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DEUXIÈME PARTIE 3 страница



 

Cette mê me perfection qui amè ne la ré alisation des actes existe aussi dans la repré sentation des images; les choses auxquelles pense le malade comme consé quence de son idé e fixe deviennent dans cet é tat de vé ritables hallucinations. Il n’existe guè re de maladie mentale où les hallucinations soient aussi complè tes et aussi indiscutables: il n’y a guè re que dans le dé lire alcoolique que l’on trouve des hallucinations visuelles comparables. L’attitude du sujet, ses expressions de physionomie, ses paroles nous montrent qu’il voit et qu’il entend exactement comme s’il s’agissait d’objets ré els. Tous les sens sont inté ressé s et se complè tent l’un par l’autre: dans certains cas d’hallu­cinations é rotiques, le sujet dé crit minutieusement les impressions de tous les sens, il sent les poils de la moustache de l’individu qui l’embrasse aussi bien qu’il voit sa figure et qu’il a senti l’odeur de sa cigarette. Cette transformation de toutes les impressions en images et souvent en images visuelles explique beaucoup de phé nomè nes qu’on observe chez l’hysté rique et en particulier sa pré tendue lucidité. Elle voit à distance, et dé crit si bien des endroits é loigné s que les auditeurs naï fs croient qu’elle s’y est transporté e; elle voit si bien le paradis et l’enfer qu’elle y fait croire les assistants; bien mieux, elle voit ses organes internes, c’est-à -dire qu’elle transforme en spectacle visuel ses vagues notions anatomiques et les impressions qu’elle ressent de ses diffé rents organes.

 

Il est inutile de revenir sur le dé veloppement de la parole, qui est poussé à l’extrê me et qui donne une sorte d’é loquence à des sujets d’ordinaire incapables de parler de cette faç on: ce caractè re se rattache é troitement aux deux pré cé dents.

 

2° Le deuxiè me caractè re essentiel me paraî t consister dans la ré gularité de ce dé veloppement : le sujet ré pè te les mê mes mots aux mê mes instants, fait les mê mes gestes à la mê me place toutes les fois qu’il recommence la comé die. Il semble avoir sur ce point une mé moire merveilleuse: quand il a adapté son somnambulisme à une salle donné e, il se souvient de tout ce qu’il a fait aux diffé rents endroits de cette salle, il sait dans quel tiroir il a pris des photographies pour les manger, dans quelle table il a trouvé un morceau de bois qui simulait pour lui un revolver, il va directement à cet endroit, sans hé sitation, se rappelant parfaitement ce qu’il veut y trouver. Quelquefois dans le cours des diffé rents somnambulismes, la scè ne qui est joué e se continue au lieu de se ré pé ter et le sujet semble se souvenir parfaitement du point de son histoire où il é tait resté dans la crise pré cé dente. On connaî t l’histoire d’un somnambule de Charcot qui dans les crises se croyait journaliste et é crivait un roman. Il se ré veillait aprè s avoir é crit deux ou trois pages qu’on lui enlevait; dans la prochaine crise, il recommenç ait son roman exactement au point où il l’avait laissé. Ces observations nous montrent quel rô le considé rable jouent dans ces phé nomè nes l’association des idé es et la mé moire.

 

3° En opposition avec ce dé veloppement brillant de certains phé nomè nes on constate avec é tonnement d’é tranges lacunes mentales. Ce sujet qui semble avoir des sensations trè s pré cises, puisqu’il sait marcher sur les toits, chercher des objets dans un tiroir et qu’il voit trè s bien le lit où, dans son imagination agonise sa mè re, ce mê me sujet ne semble pas du tout percevoir les autres objets qui l’environnent. C’est là ce qui avait frappé tout d’abord l’observation populaire: on peut parler à ces malades, ils ne vous ré pondent pas; on peut essayer par tous les moyens de se mettre en rapport avec eux, ils ne semblent pas vous apercevoir; les objets que l’on met devant leurs yeux ne changent en aucune faç on leur rê ve. Comme le remarque le mé decin de lady Macbeth, les yeux paraissent ouverts, mais sont fermé s à tout impression. Disons mieux aujourd’hui: ils sont fermé s à toute impression qui ne se rapporte pas à leur rê ve.  Pour se faire entendre, il faut rê ver avec le sujet et ne lui dire que des paroles qui s’accordent avec son dé lire.

 

De mê me que le sujet ne perç oit rien en dehors de son idé e dominante, de mê me il ne se souvient de rien en dehors cette idé e, il ne sait plus où il est, il ne sait plus les changements survenus depuis l’é poque qu’il ré cite, souvent il ne sait mê me plus son nom. Il n’a des souvenirs, comme des sensations, que dans une sphè re trè s restreinte.

 

4° Le somnambulisme se termine, le sujet revient à la conscience, nous voyons alors de nouveaux caractè res s’ajouter aux pré cé dents. Le malade a repris les sensations, les souvenirs qu’il avait perdus, il sait son nom, il sait où il est, il se souvient de tous les é vé nements de sa vie, il paraî t avoir son caractè re et sa personnalité ordinaire. Mais, chose surprenante, dans cette personnalité, le somnambulisme a laissé une lacune; le sujet paraî t avoir oublié toute cette pé riode pré cé dente, qui nous a tant surpris par son caractè re dramatique. Il ne s’en pré occupe pas, ne cherche pas à continuer son rê ve ou à le contredire, il ne cherche pas à s’excuser de toutes les absurdité s qu’il vient de faire devant nous, il semble ne pas se douter qu’elles aient eu lieu. Quand on l’interroge sur ce qu’il vient d’é prouver, il ré pond d’une maniè re fort vague, il se souvient des malaises du dé but, des derniè res pé riodes de la crise, quelquefois il sait vaguement qu’il a crié, il sait, d’aprè s ce qu’on lui a dit, qu’il parle, dans ses crises, mais tout cela est trè s lé ger et, en ré alité, il n’a pas le souvenir de l’idé e qui a joué un si grand rô le dans sa crise, ni des dé tails de son dé veloppement. Certains fait nous montrent quelquefois la profondeur de cet oubli: des malades qui volent ou prennent des objets dans leurs crises et qui les cachent ne peuvent plus les retrouver, d’autres qui se sont blessé s ne comprennent pas l’origine de leurs contusions. Beaucoup ont avoué tout haut devant nous toutes sortes de choses qu’ils voulaient nous cacher, ils restent convaincus que nous ne les savons pas; ils n’ont aucunement les sentiments de gê ne qu’ils auraient, s’ils soupç onnaient que nous sommes renseigné s. Il y a une foule d’indices moraux qui nous montrent l’importance de cette amné sie. Comme ce phé nomè ne est trè s important et que nous aurons à y revenir dans le chapitre suivant, il nous suffit de constater ici son existence.

 

Quand les idé es fixes ne sont pas complè tes, quand elles prennent la forme que nous avons appelé e partielle, le sujet, comme on l’a vu, ne perd pas conscience pendant que s’exé cutent les mouvements, pendant que se dé veloppent les hallucinations. Il n’y a plus, ici, d’amné sie proprement dite, mais il y a un phé nomè ne analogue, c’est l’incon­science. Pendant que sa main é crit les billevesé es en rapport avec l’idé e de sa mort, My… ne paraî t pas se douter de ce qui se passe, elle ne sent pas ses actes, ou ne les sent qu’incomplè tement sans les comprendre. Cette malade qui, toute é veillé s, rê vait à se jeter dans la Seine, sentait ré ellement qu’elle tombait, mais n’avait pas conscience des mouvements qu’elle avait faits pour sauter, ni des idé es qui avaient amené ces mouvements, puisqu’elle attribuait sa chute à un vertige et venait consulter pour ce vertige. Sans doute, l’interpré tation de cette inconscience pré sente beaucoup de difficulté s: on peut se demander, en particulier, si la seconde sé rie de pensé es, qui constitue le rê ve est, elle aussi, accompagné e d’une certaine sorte de conscience, si les deux sé ries de phé nomè nes psychologiques sont bien simultané es. Peu importe ici, l’essentiel c’est que le systè me de pensé es qui constitue la personne, la conscience personnelle, semble ê tre plus ou moins sé paré cet autre systè me de pensé es qui constitue l’idé e fixe.

 

On peut, en effet, ré sumer tous ces caractè res de la maniè re suivante: une idé e, la mé moire d’un é vé nement, la pensé e de la mort de sa mè re, par exemple constituent des groupes de faits psychologiques é troitement associé s les uns avec les autres; ils forment des espè ces de systè mes comprenant toutes sortes d’images et toutes sortes de tendances à des mouvements. Ces systè mes, dans notre esprit, ont une grande tendance au dé veloppement, lorsqu’ils ne sont pas arrê té s, contenus par quelque autre pouvoir. On peut repré senter ce systè me de faits psychologiques qui constitue une idé e par un systè me de points ré unis par des lignes formant une sorte de polygone. Le point V (figure 1) repré sente la vue de la figure et de la mè re morte. Le point A est le son de sa voix. Le point M est le sentiment du mouvement fait pour soulever son corps et ainsi de suite. Chaque point est ré uni avec les autres, de telle maniè re qu’on n’en peut pas exciter le premier sans faire apparaî tre le seconde et que tout le systè me a une tendance à se dé velopper complè tement [7].

 

 

 

 

Mais en mê me temps, dans les esprits bien portants, ces systè mes relatifs à chaque idé e sont en rapport avec un systè me infiniment plus vaste dont ils ne sont qu’une partie, le systè me de notre conscience tout entiè re, de toute notre individualité. Le souvenir de la mort de sa mè re, l’affection qu’Irè ne sent pour elle, avec tous les souvenirs qui s’y rapportent ne forment qu’une partie de l’ensemble de la conscience de cette jeune fille. Admettons que ce grand cercle P auprè s du petit polygone repré sente toute la personnalité de la jeune fille, le souvenir de tout ce qui lui arriva dans sa vie anté rieure. Normalement, dans l’é tat de santé, le petit systè me est ré uni au grand et il en dé pend, il n’est é veillé que lorsque l’ensemble de la conscience y consent et seulement dans les limites où cette conscience le permet. Pour nous repré senter ce qui se passe dans l’esprit de toutes ces hysté riques, on peut adopter ce simple ré sumé provisoire. Les choses se passent comme si une idé e, un systè me partiel de pensé e s’é mancipait, devenait indé pendant et se dé veloppait lui-mê me pour son propre compte. Le ré sultat est que, d’un cô té, il se dé veloppe beaucoup trop et que de l’autre la conscience totale pré sente une lacune, amné sie ou inconscience relatives à cette mê me idé e.

 

Cet ensemble de caractè res nous semble assez net pour constituer un groupe de symptô me bien distincts. C’est là une forme de dé lire trè s spé ciale que l’on ne rencontre pas dans tous les troubles de l’esprit. Il est accompagné, comme nous le verrons, de plus en plus par d’autres symptô mes qui obé issent aux mê mes lois; c’est pourquoi nous conviendrons de donner à ce groupe un nom particulier et nous dirons, doré navant, que les dé lires ayant ces caractè res d’une maniè re nette ou s’en approchant suffisamment, sont des dé lires hysté riques.

 

5. - Les caractè res des obsessions
psychasté niques.

 

 

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Le second groupe de phé nomè nes, les obsessions, sont des phé nomè nes é videmment comparables aux idé es fixes des hysté riques, mais leurs caractè res sont cependant bien diffé rents. Sans doute ce sont é galement des idé es d’une importance exagé ré e qui tiennent une trop grande place dans l’esprit du sujet, si on tient compte de leur utilité et de l’intelligence du malade, il est absurde pour un homme d’intelli­gence moyenne de consacrer une dizaine d’heures par jour à mé diter sur le sacrilè ge ou sur la mort. Mais ce dé veloppement des idé es ne se fait pas du tout de la mê me maniè re, nous ne retrouvons plus ce dé veloppement complet et ré gulier qui faisait apparaî tre successivement tous les é lé ments, images ou mouvements constituant l’idé e de la mort ou l’idé e de la crucifixion. Depuis longtemps l’observation clinique avait constaté cette restriction de l’idé e et baptisé ce phé nomè ne en associant deux termes contradictoires: c’est, dit-on, une folie lucide, un dé lire avec conscience, une obsession consciente. On veut dire par là que l’idé e commence bien à se dé velopper d’une maniè re dé lirante, mais que le sujet la connaî t, la constate et la juge, et qu’il l’arrê te dans son é volution.

 

Aussi voyons-nous des caractè res positifs et des caractè res né gatifs. La duré e de l’obsession est extrê mement longue; elle peut remplir des anné es. L’idé e ré apparaî t trè s fré quemment, quelquefois à chaque moment de la journé e. Si elle revient si souvent dans l’esprit, c’est qu’elle semble ê tre é voqué e par d’innombrables phé nomè nes en apparence sans grands rapports avec elle, l’association des idé es semble ê tre trè s facile. L’une de ces malades est terrifié e parce que sa bonne s’appelle Antoinette ou parce que son fils a une cravate rouge, car cela la fait penser à l’é chafaud et au crime. Un autre qui a l’obsession des chiens enragé s ne peut plus entrer dans son cabinet de travail, parce que sa femme y a pé né tré en portant une robe avec laquelle elle venait de traverser la place de la Concorde, rendez-vous habituel, paraî t-il, des chiens enragé s. C’est à cause de ces associations que l’obsé dé retombe malade en rentrant chez lui: « Je retrouve toutes mes idé es en rentrant chez moi, comme un paquet posé; chaque meuble en est un vrai nid ». Ces caractè res semblent ê tre du mê me genre que ceux que nous venons d’observer.

 

Je crois cependant qu’il y a dé jà quelques nuances à remarquer: la vé ritable crise d’idé es fixes hysté riques dure, se reproduit, s’é veille tout à fait automatiquement; le sujet, qui la connaî t peu ou mal, ne s’occupe pas d’elle, et elle se ré veille quand un de ses é lé ments a é té é voqué d’une maniè re maté rielle. Par exemple, le sujet qui a dans ses crise l’hallucination d’un incendie recommence la crise quand il voit devant lui une flamme ou quand il entend la trompe des pompiers, parce ce que la vue de la flamme et le son de la trompe sont ré ellement depuis longtemps les é lé ments consé cutifs de l’idé e d’incendie, des points de notre polygone tel qu’il é tait constitué anté rieurement à la maladie. Chez l’obsé dé, les idé es durent non pas uniquement par elles-mê mes, mais grâ ce à la bonne volonté du sujet lui-mê me. Il souffre de son obsession, mais il y tient; il croit que s’il ne pense plus au crime, il deviendra malhonnê te; que, s’il ne pense plus à la mort, il fera des imprudences et se portera mal. Il y là une continuation active et non une duré automatique. Le fait est encore plus net si l’on considè re l’é vocation des idé es par association. Un jeune homme vient nous dire qu’il est malade parce qu’il a mangé d’un pain qui vient d’un boulanger qui a é té indiqué à sa mè re par un individu dont la femme est morte le mê me jour, où il a lui-mê me rencontré une femme de chambre dont le souvenir l’obsè de et lui donne des obsessions gé nitales. Je dis que cette cascade d’associations d’idé es n’est pas naturelle comme celle de la flamme et de l’incendie, que l’idé e du pain à elle toute seule ne contient pas dans ses é lé ments l’idé e de la femme de chambre. Le polygone anté rieurement constitué ne contenait pas de tels é lé ments, c’est le malade lui-mê me qui les y ajoute aujourd’hui pour les besoins de la cause et pour justifier l’apparition de sa propre obsession. Il y a là une collaboration de toute la personnalité que nous ne trouvions pas dans le cas pré cé dent.

 

Les obsessions, comme on l’a vu s’accompagnent presque toujours d’impulsion. Cela est vrai, et on peut rapprocher ce fait de l’exé cution si remarquable des idé es fixes hysté riques. Cependant l’analogie n’est que superficielle: l’hysté rique n’a pas seulement des impulsions, il a des actions. Nous avons vu qu’il joue son rê ve; il va quelquefois jusqu’au crime, et s’il ne ré ussit pas plus souvent, c’est à cause de sa maladresse et de son dé faut de perception de la ré alité. Est-ce que le malade impulsif cè de de la mê me maniè re à ses impulsions? Il le pré tend, il a une peur affreuse d’ê tre entraî né à commettre un homicide, il demande en suppliant qu’on le protè ge contre lui-mê me, il vous montre mê me de petits mouvements qu’il appelle des commencements d’exé cution. Mais c’est tout: en fait il n’exé cute jamais rien, au moins dans la grande majorité des cas. Je faisait remarquer autrefois que, sur trois cents malades de ce genre observé s pendant une douzaine d’anné es, je n’avais constaté aucun accident ré el. Je crois aujourd’hui qu’il y a dans cette affirmation quelques difficulté s et que dans un certain nombre de cas il faut diagnostiquer avec soin l’é tat du malade. Certaines exé cutions de l’idé e obsé dante peuvent survenir quand il s’agit de malades dont l’é tat mental est transformé par des intoxications, comme les alcooliques et les morphinomanes. Certains malades, d’autre part, se trompent; ils considè rent l’acte comme peu important, peu dangereux; ils se figurent ne faire qu’un geste, qu’un dé but de l’action, et, sans s’en douter, ils font des choses beaucoup plus graves qu’ils ne le supposaient. Je songe en particulier aux jeunes filles qui refusent de manger, qui s’imposent des ré gimes absurdes, de peur leur poitrine ne se dé veloppe ou que leur nez ne rougisse. D’autres enfin sont plus avancé s dans la maladie: ils ont dé passé l’obsession et arrivent à un vé ritable dé lire. L’é volution de l’obses­sion vers les dé lires plus ou moins systé matiques est plus fré quente qu’on ne le croyait. Ces derniers malades deviennent dangereux et peuvent exé cuter des idé es qui, pendant des anné es, é taient resté es de simples impulsions sans consé quence. En gé né ral, si on considè re l’obsession proprement dite, il n’y a pas de ré alisation et nous sommes loin de la comé die que jouait la somnambule.

 

Retrouverons-nous davantage le dé veloppement repré sentatif et les hallucinations si caracté ristiques des idé es fixes hysté riques? En apparence on les retrouve é galement: ces malades sentent des vers qui remuent dans leur ventre, des fluides qui les chatouillent, ils pré tendent voir une foule de choses, et nous avons cité des hallucinations obscè nes, des hallucinations criminelles, la vue du couteau à travers la face, l’hallucination d’un pré cipice auprè s de soi, que l’on attribuait dé jà à Pascal. Presque toujours il suffit d’insister un peu pour que le sujet reconnaisse l’exagé ration de ces paroles: « il sait bien qu’il n’a pas vu d’hostie par terre; c’é tait quelque chose de blanc, comme s’il en voyait une ». Il ne peut pas dé crire son hallucination, il reste dans des termes vogues et finit par avouer qu’il cherche à la voir plus qu’il ne la voit. D’autre part, on peut remarquer que ces hallucinations sont d’un genre bien spé cial: ce ne sont pas des objets qui sont vus en eux-mê mes et pour eux-mê mes, ce sont des images qui ont une signification par rapport à l’idé e du patient, ce sont des symboles. Les quatre arbres du lycé e entouré s de chaî nes sont le symbole de l’esclavage, comme le membre viril et l’hostie sont les symboles du sacrilè ge. Ce ne sont donc pas des images qui se dé veloppent automatiquement, parce qu’elles font partie inté grante de l’idé e, ce sont des repré sentations que le sujet essaye d’y ajouter pour pré ciser son idé e. D’un cô té, ces hallucinations sont fort imparfaites, et le malade est bien loin de les prendre pour des objets ré el; de l’autre, leur dé veloppement mê me, si faible qu’il soit, est la consé quence d’un effort d’attention du sujet et ne surgit pas spontané ment, comme l’hallucination de l’hysté rique.

 

Un dernier problè me ré sume tous les pré cé dents: le sujet croit-il à son obsession? Se croit-il ré ellement sacrilè ge, criminel, phtisique ou syphilitique? Quand il s’agit de l’hysté rique qui dé lire, nous n’avons pas de doute; la malade qui se couche par terre en attendant que le train passe et qui se croit é crasé e par la locomotive, pousse de tels cris d’horreur, a de telles expressions de physionomie, s’é vanouit si ré ellement, que nous ne doutons pas qu’à ce moment mê me elle n’ait la conviction. Il n’en est plus du tout de mê me avec le psychasté nique: on ne sait jamais ce qu’il pense; il pleure pendant des heures en disant qu’il a volé au moment de rendre la monnaie, et il ne consent pas à ce qu’on aille reporter l’argent; il se dit syphilitique et s’en dé sespè re, et il refuse le traitement. En ré alité, il doute é normé ment de son idé e, et c’est ce doute qui vient remplacer les caractè res né gatifs de l’incon­science et de l’amné sie.

 

Comme ce caractè re est trè s remarquable, nous lui consacrerons une é tude spé ciale. Pour le moment, nous pouvons dire en ré sumé que l’obsession des psychasté niques ne se dé veloppe pas complè tement, comme celle de l’hysté rique, et qu’elle n’est pas non plus, comme celle-ci, en dehors de la conscience et de la mé moire. Elle a un certain dé veloppement imparfait; elle ne donne pas au malade l’impression nette d’une idé e qui lui appartient; elle semble s’imposer à lui; elle manque de pré cision, de certitude, de liberté. C’est un trouble à la fois plus gé né ral et moins complet. J’ai insisté sur ces deux premiers phé nomè nes: l’idé e fixe et l’obsession, et sur leur comparaison, parce que ce sont des phé nomè nes né vropathiques trè s importants qui caracté risent deux é tats d’esprit diffé rents. Nous retrouverons plus aisé ment les mê mes caractè res et les mê mes oppositions dans les autres troubles né vropathiques qui seront maintenant plus aisé s à comprendre.


 

Premiè re partie. Les symptô me né vropathiques

 

Chapitre II

 

Les amné sies et les doutes.

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L’examen des idé es fixes nous a dé jà montré que le dé veloppement de ces phé nomè nes é tait accompagné par un grand nombre d’oublis qui jouait probablement un grand rô le dans le trouble gé né ral. On a vu de mê me, quoique moins aisé ment, que les obsessions é taient accompagné es par des insuffisances de la pensé e, qui é tait incapable de les arrê ter et d’arriver à leur propos à une solution nette. Ces insuffisances de la pensé e escortant les obsessions comme l’amné sie suit les idé es fixes à forme somnambulique me semblent ê tre surtout des doutes. Aussi, dans ce chapitre, dé crirons-nous successivement ces deux phé nomè nes qui se correspondent, les amné sies hysté riques et les doutes psychasté niques. Nous chercherons ensuite, en é tudiant leurs caractè res, à voir ce que ces deux phé nomè nes ont de commun et en quoi ils diffè rent.


 

 

1. - Les amné sies hysté riques.

 

 

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Pendant le dé veloppement de l’idé e fixe, le malade a sans doute une grande mé moire de tout ce qui se rapporte à son idé e, mais il est visible aussi qu’il a oublié toutes les choses qui ne s’y rapportent pas directement. Il a perdu le souvenir des é vé nements qui se sont passé s depuis le fait qui l’a troublé et qui ont complè tement changé les circonstances dans lesquelles il est placé, il ne sait pas qu’il a changé d’appartement, qu’il est venu dans un hô pital, il ne s’aperç oit pas qu’il tient son oreiller et non pas un enfant. De mê me, quand la crise est terminé e, il a oublié toutes les sottises qu’il vient de faire et il se figure que nous les ignorons. Ce sont là des amné sies é videntes, mais d’ordinaire on se pré occupe davantage du phé nomè ne de l’agitation mentale qui les accompagne et on ne les considè re pas comme importantes. Dans d’autres cas, les amné sies occupent le premier plan, et elles se dé veloppent sans qu’il y ait en mê me temps une crise d’idé es fixes bien nettes, elles constituent alors un symptô me maladif fort remarquable.

 

Amné sies systé matiques. ¾ Reprenons à ce propos l’observa­tion de cette jeune fille Irè ne qui joue dans son somnambulisme la scè ne de la mort de sa mè re avec une telle pré cision apparente dans les souvenirs. É tudions-là dans l’intervalle des accè s, dans la pé riode où on se figure qu’elle est normal, nous remarquons bien vite que, mê me dans ces moments-là, il y a quelque chose de changé en elle; sa famille d’ailleurs le disait en l’amenant. « Elle est devenue insensible et indiffé rente, elle a bien vite oublié la mort de sa mè re et ne se souvient mê me plus de sa maladie ». Cette remarque qui paraî t surprenante, est pourtant bien vraie, cette jeune fille ne sait pas raconter ce qui l’a rendue malade pour un excellente raison, c’est qu’elle ne se souvient plus du tout des é vé nements dramatiques survenus il y trois mois. « Je sais bien, dit-elle, que ma mè re doit ê tre morte, puisqu’on me le ré pè te, puisque je ne la vois plus, puisqu’on m’a habillé e en deuil, mais vraiment cela m’é tonne. Quand est-elle morte? De quoi? Est-ce que je n’é tais pas prè s d’elle pour la soigner? Et puis, ce que je ne comprends pas, c’est que l’aimant comme je le faisait autrefois, je n’aie aucun chagrin de sa mort. je ne puis pas arriver à m’affliger, il me semble que son absence est insignifiante, qu’elle est en voyage, qu’elle va revenir ».



  

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