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DEUXIÈME PARTIE 23 страница



 

Quand nous faisons attention à quelque chose, nous nous dé tournons en mê me temps de plusieurs autres choses et nous cessons de nous inté resser à d’autres phé nomè nes qui parviennent cependant encore jusqu’à notre esprit: pendant que je fais attention à ma lecture, je me distrais des bruits de la rue quoique je les perç oive encore. Cette distraction, ou du moins un phé nomè ne analogue se pré sente dans l’esprit des hysté riques d’une maniè re bien é trange. Ces malades paraissent ne voir qu’une seule chose à la fois et elles semblent n’avoir aucune notion d’un objet pourtant trè s voisin; quand elles parlent à une personne, elles paraissent oublier qu’il y en a d’autres dans la chambre, et laissent é chapper tous leurs secrets avec indiffé rence. Quand elles conç oivent une idé e, on remarque qu’elles ont à ce propos une conviction pué rile qui semble fondé e sur une ignorance é tonnante: elles paraissent n’avoir aucune notion des objections, des impossibilité s, des contradictions; il n’y a plus rien dans leur esprit en dehors de l’idé e qu’elles ont conç ue. La mê me limitation peut ê tre quelquefois observé e dans leurs mouvements et dans leurs actes. Dè s le dé but de la maladie, ces personnes ne peuvent plus faire qu’une action à la fois: on reconnaî t souvent le premier signe du trouble mental chez ces jeunes filles de bonne volonté qui ne peuvent jamais faire qu’une commission à la fois. Dans certains cas et chez quelques sujets, on peut mê me mettre en é vidence ce caractè re d’une maniè re expé rimentale.

 

C’est d’ailleurs ce caractè re qui donnait une apparence spé ciale à tous leurs accidents: À cô té du phé nomè ne positif, dé veloppement de l’idé e somnambulique, convulsions, é motions persistantes, il y avait une sorte de lacune, oubli complet de la situation actuelle, indiffé rence au ridicule, insensibilité à la fatigue que nous n’aurions pas eu à la place. On dirait que ces sujets une fois malades oublient tout ce qui est en dehors de leur accident actuel: elles ne se souviennent pas d’avoir é té jamais autrement, elles n’imaginent pas qu’on puisse ê tre autrement, de là cette ré signation et cette absence d’effort qui nous surprenaient.

 

L’exagé ration de cette disposition va amener ce qu’on appelle les subconsciences: une foule de choses vont exister en dehors de la conscience personnelle. On pourra faire marcher et agir ces malades à leur insu, si les idé es qu’on exprime n’ont pas attiré leur attention et si elles restent dans ce domaine de la distraction. Ce caractè re va amener la mé diumnité comme tout à l’heure le dé veloppement des idé es amenait les grands somnambulismes.

 

Peut-on dire que ce phé nomè ne soit identique à la distraction de l’homme normal attentif à quelque é tude, distraction que nous avons prise comme point de dé part pour faire comprendre par comparaison le caractè re de nos malades? Je ne le crois pas: chez l’homme normal, la distraction n’est jamais aussi complè te, les phé nomè nes mé prisé s sont en dehors du foyer de l’attention, mais ils ne sont pas complè tement en dehors de la conscience, et ils se rappellent à nous trè s vite dè s qu’ils prennent quelque importance. Chez l’hysté rique, ces phé nomè nes sont oublié s, ou ils ne sont pas sentis, ils disparaissent beaucoup plus complè tement et ne rentrent que difficilement dans la conscience.

 

Mais un second caractè re est encore bien plus important: chez l’homme normal, cette distraction est le ré sultat d’un grand inté rê t dé terminé par quelque instinct puissant ou d’un acte d’attention volontaire; c’est parce que toute la personnalité avec ses instincts, ses tendances, ses souvenirs s’inté resse à ce phé nomè ne que les autres sont laissé s dans la pé nombre. Quand ces conditions d’inté rê t n’existent pas, la distraction cesse de se produire. Chez nos malades, nous ne voyons pas cet inté rê t puisant, ni cet acte d’attention volontaire. L’ignorance des phé nomè nes environnants se produit perpé tuellement sans qu’il n’y ait aucune raison qui donne une grande importance aux phé nomè nes conservé s. Il ne s’agit pas non plus d’un effort d’atten­tion ou de volonté. L’attention, qui est chez eux trè s faible, serait parfaitement incapable de ce tour de force et d’ailleurs le sujet ne fait aucun effort de concentration au moment où il a l’air si absorbé. Il y a là un phé nomè ne tout à fait analogue par certains points à celui de la suggestion: de mê me que dans la suggestion les idé es se dé veloppent automatiquement par leur propre force, sans aucune collaboration de l’ensemble de la personne, de mê me ici les idé es sont supprimé es mé caniquement par le simple fait que la conscience se porte sur un autre point sans aucun travail spé cial pour amener ce ré sultat.

 

Si cette disposition de l’esprit est diffé rente de la distraction normale, je ne crois pas qu’elle soit non plus identique au trouble de l’attention qui se pré sente si souvent dans les autres maladies de l’esprit. Les individus fatigué s, confus, ne portent une attention pré cise sur rien; il n’approfondissent rien, mais ils ont une notion vague de tout et il n’y a pas chez eux de suppression totale des phé nomè nes environnants dè s qu’ils en perç oivent un. Cette suppression facile et automatique de tous les phé nomè nes psychologiques é trangers à l’idé e qui occupe momentané ment la conscience est un phé nomè ne assez particulier que je n’ai bien nettement observé que chez les hysté riques, c’est ce que je dé signe par ce mot barbare de distractivité.

 

Nous venons de voir que ce phé nomè ne a des caractè res analogues à ceux de la suggestion. Peut-on dire qu’il se confond avec elle, en est-il simplement une consé quence? En fait cela n’est pas, car on leur a guè re suggé ré un phé nomè ne semblable que l’on connaî t peu et que les sujets eux-mê mes n’ont pas remarqué. D’autre part, on ne comprendrait pas bien que la suggestion, qui est pré cisé ment le dé veloppement d’une idé e, expliquâ t cette distraction qui est l’indiffé rence à une foule de faits. Enfin la suggestion mê me me paraî t dé pendre de cette disposition mentale: elle en serait bien plus souvent l’effet que la cause. C’est pré cisé ment parce que les sujets ont tout oublié en dehors de l’idé e suggé ré e, parce qu’ils ne sont plus retenus par aucune perception, aucune pensé e relative à la ré alité environnante qu’ils laissent se dé velopper si librement ces idé es qu’on leur a mises en tê te. La suggestivité et la distractivité ne me paraissent pas se produire l’une l’autre, elles sont deux stigmates parallè les qui ne peuvent pas exister l’un sans l’autre.

 

Un autre caractè re mé riterait aussi d’ê tre signalé comme une consé quence des deux pré cé dents, c’est cette disposition au changement total et subit des phé nomè nes de conscience qui, pendant l’é tat considé ré comme à peu prè s normal, dé termine la versatilité du caractè re et qui pendant la pé riode de maladie donne naissance aux transfert et aux é quivalences. Pendant une certaine pé riode, de 1875 à 1890, on s’est beaucoup occupé du phé nomè ne du transfert qui consiste dans le passage rapide d’un symptô me du cô té droit au cô té gauche du corps ou ré ciproquement. Une paralysie, une contracture, un trouble de sensibilité qui sié geait d’un cô té, passait sous diverses influences sur le point symé trique du cô té opposé. On attribua d’abord ce phé nomè ne à des actions physiques, à celle de l’aimant ou du courant é lectrique, puis on se dé cida à remarquer que des phé nomè nes psychologiques jouaient souvent un grand rô le dans sa production et alors, par une ré action violente, on le considé ra brutalement comme un fait de suggestion et on ne voulut plus s’en occuper.

 

À mon avis, ce passage d’un accident d’un cô té à l’autre n’est pas né cessairement et toujours le ré sultat d’une suggestion, il survient quelquefois à l’insu du sujet et de l’opé rateur, et cela trè s naturellement. C’est une application particuliè re d’une disposition trè s gé né rale chez l’hysté rique dont on observe mille autres applications; c’est une consé quence de la disposition aux é quivalences. L’hysté rie, en effet, est une maladie bien singuliè re dont on n’ose jamais affirmer la gué rison. Il est souvent facile de faire disparaî tre, par un procé dé psychologique quelconque, tel ou tel accident dé terminé. D’ailleurs, ces accidents disparaissent souvent tout seuls à la suite d’une é motion d’une secousse quelconque ou mê me sans raison; mais quand un accident a disparu, surtout quand il a disparu trop rapidement, il ne faut pas tout de suite chanter victoire. D’abord il y a bien des chances pour que le mê me accident ne tarde pas à ré apparaî tre, ensuite il arrive trè s souvent une chose é trange: c’est qu’un autre accident survient à sa place, en apparence tout à fait diffé rent. Une jeune fille de douze ans pré sentait des vomissements incoercibles qui l’avaient mise dans un é tat d’inanition trè s grave. Grâ ce à certaines excitations de la sensibilité pendant un é tat somnambulique, je puis la faire manger sans vomissements. Mais dè s ce moment cette jeune fille, jusque-là parfaitement intelligente, entre dans un é tat de confusion mentale et de dé lire, et il devient impossible de faire cesser ce dé lire sans que les vomissements recommencent. On observe bien d’autres faits identiques: celle-ci a des contractures aux membres, et quand les contractures disparaissent, elle pré sente des troubles mentaux; celle-là a de la toux hysté rique à la place des crises de sommeil. Un homme avait le pied contracturé en varus, il est gué ri par les pratiques un peu mysté rieuses d’un rebouteur qui l’é motionnent; le voici qui marche librement, mais il perd la voix pendant trois mois. Quand la voix revient, il a des accidents gastriques et des contractures abdominales. Dans un autre cas, les contractures du tronc cè dent et sont remplacé es par des phé nomè nes d’amaurose, etc. Les accidents semblent ê tre é quivalents et pouvoir porter d’un cô té ou d’un autre, pourvu qu’ils existent quelque part: on dirait que le sujet peut choisir, mais qu’il ne peut pas se passer d’un trouble localisé de quelque cô té. Si on comprend bien cette loi des é quivalences, on voit que le transfert du cô té droit au cô té gauche n’en est qu’un cas particulier. C’est mê me une forme particuliè rement simple d’é quivalence, car les sensations et les images des parties symé triques sont trè s semblables et peuvent trè s facilement se remplacer l’une par l’autre.

 

Sans doute, dans beaucoup de maladies de l’esprit on observe de l’instabilité, mais cette forme d’instabilité toute spé ciale qui remplace un accident pré cis par un autre aussi pré cis, en apparence tout à fait diffé rent, et cela brusquement et nettement, est encore quelque chose de bien caracté ristique. Je crois que c’est là une disposition gé né rale de l’esprit hysté rique qui le pousse à se porter tout entier d’un cô té en né gligeant le reste du corps et de l’esprit, puis à se porter dans son ensemble dans un autre sens en oubliant la premiè re direction. Cette disposition se rattache encore aux phé nomè nes pré cé dents de la suggestivité et de la distractivité et mé rite une place parmi les stigmates propres à l’hysté rie.

 

4. – Les stigmates communs
et les stigmates psychasté niques.

 

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La maladie hysté rique n’est pas absolument sé paré e des autres troubles mentaux, c’est une forme spé ciale qui rentre dans un groupe beaucoup plus considé rable et qui se distingue plus ou moins des autres formes de ce groupe: les malades que nous dé signons sous ce nom sont d’abord et avant tout des né vropathes, des individus dont le systè me nerveux central est affaibli, ils sont ensuite des hysté riques quand leur affaiblissement prend une forme particuliè re. Je dirai mê me qu’ils sont plus ou moins hysté riques suivant que leur maladie se pré cise plus ou moins dans ce sens dé terminé. Il en ré sulte qu’à cô té des stigmates proprement hysté riques ils ont des troubles gé né raux et vague à la fois psychologique et physiologiques qui appartiennent à tous les individus né vropathes. Ces troubles qui existent dans l’hysté rie existent aussi dans la né vrose psychasté nique et mê me quelquefois ils prennent dans cette né vrose plus d’importance: ce sont des stigmates communs qui existent chez tous les né vropathes et auxquels s’ajoutent les phé nomè nes mentaux qui caracté risent ensuite la maladie dans tel ou tel sens.

 

Je signalerai d’abord, à ce propos, certains sentiments qui jouent un rô le considé rable dans l’é volution de toutes les né vroses et qui dé terminent fré quemment le caractè re gé né ral de la conduite de ces malades. La plupart des malades, dè s le dé but de leurs troubles, se sentent faibles, se sentent mé contents d’eux-mê mes; ils ont l’impression plus ou moins juste que leurs actions, leurs sentiments, leurs idé es sont ré duits, sont incomplets, sont couverts par une sorte de voile, de brouillard. Aussi sont-ils perpé tuellement tourmenté s par un ennui vague et profond qu’ils ne peuvent surmonter. L’ennui est le grand stigmate de tous les né vropathes: il ne faut pas croire qu’il dé pende du milieu exté rieur, le né vropathe s’ennuie partout et toujours car aucune impression ne dé termine chez lui des pensé es vives qui le rendent satisfait de lui-mê me.

 

Ces sentiments gé né raux de mé contentement, ces sentiments d’incomplé tude, comme je l’ai baptisé s ailleurs [54], inspirent presque toujours au malade une attitude et une conduite particuliè res. Ou bien il se laisse aller avec un air gé missant, ou bien il cherche partout quelque chose qui puisse le tirer de cet é tat pé nible. Or, il n’a à sa disposition que trè s peu de moyens pour s’exciter: ou bien il usera des procé dé s d’excitations physiques ou moraux dont il peut se servir lui-mê me, les boissons alcooliques, la nourriture excessive, la marche, les sauts, les cris, ou bien il fera appel aux autres hommes et ré clamera sans cesse qu’on l’excite, qu’on le remonte par les encouragements, les é loges, et surtout par le dé vouement et par l’amour. Ces gens-là seront à la fois gé missants et agité s, ils vont commettre toutes sortes d’excentricité s, parce que l’excentricité excite et parce qu’elle attire l’attention sur eux. Il leur faut attirer l’attention sur eux pour qu’on s’occupe d’eux, qu’on leur parle, qu’on leur fasse des é loges et surtout qu’on les aime. Ce besoin existe chez les hysté riques trè s fortement, au moins dans certains cas, mais ce n’est pas du tout un stigmate propre, il existe tout autant chez les psychasté niques. Les manies amoureuses des douteurs et des obsé dé s, leurs jalousies, leurs ambitions pué riles sont souvent beaucoup plus caracté ristiques et surtout plus durables que les mê mes phé nomè nes ne sont chez l’hysté rique.

 

À cô té de ces sentiments d’incomplé tude et peut-ê tre comme une justification de ces sentiments, nous devrions dé crire chez tous les né vropathes d’innombrables dé faillances de toutes les fonctions mentales. On note dans l’intelligence une certaine vivacité apparente associé e avec un é tat fondamental de paresse et surtout de rê verie. Ces malades ne font attention à rien, ne soutiennent que trè s peu de temps un travail mental et la plupart des né vroses dé butent chez les jeunes gens par la cessation des é tudes et par l’incapacité complè te d’appren­dre quelque chose. En effet, cette incapacité d’attention amè ne comme consé quence l’absence de mé moire. Tandis que les souvenirs anciens relatifs à des pé riodes de la vie anté rieures à la maladies sont bien conservé s et sont mê me reproduits avec un automatisme exagé ré, les é vè nements ré cents ne se fixent plus dans l’esprit et passent sans laisser de traces. C’est un trouble de la mé moire que j’ai dé crit sous le nom d’amné sie continue, il est fré quent chez les hysté riques, mais il ne leur est pas propre et on doit le considé rer comme un stigmate commun.

 

On trouve les mê mes alté rations dans les sentiments qui sont modifié s et surtout affaiblis: les sujets qui paraissent si é motionnables ne sentent en ré alité rien vivement. Ils sont indiffé rents à tous les sentiments nouveaux et se bornent à reproduire avec une exagé ration automatique quelques sentiments anciens, toujours les mê mes. Leurs é motions qui semblent si violentes ne sont pas justes, c’est-à -dire qu’elles ne sont pas en rapport avec l’é vé nement qui semble les provoquer. Ce sont toujours les mê mes cris, les mê mes dé clamations, qu’ils s’agisse d’une surprise, d’un é vé nement heureux ou d’un é vé nement malheureux.

 

Enfin nous retrouvons à l’é tat de germe ces troubles de la volonté qui ont joué un si grand rô le dans tous les accidents des psychasté niques. En dehors de leurs phobies, leur sentiment d’incomplé tude, ces malades ont perpé tuellement des troubles de leur activité volontaire. Ils ne savent plus se dé cider à rien, ils hé sitent indé finiment devant la moindre des choses. Je crois qu’ils ne savent mê me plus se dé cider à dormir et que dans bien des cas leur insomnie si grave est un phé nomè ne de l’aboulie. Bien entendu ce sont surtout les actions nouvelles qui leur sont difficiles et pendant longtemps ils continuent des actions anciennes sans pouvoir s’arrê ter. Mê me quand leur action est dé cidé e, elle se fait trè s lentement: la lenteur de ces personnes pour se lever du lit, pour s’habiller est tout à fait classique, il leur faut des heures pour savoir s’ils sont ré veillé s ou non; ils aiment à fractionner les actes, ils emploient une premiè re journé e à chercher du papier à lettres, une seconde à prendre une enveloppe et peut-ê tre qu’en huit jours ils é criront une lettre. Cette conduite amè ne une consé quence iné vitable: c’est qu’ils n’arrivent jamais à rien en mê me temps que les autres, au moment où il le faudrait, qu’ils sont perpé tuellement en retard. Leurs efforts sont d’une grande faiblesse et ils abandonnent l’action commencé e pour le moindre pré texte. Dè s qu’ils ont fait le moindre effort, ils se sentent horriblement fatigué s, é puisé s: « c’est un manteau de fatigue qui tombe sur moi » et ils n’ont pas le courage de persé vé rer. Aussi n’achè vent-ils jamais ce qu’ils ont commencé et sont-ils dé goû té s de tout avant la fin. Cette faiblesse se montre é galement dans leur faculté de ré sistance, ils ne savent ni lutter, ni se dé fendre contre ceux qui les tourmentent: souvent ce genre de caractè re se manifeste dans l’enfance, ces individus sont trè s malheureux dans les internats et ils deviennent les victimes, les souffre-douleurs de tous leurs camarades. Ces phé nomè nes d’aboulie se retrouvent chez tous les né vropathes; ils se mé langent avec la suggestibilité, la distractivité des hysté riques; ils existent d’une maniè re plus isolé e chez les psychasté niques. On peut dire que joint au sentiment d’ennui, à la faiblesse de l’attention et de la croyance, ils constituent les stigmates communs des né vropathes comme les caractè res pré cé dents constituaient les stigmates propres de l’hysté rie.


 

 

Deuxiè me partie. Les é tats né vropathiques

 

Chapitre III

 

L’é tat mental hysté rique.

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Dans cette revue rapide des troubles né vropathiques qui peuvent atteindre les diverses fonctions, j’ai toujours mis en parallè le deux caté gories de troubles qui me paraissent mé riter d’ê tre distingué s, les troubles proprement hysté riques et les troubles psychasté niques de la mê me fonction.

 

Arrivé au terme de cette é tude, il me semble inté ressant de ré unir ce qui appartient à chacune de ces né vroses et les distinguer l’une de l’autre. Je chercherai donc dans ce chapitre à ré sumer les caractè res les plus importants de la premiè re de ces né vroses, de l’hysté rie, caractè res qui se retrouvent à peu prè s les mê mes dans les divers accidents hysté riques et qui donnent quelque unité à cette maladie.


 

 

1. - Ré sumé des symptô mes
propres à l’hysté rie.

 

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Pour faire cette é tude, il est bien é vident qu’il ne faut pas insister sur des symptô mes rares et douteux dont l’existence est encore controversé e, et qu’il ne faut parler que des phé nomè nes simples, d’une grande banalité, qui ont toujours é té considé ré s comme hysté riques. Il ne faut pas non plus choisir arbitrairement certains faits que l’on considé rait comme hysté riques à l’exclusion des autres: ainsi la conception ré cente de M. Bernheim, qui voudrait limiter l’hysté rie à la seule attaque é motionnelle, me paraî t tout à fait arbitraire.

 

Certains symptô mes, assez nombreux, sont cliniquement des phé nomè nes hysté riques, et cela depuis fort longtemps, parce qu’ils coexistent chez les mê mes malades, parce qu’ils alternent les uns avec les autres, qu’ils ont la mê me origine et souvent la mê me terminaison. Il reste à justifier ce groupement purement clinique en constatant que ces phé nomè nes ont les mê mes caractè res fondamentaux. Mais il faut prendre comme point de dé part ces donné es de l’observation clinique et ne pas leur substituer des hypothè se pré maturé es et toujours douteuses sur la nature inconnue de la maladie.

 

C’est en suivant cette mé thode que j’ai mis au premier rang un certain dé lire observé depuis les temps les plus anciens et devenu mê me populaire, les idé es fixes à forme somnambulique. Ce dé lire est, à mon avis, extrê mement original: il rentre bien dans les maladies mentales; mais, dans toute la pathologie mentale, je ne crois pas que l’on puisse trouver un dé lire semblable, qui ait les mê mes caractè res et qui puisse ê tre confondu avec celui-ci. D’abord, ce dé lire est extrê me, il s’accompagne d’une conviction intense que l’on retrouve bien rarement; il dé termine une foule d’actions, et, si je ne me trompe, amè ne quelquefois de vé ritables crimes. Il donne naissance à un foule d’hallucinations de tous les sens, extrê mement remarquables. Le dé veloppement de ce dé lire est é tonnamment ré gulier: la scè ne de la crucifixion ou la scè ne du viol se ré pè tent cent fois de suite exactement, avec les mê mes gestes, les mê mes mots au mê me moment. D’autres caractè res, en quelque sorte né gatifs, sont plus curieux encore: pendant le dé veloppement de son dé lire, le sujet, non seulement ne croit rien, n’accepte rien qui soit en opposition avec son idé e dominante, comme on le voit dans les dé lires systé matiques, mais il ne voit mê me rien, n’entend rien en dehors du systè me d’images de son idé e: « Ses yeux sont ouverts, mais ils ne voient rien », disait dé jà le mé decin de lady Macbeth. Quand le dé lire se termine, le sujet revient à la vie normale et semble avoir complè tement oublié ce qui vient de se passer. Dans bien des cas, comme j’ai essayé de le montrer, cette amné sie est plus complè te encore: elle s’é tend non seulement sur la pé riode remplie par le dé lire, mais encore sur l’idé e mê me qui a rempli le dé lire et sur tous les é vé nements pré cé dents où cette idé e a é té mê lé e. Sans doute, cette amné sie, comme cette anesthé sie, a des caractè res é tranges: elle n’est ni dé finitive, ni bien profonde, mais elle n’en est pas moins trè s ré elle; elle n’est ni inventé e, ni voulue par le sujet qui a l’idé e fixe de l’é vé nement auquel il pense dans son dé lire, mais qui n’a aucunement l’idé e de tous ces caractè res du dé lire, qui se reproduisent cependant, depuis des siè cles, dans les pays les plus divers.

 

En ré sumé, ce premier grand symptô me de l’hysté rie pourrait se caracté riser ainsi: c’est une idé e, un systè me d’images et de mouvement qui é chappe au contrô le et mê me à la connaissance de l’ensem­ble des autres systè mes constituant la personnalité.  D’un cô té, il y a dé veloppement exagé ré, ré guliè rement dé terminé, de cette idé e é mancipé e; de l’autre, il y a lacune, amné sie ou inconscience particuliè re, dans la conscience personnelle.

 

Considé rons un phé nomè ne trè s voisin de l’idé e, le langage: dans bien des cas, nous voyons des crises singuliè res de logorrhé e dans lesquelles le sujet parle indé finiment, à tort et à travers, de toute espè ce de chose sans pouvoir s’arrê ter. Ces crises de langage, qui peuvent porter sur la parole ou sur l’é criture, ont revê tu bien des formes. On retrouve ici la mê me exagé ration, la mê me ré gularité que dans les crises d’idé es fixes: on y retrouve les mê mes caractè res né gatifs, le sujet ne peut plus arrê ter sa parole; mais, ce qui est le plus curieux, il ne peut plus non plus la produire volontairement. À mon avis, les phé nomè nes de mutisme hysté riques doivent ê tre é troitement rapproché s des cas de parole et d’é criture automatique dont ils ne sont que la contre-partie. Le malade n’a plus la libre disposition de la fonction du langage; dè s qu’il fait attention, dè s qu’il sent qu’il va parler, il ne peut plus dire un mot. Cependant, le langage existe encore, il se produit complè tement dans des crises, dans des rê ves du sommeil normal, dans des somnambulismes. Le langage existe en dehors de la conscience personnelle, il n’existe plus en mê me temps que cette conscience.



  

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