille. Cette conservation des fonctions à l’é tat dissocié me paraî t propre à l’hysté rie, elle ne se retrouve pas dans les autres maladies de l’esprit. Dans celle-ci le plus souvent les souvenirs, les actions coordonné es, les habitudes se dissocient davantage, se sé parent en é lé ments plus petits et n’existent plus en temps que fonctions complè tes.

 

Sur quoi donc porte essentiellement la dissociation hysté rique, puisque le systè me qui constitue la fonction n’est pas dé composé? Elle porte uniquement sur la ré union de ces fonctions en un faisceau, sur leur synthè se qui a pour effet la constitution de la personnalité. L’hysté rie est avant tout une maladie de la personnalité qui dé termine la dé composition des idé es et des fonctions dont la ré union constitue la conscience personnelle. C’est d’ailleurs une idé e à laquelle é taient parvenus à la suite de mes travaux un trè s grand nombre d’auteurs quand ils disaient comme MM. Breuer et Freud: « La disposition à la dissociation de la conscience et en mê me temps à la formation d’é tat de conscience hypnoï des constitue le phé nomè ne fondamental de la né vrose ». M. Morton Prince, en é tudiant un cas remarquable de dé doublement de la personnalité, montrait aussi que les somnambulismes, les mé diumnité s, les doubles existences sont le terme vers lequel se dirige toujours l’hysté rie et que les caractè res essentiels de ces phé nomè nes se retrouvent toujours en germe dans tous les accidents de cette maladie.

 

Ces notions du ré tré cissement du champ de la conscience et de la dissociation de la conscience personnelle sont parallè les. On peut les considé rer comme deux aspects l’une de l’autre et on peut suivant les cas considé rer l’une ou l’autre comme plus importante. Tantô t, c’est parce que la conscience personnelle est mal constitué e qu’elle reste é troite et que toutes les fonctions ne peuvent plus en faire partie simultané ment. Tantô t, ce sera la transformation, l’isolement de certaines fonctions devenues plus difficiles par suite de certaines circonstances qui contribueront encore au ré tré cissement de la conscience. Ce sont là des é tudes dé licates à faire sur chaque cas particulier. L’essentiel c’est que nous connaissons deux caractè res psychologiques qui n’existent guè re dans les autres maladies de l’esprit et que l’on retrouve à peu prè s constamment dans tous les phé nomè nes que la clinique avait ré unis sous le nom d’hysté rie. L’hysté rie devient alors une forme de dé pression mentale caracté risé e par le ré tré cissement du champ de la conscience personnelle et par la tendance à la dissociation et à l’é mancipation des systè mes d’idé es et des fonctions qui par leur synthè se constituent la personnalité.


 

Deuxiè me partie. Les é tats né vropathiques

 

Chapitre IV

 

L’é tat mental psychasté nique.

______

 

 

Dans le chapitre pré cé dent j’ai essayé de ré sumer les caractè res gé né raux qui se pré sentaient dans la plupart des phé nomè nes hysté riques; il faut essayer de faire la mê me é tude à propos du second groupe de symptô mes que j’ai sans cesse comparé s avec les premiers, les symptô mes psychasté niques. Il faut rechercher quels sont les caractè res communs qui se retrouvent plus ou moins nettement dans ces manifestations en apparence si diverses et qui peuvent en mê me temps les distinguer des autres maladies.

 

1. – Ré sumé des symptô mes
psychasné tiques.

 

 

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Les symptô mes que nous avons dé crits sous ce nom se sont pré senté s dans toutes les fonctions et à propos de chacune d’elles ont dé terminé des troubles parallè les en quelques sorte à ceux de l’hysté rie, mais lé gè rement diffé rents. Si l’on considè re les fonctions intellectuelles, à cô té des idé es fixes de forme somnambulique des hysté riques et de leurs amné sies, nous avons constaté les obsessions et les impulsions des psychasté niques accompagné es de doutes trè s pé nibles. Ces doutes, ces manies d’interrogation et de pré cision semblaient correspondre aux amné sies, comme les obsessions correspondaient aux idé es fixes. En é tudiant la fonction du langage nous avons vu chez les psychasté niques des crises de bavardages et des tics de parole de mê me que des arrê ts de la parole dé terminé s par des peurs ou par la timidité. Ces phé nomè nes n’é taient pas sans analogie avec les crises de logorrhé e et le mutisme de l’autre né vrose. Les fonctions motrices des membres peuvent donner naissance chez ces malades à des tics innombrables ou à des agitations diffuses, elles peuvent aussi ê tre arrê té es par des phobies, des angoisses, des impuissances particuliè res: cela nous rappelle les convulsions, les spasmes ou les paralysies des hysté rique. Les perceptions deviennent douloureuses dans les algies ou se transforment d’une faç on pé nible, de maniè re à troubler la connaissance du monde exté rieur dans les dysgnosies psychasté niques, ce qui est é videmment parallè le aux dysesthé sies et aux anesthé sies; enfin les fonctions viscé rales sont atteintes de la mê me maniè re dans les deux né vroses au moins dans leur partie consciente et à demi-volontaire.



  

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