Хелпикс

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DEUXIÈME PARTIE 7 страница



 

C’est ce que l’on vé rifie par l’examen des diffé rentes formes de cette timidité. La timidité fait le grand malheur de ces personnes: elles ont un sentiment qui les pousse à dé sirer l’affection, à se faire diriger, à confier leurs tourments, et elles n’arrivent pas à pouvoir se montrer aimables, à pouvoir mê me parler. Ce sont tous des « ren­fermé s » qui sentent beaucoup, mais qui n’arrivent pas à exprimer. Il en ré sulte encore une contradiction: ces personnes sont poursuivies par le besoin d’ê tre aimé es et d’aimer, elles ne songent qu’à se faire des amis; d’autre part, elles mé ritent l’affection, extrê mement honnê tes, ayant une peur horrible de froisser quelqu’un, n’ayant aucune ré sistance et disposé es à cé der sur tous les points, ne devraient-elles pas obtenir trè s facilement les amitié s qu’elles recherchent? Eh bien? en ré alité, ces individus sont sans amis: ce sont des isolé s qui ne rencontrent de sympathie nulle part et qui souffrent cruellement de leur isolement. Comment comprendre cette contradiction? C’est que pour se faire des amis, il faut agir, parler surtout et le faire à propos. Pour attirer l’attention des gens et se faire comprendre d’eux, il faut saisir le moment où ils doivent vous é couter, dire et faire à ce moment ce qui peut le mieux nous faire valoir. Or, nos scrupuleux sont incapables de saisir une telle occasion; comme J. J Rousseau, ils trouvent dans l’escalier le mot qu’il aurait fallu dire au salon. Ont-ils l’idé e, ils ne se dé cident pas à l’exprimer ou ne l’expriment que s’il sont seuls, quand tout le monde est parti. Pour que quelqu’un s’inté resse à eux, il faut qu’il les devine, qu’il fasse tous les efforts pour les mettre à l’aise, pour leur faciliter l’expression. Alors, ils s’accrocheront à lui avec passion et prendront des affections folles et dangereuses. Beaucoup de troubles de leurs sentiments, de leur caractè re dé pendent au fond de cette incapacité de l’action sociale et surtout de cette incapacité de la parole, qui est bien chez eux un trouble aussi important que le mutisme chez l’hysté rique [16].


 

 

5. - Les caractè res psychologiques
des troubles né vropathiques du langage.

 

 

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Quel que soit l’inté rê t des remarques pré cé dentes, on é prouve quelque peine à rapprocher ces phobies, ces gê nes du langage du vé ritable mutisme qui semble ê tre quelque chose de plus, puisqu’il est la suppression du langage lui-mê me. Il faut ré pé ter ici ce que nous avons dé jà montré à propos de plusieurs phé nomè nes hysté riques.

 

Peut-on dire que dans le mutisme pré cé dent la fonction de la parole soit dé truite? Cela est bien invraisemblable, si on considè re les circonstances dans lesquelles ces accidents se produisent. Le sujet perd la parole subitement aprè s une é motion, quelquefois trè s lé gè re, quand il a entendu le bruit d’un objet qui tombe sur une vé randa, quand il a eu peur d’un ivrogne qui passe à cô té de lui. Comment ces petites é motions ont-elles pu tout d’un coup produire un si gros dommage dans l’organisme? Cela est d’autant plus surprenant que nous ne voyons aucune trace laissé e par ce grand dé sordre. Il n’y a aucune paralysie, au moins dans les cas typiques; mais ce qui est plus é trange encore, il n’y a à peu prè s aucun trouble intellectuel. On sait que l’aphasie proprement dite s’accompagne d’une sorte d’é tat dé mentiel et cela se comprend trè s bien, si on songe au rô le considé rable du langage dans la pensé e. Aussi il est bien é trange qu’un individu ait subitement perdu toute espè ce de parole et qu’il continue à penser aussi clairement qu’auparavant! Enfin cet accident disparaî t comme il est venu; depuis le fils de Cré sus qui gué rit de son mutisme en criant: « Soldat, ne tue pas Cré sus! » on voit une foule de ces malades qui gué rissent tout d’un coup par une colè re, par un é clat de rire, par une surprise. Il faut que la fonction du langage ne soit guè re compromise pour qu’elle ré apparaisse aussi facilement.

 

D’autres faits sont plus curieux encore: pendant la pé riode mê me du mutisme la parole ré apparaî t de temps en temps dans certaines conditions anormales. Depuis longtemps, on a observé que ces sujets muets toute la journé e parlent tout haut dans leurs rê ves. S’ils ont des crises dé lirantes, des idé es fixes à forme somnambulique, ils se mettent à parler trè s librement pendant ces somnambulismes, et mê me, ce qui est remarquable, dans quelques-unes de ces crises ils parlent é normé ment. En effet, et c’est une observation clinique trè s instructive, les deux phé nomè nes hysté riques que nous venons de dé crire, l’agitation verbale et le mutisme, sont loin d’ê tre opposé s l’un à l’autre; ils sont au contraire é troitement associé s. Dans un grand nombre d’observations j’ai pu montrer que ces sujets qui ont des crises d’agitation verbale, qui bavardent pendant des heures entiè res, sont souvent muets au ré veil de leurs crises. On ne peut expliquer ce mutisme par la fatigue, car aprè s une interruption momentané e, ils retombent en crise et recommencent leurs bavardages. Les deux troubles é voluent parallè lement l’un dans la veille, l’autre dans l’é tat anormal.

 

Enfin, on peut chez quelques malades reproduire des expé riences inté ressantes; on peut faire naî tre des é tats anormaux qui ne laissent pas de souvenirs conscients et dans lesquels on retrouvera la parole intacte; on peut distraire le sujet, diriger son attention sur autre chose et à ce moment exciter sa parole, sans qu’il la surveille, sans qu’il la sente. Cet individu est muet s’il cherche à parler consciemment, en sachant ce qu’il dit; il n’est pas muet, quand il parle par distraction sans savoir qu’il le fait.

 

Ces observations soulè vent bien des problè mes, mais comme ce sont toujours les mê mes questions à propos de tous les symptô mes hysté riques, il faudra ré unir leur discussion. Pour le moment nous nous bornons à les ré sumer en disant que la fonction du langage se comporte exactement de la mê me maniè re que les idé es fixes à forme somnambulique ou mé dianimique. Le systè me d’image, qui composait l’idé e fixe se dé veloppait avec exagé ration en dehors de la conscience, mais n’existait plus dans la conscience personnelle du sujet qui pré sentait une lacune, une amné sie à ce propos. Il en est exactement de mê me pour la fonction du langage. D’ailleurs, y a-t-il une grande diffé rence entre une fonction et une idé e? La fonction est comme l’idé e un systè me d’images associé es é troitement les unes avec les autres, de maniè re à pouvoir s’é voquer l’une l’autre. La seule diffé rence, c’est qu’une fonction comme celle du langage est un systè me beaucoup plus considé rable que celui d’une idé e, elle contient des milliers de termes au lieu du petit nombre des images que nous avions ré unies dans le polygone constitutif d’une idé e. La seconde diffé rence capitale c’est qu’une idé e est un systè me ré cent que nous avons formé dans le cours de notre vie, tandis que la fonction est un vaste systè me é tabli autrefois par nos ancê tres. Une idé e est une fonction qui commence, une fonction est une idé e de nos ancê tres qui a vieilli. Il en ré sulte sans doute qu’il est plus difficile de perdre une fonction que de perdre une idé e et c’est pourquoi les accidents hysté riques les plus fré quents et les plus é lé mentaires sont des troubles des idé es. Mais cette difficulté n’a rien d’absolu et les mê mes troubles qui s’appliquaient aux idé es peuvent s’appliquer aux fonctions. Aussi l’agitation verbale et le mutisme nous semblent pré senter les mê mes caractè res que l’idé e fixe et l’amné sie: les chose se passent comme si la fonction du langage cessait d’ê tre à la disposition de la conscience personnelle qui ne sait plus ni l’arrê ter ni la provoquer. La fonction du langage subsiste, mais elle est simplement diminué e en ce sens qu’elle n’est plus consciente ni personnelle.

 

Dans ce cas, ces troubles hysté riques du langage ne sont plus aussi diffé rents qu’ils semblaient l’ê tre des troubles psychasté niques. Ceux-ci ne consistaient pas non plus en une suppression complè te de la fonction du langage; mais chez ces malades la fonction du langage é tait ré duite, diminué e, elle ne pouvait plus s’exercer dans les conditions difficiles, elle cessait d’ê tre possible quand elle devait ê tre sociale, elle ne pouvait plus ê tre utilisé e à propos, elle n’é tait plus à la disposition de la volonté et de la liberté su sujet. C’est une diminution d’une autre nature, mais analogue dans ses grands traits à l’alté ration hysté rique.


 

 

Premiè re partie. Les symptô me né vropathiques

 

Chapitre IV

 

Les choré es et les tics.

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Il est bien rare que les idé es fixes se dé veloppent d’une maniè re simple, sans se compliquer de phé nomè nes é trangers. On a dé jà vu que bien souvent une agitation de la parole pouvait s’y surajouter et qu’elle é tait quelquefois assez considé rable pour constituer un accident par elle-mê me. Il en est de mê me pour des phé nomè nes de mouvement des membres. Dans les cas les plus simples, le sujet ne fait ces mouvements qu’en rapport avec son idé e, de maniè re à l’exprimer complè tement, à la jouer. Mais le plus souvent il pré sente en mê me temps une agitation en apparence dé sordonné e et il exé cute une foule de mouvements que l’on baptise d’ordinaire du nom de convulsions et qui peuvent se rattacher à bien des formes diffé rentes. Ces mouvements exagé ré s inutiles, sans aucun rapport avec les circonstances exté rieures, peuvent se rencontrer dans d’autres circonstances: ils apparaissent souvent en dehors des crises, quand le sujet conserve toute sa conscience, ils peuvent alors se prolonger pendant un temps trè s long et gê ner considé rablement l’exé cution des actions normales. On les dé signe alors le plus souvent sous le nom de choré e. Nous aurons à voir si, chez les malades hysté riques, il y a une diffé rence sé rieuse entre les agitations de la crise, les pré tendues convulsions et les choré es proprement dites. Les psychasté niques n’ont pas des convulsions tout à fait identiques; ils ne paraissent pas se remuer irré guliè rement sans en avoir conscience, mais ils ont pendant de trè s longues pé riodes des mouvements involontaire qui semblent s’imposer à eux et qui dé rangent é galement toute leur activité : ce sont des tics, qui peuvent se grouper en grand nombre pendant certaines pé riodes de grande agitation. On peut ré unir tous ces phé nomè nes sous le nom d’agitation motrice des né vropathes. Nous avons dé jà vu des pensé es inutiles, pé nibles ou dangereuses se dé velopper à la place des pensé es naturelles et constituer une agitation mentale; nous avons constaté é galement qu’il y a une agitation du langage qui s’accompagne souvent d’une impuissance de la parole normale; il y a de mê me une agitation du mouvement qui substitue à l’activité utile et qui joue un rô le considé rable dans les dé sordres de l’action que nous considé rerons dans le prochain chapitre.

 

 

1. - Les choré es hysté riques.

 

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Pour bien comprendre ces agitations motrices, il est important de mettre au premier rang un phé nomè ne tout à fait typique beaucoup é tudié autrefois, un peu trop laissé de cô té aujourd’hui: la choré e rythmé e, ou la choré e systé matique des hysté riques. Dè s le xive siè cle on avait remarqué et dé crit des é pidé mies singuliè res qui sé vissaient souvent sur les communauté s ou sur les couvents; on les appelait le flé au de la danse (Tanzplage) ou bien l’epilepsia saltatoria. Plus tard on dé signa ce phé nomè ne sous le nom de choré omanie é pidé mique. Un grand nombre de personnes se laissaient aller à des danses, à des sauts, à des contorsions bizarres qui se ré pé taient indé finiment. Ces é pidé mies ont diminué aujourd’hui dans nos contré es et, chose singuliè re, elles ne sé vissent plus guè re que sur des enfants ou des adolescents, dans des pensionnats ou des ateliers. C’est qu’avec les progrè s de la pensé e humaine, le temps n’est plus favorable aux dé monopathies des adultes.

 

Cependant des é pidé mies de ce genre existent encore dans des ré gions moins civilisé es. Je voudrais rappeler à ce propos une description curieuse d’un mé decin de Madagascar, G. Ramisirez Ramenengena, qui raconte avoir observé chez les Malgaches des crises singuliè res dé terminé es par certaines é motions religieuse. Les individus se mettent à danser avec un balancement monotone qui devient de plus en plus rapide, jusqu’à ce qu’ils tombent par terre absolument é puisé s. Les grandes é pidé mies du moyen â ge pourraient donc se retrouver aujourd’hui chez d’autres populations qui ont conservé un é tat mental analogue à celui qui existait partout autrefois.

 

Aujourd’hui, dans les ré gions civilisé es de l’Europe, on ne constate plus guè re les attaques de spasme rythmique que chez des individus isolé s. Il n’est pas difficile de dé montrer l’identité de ces accidents hysté riques isolé s et des phé nomè nes qui se dé veloppaient dans les anciennes é pidé mies de danses et de sauts. Cette dé monstration é tait dé jà faite autrefois par Germain Sé e, en 1850, et par Briquet, en 1859. Ces auteurs ont vulgarisé le mot de choré e rythmé e ou rythmique, par lequel on dé signe aujourd’hui ces phé nomè nes: « On dé signe sous le nom de spasme rythmique des mouvements gé né ralement brusques qui se ré pè tent à des intervalles sensiblement é gaux, qui se reproduisent ré guliè rement pendant un temps souvent fort long, avec une cadence uniforme ».

 

Des mouvements de ce genre sont extrê mement nombreux et il me paraî t impossible d’en fixer le nombre. M. Bechterew, en 1901, dé crivait dix-sept formes de ces mouvements: flexion du tronc de divers cô té s, moulinet des bras et des jambes, mouvement pendulaire du bras, mouvement alternatif d’é lé vation de l’une ou de l’autre é paule, mouvement de balancier des omoplates, etc. Mais cette liste est forcé ment incomplè te, car la choré e rythmé e peut imiter toutes les actions, tous les mouvements professionnels, ou mê me tous les mouvements des clowns. Certains sujets, montrent une telle habileté dans ces culbutes et ces grimpades qu’on pourrait les montrer dans les cirques. Il n’y a donc pas de raison pour limiter cette liste à tel ou tel mouvement; elle pourrait ê tre interminable, et il suffit d’indiquer quelques exemples de ces choré es rythmé es.

 

Dans un groupe de cas, les mouvements sont expressifs; ils rappellent nettement une action que le sujet semble vouloir faire ou bien ils manifestent un é tat é motif. Ma…, qui, dans ses crises dé lirantes, raconte un attentat de son beau-pè re, pré sente, soit au mê me moment, soit pendant la veille en apparence la plus normale, un trouble du mouvement bien caracté ristique; elle se soulè ve à demi, tourne la tê te du cô té droit, ouvre les yeux avec un air de fureur et lance deux coups de poing de ce cô té, puis elle retombe sur son lit. Un instant aprè s elle recommence, et j’ai compté ces gestes quatre-vingt fois de suite. X…, jeune homme de vingt-deux ans, a é té accusé pendant son service militaire et a dû passer devant le conseil de guerre. Il a essayé de se dé fendre de son mieux en niant l’accusation, mais il a é té fortement bouleversé par cette é motion. Depuis il conserve un mouvement de balancement ou de secousse de la tê te, qui se porte brusquement du cô té droit au cô té gauche; il semble faire le geste de dire « non » en secouant la tê te, mais il ré pè te ce geste d’une maniè re incessante jusqu’à é tourdir vé ritablement ceux qui le regardent. Dans bien des cas des malades ont é té effrayé s par un é vé nement qui s’est passé prè s d’eux: une femme a entendu un coup de tonnerre à sa gauche; une autre a vu un ivrogne à sa droite: elles conservent un mouvement singulier en rapport avec cette é motion. Tantô t elles tournent la tê te du cô té où l’é vé nement s’est passé; tantô t, au contraire, elles ont une secousse pour fuir du cô té opposé. De tels mouvements sont trè s nombreux et trè s varié s.

 

Dans un deuxiè me groupe, on pourrait placer les choré es professionnelles. Le sujet conserve un mouvement mallé atoire de son bras comme s’il frappait à coups de marteau, ou remue ré guliè rement son bras comme s’il essuyait, comme s’il frottait indé finiment quelque chose, comme s’il battait du tambour. M… a ainsi le mouvement de va-et-vient, tantô t du bras gauche, tantô t du bras droit, comme si elle repassait du linge, comme si elle le pliait; d’autres conservent le mouvement de jouer du violon. Je ré pè te souvent une observation singuliè re qui m’a beaucoup frappé autrefois. Une jeune fille de seize ans avait un singulier mé tier, qui consistait à faire des yeux de poupé es, et, à la suite d’une é motion sur laquelle nous reviendrons, elle eut une choré e bizarre du cô té droit: son poignet tournait indé finiment, com­me s’il actionnait une manivelle et son pied faisait sans cesse un mouvement de pé dale [17].

 

D’autres mouvements sont des mouvements d’imitation qui reproduisent une scè ne ou une attitude plus ou moins é motionnante. P…, un enfant de douze ans, a é té si impressionné par un clown qu’il a vu à la foire que pendant quatre ans il a eu des accè s pendant lesquels il s’efforç ait de reproduire les mouvements et grimaces de ce personnage. Le…, femme de vingt-sept ans, a é té à la salle des morts d’un hô pital pour reconnaî tre le cadavre d’un de ses parents, mort du té tanos. On lui a dé crit la maladie, et en particulier les spasmes de la nuque en arriè re. Elle pré senta, à la suite de cette visite, des secousses rythmé es de la nuque en arriè re, qui n’ont cé dé qu’à un traitement suggestif. C’est d’ailleurs ainsi que se forment les é pidé mies de choré e rythmé e dans les é coles. On peut rechercher l’origine du mouvement chez le premier malade; mais il n’y a plus chez les autres qu’une imitation avec plus ou moins de dé formation, ce qui rend souvent difficile l’interpré tation du mouvement. Enfin bien souvent il y a des cas complexes où se mé langent les secousses é motives, les mouvements professionnels, les mouvements imité s, ou mê me des mouvements bizarres que le sujet se sent obligé de faire, simplement parce qu’ils sont grotesques.

 

C’est là ce qui produit ces agitations confuses qui existent quelquefois pendant la veille, plus souvent pendant la crise. Ce qu’on appelle communé ment la crise d’hysté rie est un ensemble de contorsions, de mouvements dé sordonné s qui rappellent toutes sortes d’é motions et toutes sorte d’actions, qui se produisent quelquefois avec un certain rythme pendant une pé riode dé terminé e, et quelquefois d’une maniè re constamment irré guliè re. Certaines attitudes sont considé ré es comme caracté ristiques: les malades se raidissent dans une extension forcé e qu’elles cherchent à exagé rer encore en renversant la tê te en arriè re, en creusant le dos, en soulevant le ventre; elles ne portent plus sur le lit que la tê te et les pieds; elles font le pont, suivant l’expression consacré e. Autrefois on attachait une grande importance à ce geste de l’hysté rique qui fait le pont; on y voyait un symptô me caracté ristique au point de vue du diagnostic et on le considé rait souvent comme une manifestation é rotique. Tout cela me paraî t un peu exagé ré : d’abord ce geste est moins fré quent qu’on ne le croit dans l’hysté rie, quand il n’y a pas de circonstances qui favorisent l’imitation mutuelle; il peut exister dans d’autres né vroses et on le retrouve quelquefois dans les contorsions des psychasté nique. Il n’est pas né cessairement une manifestation é rotique: dans bien des cas il ré sulte tout simplement une expression de cette agitation motrice dont nous aurons à rechercher l’origine. D’ailleurs, mê lé es avec ce mouvement, se pré sentent bien d’autres contorsions: la tê te s’agite de cô té et d’autre, les yeux s’ouvrent et se ferment, la bouche grimace; tantô t les malades serrent les dents, mais le plus souvent sans se mordre la langue, comme l’é pileptique; tantô t elles ouvrent la bouche et poussent des cris aigus de toute tonalité. Les bras s’agitent en tous sens, ré pè tent quelques-unes des choré es pré cé dentes ou bien frappent au hasard sur les objets environnants ou sur la poitrine de la malade. Les poings se ferment et s’ouvrent alternativement. Les jambes s’é tendent et se flé chissent, en un mot toutes sortes de mouvements se font sans grande signification.

 

On voit par la description de la crise pré cé dente que les agitations hysté riques ne sont pas toujours rythmé es, comme dans les cas tout à fait simples signalé s au dé but. Cette agitation arythmique peut se prolonger en dehors des crises, mê me pendant que le sujet semble avoir toute sa conscience. Il y eut autrefois de grandes discussions sur cette choré e arythmique que l’on ne voulait pas rattacher à l’hysté rie, mais qui semblait ê tre un accident de la choré e banale, de la choré e de Sydenham. On a dû constater que dans bien des cas la choré e arythmique se dé veloppait aprè s la puberté, ce qui est bien rare pour la choré e de Sydenham, et qu’elle avait tous les caractè res et toute l’é volution d’un phé nomè ne hysté rique. Une jeune fille de dix-huit ans se mit en colè re pendant qu’elle jouait au croquet avec ses camarades: il en ré sulta d’abord une crise hysté rique de la forme pré cé dente, puis, quand elle revint à elle, elle conserva pendant la veille une partie des mouvements de la crise, des grimaces et des secousses irré guliè res qui se sont prolongé es pendant plus de deux ans, en mê me temps que bien d’autres phé nomè nes plus caracté ristiques de la né vrose. Ces agitations irré guliè res ne doivent ê tre ajouté es à la choré e rythmé e proprement dite.

 

 

2. - Les tics des psychasté niques.

 

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Les obsessions, les manies du langage s’accompagnaient dé jà de quelques mouvements, mais ceux-ci é taient en ré alité peu de chose et la principale dé pense de force se faisait dans les phé nomè nes de la pensé e. Au contraire, chez les mê mes malades, on observe des troubles surtout moteurs où une sorte d’agitation semble se dé penser en mouvements accompagné s d’une somme de pensé e assez minime. Les plus nombreux de ces mouvements sont systé matiques et ce sont ceux que l’on dé signe sous le nom de tics.

 

L’é tude de ce phé nomè ne est relativement ré cente; il é tait autrefois confondu vaguement avec les convulsions et les spasmes; mais en raison de l’inté rê t qui s’attache aujourd’hui aux é tudes de psychologie pathologique, le tic a é té l’objet de beaucoup de recherches ré centes qui ont au moins pré cisé le problè me. Autrefois Trousseau caracté risait le tic « par des contactions rapides gé né ralement limité es à un petit nombre de muscles, habituellement aux muscles de la face, mais pouvant affecter d’autres muscles du cou, du tronc ou des membres ». En somme il ne parlait que la petitesse et de la rapidité du mouvement: quelques secousses d’é pilepsie partielle pouvaient ê tre ainsi confondues avec des tics. L’auteur qui a le plus contribué à distinguer cliniquement le tic des phé nomè nes convulsifs voisins est M. Brissaud. À la brusquerie, à la petitesse il a ajouté ce caractè re dé jà indiqué par Charcot, mais qu’il mit beaucoup plus en é vidence, la systé matisation. Le spasme, qui ré sulte de l’irritation d’un point de l’arc ré flexe, siè ge soit dans un seul muscle, soit dans le groupe de muscles innervé par un mê me nerf. Ainsi on voit des spasmes du facial dé terminé s par un petit foyer hé morragique sur le pied de la deuxiè me frontale, centre du facial, par un ané vrisme de l’artè re cé ré brale au-devant du tronc du facial, ou par des fibrolipomes inté ressant ce nerf. Au contraire, dans les tics on observe des mouvements complexes dans plusieurs muscles dé pendant de plusieurs nerfs: il y a non seulement le spasme palpé bral, les mouvements de la langue, les grimaces de la bouche, mais encore, en mê me temps, des troubles respiratoires, des bruits laryngé s, etc. Ce mouvement complexe dé pend du facial, de l’hypoglosse, du phré nique; il y a là une coordination qui ne peut se comprendre que par l’intervention de l’é corce cé ré brale. « Les tics, disait Charcot, reproduisent en les exagé rant certains mouvements complexes d’ordre physiologique appliqué s à un but. Ce sont, en quelque sorte, des caricatures d’actes, de gestes naturels ».

 

Ce caractè re du tic se retrouve dans tous les cas: les tics des paupiè res, par exemple, les battements, les clignotements sont analogues aux actes dé terminé s par un corps é tranger dans l’œ il, par une trop vive lumiè re. Les tics du nez, reniflements, battements, froncements des narines, souffles divers correspondent aux actes suivants: aspiration ou souffles justifié par un encombrement passager des voies nasales, dilatation des narines pour é viter la gê ne ou la cuisson d’une petite plaie. Les tics de la bouche, des lè vres, de la langue, les moues, les succions, les mordillages, les pincements, les rictus, les mâ chonnements, les dé glutitions, etc., correspondent aux mouvements pour enlever une pellicule dans la gerç ure des lè vres, pour remuer une dent qui branle, pour tâ ter un endroit de la bouche, etc. Dans les tics de la tê te, secousses, hochements, on retrouve comme actes correspondants les dé placements, les redressements du chapeau, les mouvements pour se dé barrasser de la gê ne produite par les faux cols, par un vê tement, etc. Dans les tics du cou, dans le torticolis mental, les mouvement correspondant est un effort pour é viter la douleur d’une fluxion dentaire, pour diminuer une douleur musculaire, pour é viter un courant d’air et proté ger le cou en relevant les vê tements, pour dissimuler une tristesse, pour regarder dans la rue, etc. Dans les tic de l’é paule, on retrouvera le geste du colporteur, dé crit par M. Grasset, geste de charger un ballot sur son é paule et beaucoup de gestes professionnels du mê me genre. Dans les tics du pied, tels que ceux que j’ai dé crit, on retrouvera des marches ou des sauts bizarres, des claudications dé terminé es par la douleur d’un corps, les ré tractions des orteils dans une chaussure trop courte etc.



  

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