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DEUXIÈME PARTIE 10 страница



 

Le tremblement dé termine une sé rie ininterrompue de secousses musculaires trè s ré guliè rement rythmé es, mais trè s petites et trè s rapides. On constate, dans les graphiques, que ces petites secousses sont au nombre de cinq à douze par seconde et que leur ré gularité est d’ordinaire trè s grande. Il n’est pas facile de comprendre par quel mé canisme se produit cette alté ration du mouvement et le tremblement n’est pas mieux compris dans les né vroses que dans les maladies dites organiques du systè me nerveux. On rendra, je croix, son é tude plus simple, si on observe qu’au point de vue psychologique les cas de tremblement hysté rique peuvent, le plus souvent, se ranger dans l’un des trois groupes suivants.

 

Certains tremblements, les plus lents peut-ê tre, me paraissent ressembler à certaines choré es et se pré sente dans les mê mes conditions. Une femme de trente-huit ans [19] qui pré sentait un tremblement intense à la main droite a fini par avouer que ce tremblement é tait survenu à la suite de longues pratiques de l’é criture automatique pour interroger les esprits. Il suffisait de mettre un crayon dans la main droite pour que le tremblement cessâ t et fû t remplacé par de l’é criture mé dianimique. On peut dire qu’il s’agissait, ici, d’une sorte de choré e, d’une action subconsciente trè s incomplè te qui prenait, dans certaines conditions, l’apparence d’un tremblement, d’ordinaire plus rapide (7 à 12 oscillations par secondes), ne se transforme jamais en vé ritables mouvements choré iques ayant une signification; il semble une simple manifestation é motionnelle en rapport avec des é motions conscientes ou subconscientes qui persistent indé finiment. Le tremblement est, ici, un phé nomè ne surajouté à ces idé es fixes que nous avons é tudié es tout au dé but. Je l’ai observé d’une maniè re remarquable chez un ouvrier qui, à la suite de la chute d’un é chafaudage, é tait resté suspendu pendant vingt minutes à la gouttiè re d’une maison; le tremblement é tait associé chez lui d’une maniè re trè s nette à des terreurs, des hallucinations, des idé es fixes, se pré sentant sous toutes les formes. Enfin, il y a une troisiè me forme du tremblement qui accompagne les paré sies, qui pré cè de ou qui suit les paralysies dans les pé riodes où elles sont incomplè tes. Il est alors é videmment en rapport avec l’affaiblissement de l’action volontaire : son mé canisme physiologique ou psychologique est loin d’ê tre encore entiè rement é lucidé.

 

Un autre phé nomè ne bien plus important vient compliquer les paralysies hysté riques, ce sont les contractures. Il s’agit toujours d’une impuissance motrice, mais elle s’accompagne d’un é tat de rigidité persistante et involontaire des muscles. Les membres, au lieu de retomber flasques, comme dans les paralysies, pré sentent, quand on essaye de les mouvoir, une certaine rigidité et restent indé finiment dans les attitudes particuliè res que ni le sujet ni l’observateur ne peuvent modifier.

 

L’histoire de ce phé nomè ne, qui commence surtout avec les leç ons de Brodie en 1837 « Lectures illustratives on certains local nervous affections ». Qui continue avec les travaux de Coulson, 1851, de Paget, 1877, de Charcot, de Lasé gue, de Paul Richer, correspond à l’é volution des plus grands problè mes de la mé decine. On a é té amené à sé parer peu à peu la contracture hysté rique de toutes les affections osseuses, articulaires, nerveuses et mé dullaires avec lesquelles elle se confondait jadis: c’est dire que ce problè me touche à toute la mé decine. On peut, en effet, observer ces contractures sur la plupart des muscles du corps et dans chaque ré gion. Elles soulè vent des problè mes curieux de diagnostic. Quand la contracture siè ge à la face, sur les paupiè res, sur les muscles des yeux, sur ceux de la bouche, elle donne naissance à des symptô mes qu’il faut soigneusement distinguer de certains phé nomè nes paralytiques en apparence analogues, du ptosis des paupiè res, de la paralysie d’un cô té de la face qui, elle aussi, dé termine une dé viation de la face. La contracture peut sié ger au cou, dans le dos, à l’abdomen, au thorax et, à chaque endroit, voici de nouveaux problè mes qui surgissent. Ici, elle simule une maladie des vertè bres, des dé viations de la colonne verté brale; là, elle transforme la respiration et fait croire à des maladies pulmonaires; ailleurs, elle donne l’apparence de toutes les tumeurs possibles de l’abdomen: ce sont ces contractures qui ont é té l’origine des plus grandes erreurs mé dicales. Quand il s’agit des membres, nous rencontrons les contractures des jambes, les contractures des muscles de la hanche avec le gros problè me de la tumeur blanche du genou et de la coxalgie tuberculeuse. Je crois que le mé decin le plus exercé ne doit jamais se vanter de ne pas commettre une erreur quand il a à dé cider entre la coxalgie hysté rique et la coxalgie tuberculeuse. Quand il s’agit des bras, la difficulté est, en gé né ral, moins grave; mais il faut encore se mé fier des fausses luxations de l’é paule, des arthrites et des kystes du coude et du poignet. En un mot, il n’y a pas de plus gros problè me clinique que celui des contractures hysté riques. Ce qui est bien singulier, c’est qu’il y a là é galement un gros problè me psychologique et que c’est là certainement une des questions les plus obscures et les plus inté ressantes de la psychologie pathologique. Son é tude permettra, plus tard, de mieux comprendre la nature du mouvement volontaire et les dé gradations qu’il pré sente dans diverses circonstances.

 

Pour le moment, il faut se borner à mettre en é vidence les phé nomè nes les plus simple qui caracté risent l’é volution et la forme des contractures. Nous savons d’abord que les contractures dé butent com­me tous les symptô mes hysté riques, à propos de faits psychologiques, qui sont le plus souvent des symptô me é motionnels. Un choc n’agit dans ce sens que s’il dé termine de grand phé nomè nes d’é motion et d’imagination et souvent, comme pour les paralysies, un choc ré el fait moins qu’un choc imaginaire.

 

Il en est de mê me pour la gué rison de ces contractures. Dans certains cas, elles persistent indé finiment: j’ai recueilli deux observations dans lesquelles des contractures nettement hysté riques se sont prolongé es pendant trente ans. Dans d’autres cas plus fré quents, elles gué rissent subitement ou se transforment sous des influences qui seraient incompré hensibles, si l’on ne tenait pas compte des imaginations et des é motions. Ce sont ces maladies qui font la fortune des reliques religieuses et des sources miraculeuses. Quand on lit l’histoire d’un individu cul-de-jatte qui a é té poussé à la source dans une petite voiture, avec les jambes tordues sous le corps, dures et dessé ché es, et qui s’est é levé subitement en emportant sa petite voiture sur ses é paules, on peut affirmer, sans la moindre hé sitation, qu’il s’agit là de contractures hysté riques. On trouvera, en particulier, plusieurs ré cits trè s curieux de ce genre dans le livre cé lè bre de Carré de Montgeron sur les miracles effectué s au cimetiè re de Saint-Mé dard, sur la tombe du diacre Paris. Ce sont aussi des phé nomè nes de ce genre que les mé decins ont gué ri bien souvent par toutes sortes de pré cé dé s, par le courant é lectrique, par les aimants, par les applications de plaques mé talliques, par la simple parole. Il y a donc un ensemble de phé nomè nes psychologiques dans les terminaisons comme dans les dé but des contractures.

 

Si nous jetons un coup d’œ il sur les diverses formes que peuvent prendre ces contractures, nous constatons qu’elles peuvent ê tre systé matiques comme les paralysies: c’est là un point sur lequel j’ai beaucoup insisté autrefois [20]. Il est souvent mé connu, parce que l’on ne considè re pas les contractures à leur dé but et que le plus souvent, au bout d’un certains temps, la contracture s’é tend et perd la forme systé matique qu’elle avait au moment de sa formation. De telles contractures conservent aux membres, d’une maniè re permanente, une attitude expressive, rappelant une action ou une é motion: aprè s une colè re, le bras reste levé, le poing fermé et menaç ant; une femme donne une gifle à son enfant et, comme par une punition cé leste, son bras et sa main restent fixé s dans la position qu’ils ont prise à ce moment. Une jeune fille, qui apprenait à jouer du violon, a eu le bras gauche contracturé dans la position du joueur de violon; une femme, que j’ai souvent dé crite, marche, depuis des anné es, sur la pointe des pieds, elle ne peut plier les pieds qui sont raidis dans la position de la crucifixion; il s’agit d’une malade qui a des crise d’extase et qui se croit sur la croix comme le Christ [21].

 

Le plus souvent les contractures sont localisé es, elles siè gent sur un membre dont elles raidissent tous les muscles à peu prè s é galement, de maniè re à dé terminer une attitude, toujours la mê me, qui dé pend de la force iné gale des diffé rents muscles de la ré gion. Les contractures du tronc sont fort fré quentes, quoiqu’elles ne soient bien connues que depuis peu de temps. Quand elles siè gent d’un seul cô té du corps, elles dé terminent de grandes dé viations de la taille et les attitudes les plus surprenantes. On voit de ces malades qui restent tordues sur elles-mê mes ou accroupies sans pouvoir se relever. Quand ces contractures sont bilaté rales, elles dé terminent seulement une raideur bizarre de la dé marche mais amè nent, plus qu’on ne le croit, des troubles de la respiration et de la digestion. Il faut toujours songer à ces contractures quand on cherche la cause des é touffements, des constipations, des troubles digestifs [22]. Les contractures du cou en arriè re ou sur les cô té s sont trè s fré quentes et ont les mê mes causes que les choré es sié geant au mê me point que nous avons examiné es. Les contractures de la face et de la langue donnent naissance au spasmes glosso-labié, important surtout au point de vue du diagnostic.

 

Les contractures du bras dé terminent le plus souvent l’extension du bras accolé le long du corps avec la fermeture du poing, mais elles peuvent amener d’autres attitudes en rapport avec les causes qui les ont dé terminé es. Ainsi, une jeune fille avait é té frô lé e par un omnibus, dans la ré gion de l’é paule: elle conserva, pendant des mois, une contracture permanente de l’é paule gauche, qui restait é levé e et accolé e contre le cou [23].

 

Les contractures des jambes sont fré quentes et importantes: les deux jambes sont souvent prises en mê me temps et alors elles restent é troitement accolé es l’une contre l’autre, dans l’extension complè te. Le pied contracturé des hysté riques prend le plus souvent, quand il ne s’agit pas de contractures systé matiques, l’attitude connue sous le nom de varus é quin, en extension avec torsion en dedans.

 

De mê me que la paralysie, la contracture peut ê tre hé milaté rale, et il n’est pas rare de voir, chez un mê me sujet. La paralysie du bras et de la jambe cé der la place à une contracture de ces deux membres, ou inversement, car l’é volution de ces deux phé nomè nes n’a aucunement, dans l’hysté rie, la ré gularité que l’on observe dans les hé miplé gies dues à des lé sions organiques. Enfin, la contracture peut ê tre gé né rale et occuper, à peu prè s, tous les muscles du mouvement volontaire. Ces raideurs de tout le corps ne sont pas d’ordinaire aussi prolongé es que les contractures localisé es, elles font plutô t partie de cet ensemble de phé nomè nes assez passagers qu’on appelle l’attaque d’hysté rie; cependant, j’ai vu de ces contractures gé né rales se prolonger, sans interruption, pendant plusieurs jours.

 

Ces diverse contractures se mê lent avec les phé nomè nes pré cé dents et dé terminent, chez les hysté riques, un grand nombre de troubles de toutes espè ces.

 

 

3. - Les phobies des actions
chez les psychasté niques.

 

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Les malades dont nous avons é tudié les obsessions et les doutes ne pré sentent pas comme les malades pré cé dents des paralysies ou des contractures. C’est là un caractè re important qui sé pare les psychasté niques des hysté riques. Je crois cependant qu’ils pré sentent un phé nomè ne correspondant, ce sont les phobies et en particulier les phobies des fonctions et les phobies des actions.

 

En apparence, la fonction du mouvement n’est pas supprimé e, le sujet croit qu’il peut parfaitement remuer ses membres et mê me il commence à exé cuter l’action d’une maniè re tout à fait correcte. Mais à ce moment mê me il é prouve toutes espè ces de troubles; il sent que son esprit est envahi par les rê ves les plus bizarres et par toutes sortes d’agitations de la pensé e. Il sent que ses membres s’agitent et é prouvent le besoin de se remuer à tort et à travers; mais surtout il é prouve des troubles viscé raux, des palpitations de cœ ur, des é touffements, des angoisses. Cet ensemble de troubles se traduit dans sa pensé e par un sentiment vague et trè s douloureux, analogue à la peur, et cette terreur augmente à mesure qu’il continue cette action qu’il se croyait au dé but bien capable de faire, si bien qu’il ne peut plus continuer, qu’il s’arrê te dé couragé. Comme cette angoisse recommence chaque fois qu’il essaie de faire l’action, il ne peut plus jamais la faire et en dé finitive l’action finit par ê tre pratiquement supprimé e exactement comme dans les paralysies hysté riques.

 

On observe d’abord de tels phé nomè nes à propos du mouvement des membres. Le syndrome qu’on a appelé « akinesia algera » n’est le plus souvent qu’une phobie du mouvement : le sujet n’a ni paralysie, ni contracture, mais à la suite d’un accident quelconque, il conserve une douleur plus ou moins ré elle dans une articulation et il n’ose plus remuer à cause des angoisse terribles qu’il ressent dè s qu’il commence le moindre mouvement. La basophobie correspond exactement aux abasies des hysté riques: le sujet, pour une raison quelconque, est envahi par la peur de marcher. Il a de telles terreurs, de telles angoisses dè s qu’il essaye de faire un pas qu’il renonce absolument à quitter son lit ou sa chaise; le ré sultat ne serait pas diffé rent s’il avait ré ellement perdu la fonction de la marche. Inversement dans l’akathisie le sujet ne peut plus s’asseoir pour travailler; bientô t il ne peut plus, sans terribles angoisses, rester assis sur aucune chaise [24]. On retrouverait de telles phobies à propos de toutes les fonctions.

 

Dans d’autres cas bien plus fré quents, le mê me é tat qui ressemble à une é motion de peur trè s douloureuse se produit simplement à propos de la perception d’un objet, et on a dé signé ce symptô me sous le nom de phobie des objets [25]; je crois cependant que c’est un phé nomè ne tout fait voisin du pré cé dent. La perception de l’objet peut ê tre faite par n’importe quel sens, dè s que le sujet est averti de la pré sence de l’objet qu’il redoute, il a ses terreurs et ses angoisses. Il y a ainsi des phobies à propos des couteaux, des fourchettes, des objets pointus, à propos des billets de banque, des bijoux, de tous les objets de valeur, à propos de la poussiè re, des ordures, des plumes, du linge, des objets de toilette, des boutons de porte, des mé taux, des vê tements, de tous les objets qui peuvent ê tre sales, ou dangereux, ou respectables, etc… Tous ces symptô mes ont é té autrefois dé signé s par des noms particuliers, comme autant de maladies distinctes: on avait ainsi l’astraphobie, la lyssophobie, la misophobie, la rupophobie, l’aicmo­phobie, etc… Sauf la bizarrerie du nom, ces dé signations n’ont plus aujourd’hui aucun inté rê t.

 

Le plus souvent ces phobies du contact se compliquent d’une foule de pensé es obsé dantes et impulsives. Celle-ci a peur de commettre un homicide ou un suicide si elle touche à un objet pointu et prend en horreur é galement les fleurs rouges et les cravates rouges qui lui rappellent l’homicide ou mê me tous les siè ges sur lesquels ont pu s’asseoir des individus porteurs de cravates rouges. Celle-là ne peut plus toucher un verre, parce que les verres peuvent contenir des purgatifs et que cela pourrait lui donner la pensé e de se faire avorter si elle é tait enceinte et si elle s’é tait laissé e sé duire.

 

À cô té de ces phobies des objets se placent des phobies un peu plus compliqué es que j’ai appelé es des phobies des situations. Elles portent non plus sur un objet, mais sur un ensemble de faits et d’impressions du sujet. Le type de ces symptô mes est l’agoraphobie, dé crite par Westphal en 1872, puis par Legrand du Saulle en 1877. « La peur des espaces, dit ce dernier auteur, est un é tat né vropathique trè s particulier, caracté risé par une angoisse, une impression vive et mê me une vé ritable terreur, se produisant subitement en pré sence d’un espace donné. C’est une é motion comme en pré sence d’un danger, d’un vide, d’un pré cipice, etc… Un malade commence par avoir des coliques dans la rue… La pensé e d’ê tre abandonné dans ce vide le glace d’effroi et la conviction d’une assistance, quelle qu’elle soit, l’apaise sans effort. Point de peur sans le vide, point de calme sans l’apparence d’un semblant de protection. » Cette phobie est fré quente et se pré sente sous bien des formes, tantô t le malade redoute les espaces vides à la campagne, tantô t il craint les places et les rues de la ville, tantô t il a peur de la rue elle-mê me, tantô t il redoute la foule qui remplit ou qui peut remplir la rue, ou les sergents de ville qui peuvent l’arrê ter par erreur, ou les voitures, ou les chiens, ou n’importe quoi.

 

À l’agoraphobie doit se rattacher une autre phobie trè s voisine, celle des endroit clos, la claustrophobie, signalé e par Beard de New-York, puis par Ball en 1879. Le malade a peur d’é touffer dans un endroit fermé, il ne peut entrer dans une salle de thé â tre ou de confé rence, dans une voiture, dans un appartement, dont les portes sont fermé es, etc…

 

Il est plus inté ressant d’insister sur un groupe de phobies voisines qui jouent dans ces dé sordres un trè s grand rô le. Les phobies des situations sociales sont dé terminé es par la perception d’une situation morale au milieu des hommes. À mon avis le type de ces phobies est la fameuse é reutophobie, si souvent é tudié e depuis les travaux de Casper, 1846, de Duboux, 1874, de Westphal, 1877. J’emprunte à M. Clarapè de, 1902, un ré sumé rapide de l’aspect caracté ristique d’un malade é reutophobe: « Il n’ose plus se montrer en public, ni mê me sortir dans la rue. S’il s’agit d’une femme, elle n’ose plus rester en pré sence d’un homme, de peur que sa rougeur intempestive ne soit l’occasion de propos malveillants sur son compte, s’il s’agit d’un homme, il fuira les femmes. Comme cependant les né cessité s de la vie obligent l’é reutophobe à ne pas vivre absolument isolé, il va inventer certains stratagè nes pour masquer son infirmité. Au restaurant, il se plongera dans la lecture d’un journal pour qu’on n’aperç oive pas son visage; dans la rue, il se dissimulera sous son parapluie, ou sous les larges ailes de son chapeau. Il sortira de pré fé rence le soir, à la nuit tombante, ou, au contraire, par une journé e de grand soleil, afin que son teint é carlate n’ait rien d’extraordinaire. S’il est pris à l’improviste, il s’essuiera la figure avec son mouchoir, se mouchera, fera semblant de ramasser un objet sous un meuble ou ira regarder par la fenê tre afin de dissimuler la rougeur qui vient. Parfois il recourt à la poudre de riz, plus souvent à l’alcool; il espè re par ce dernier moyen noyer sa coloration morbide dans celle de l’é thylisme. Pour un motif analogue il supplie le mé decin ou le pharmacien de lui donner une drogue qui lui teigne le visage en rouge. Il cherche et combine dans sa tê te tous les moyens de remé dier à son mal. Cette crainte perpé tuelle, cette incertitude, à chaque instant, du moment qui va suivre, retentit sur tout son caractè re, l’aigrit, l’irrite. La vie pour l’é reutophobe est un vé ritable calvaire: à chaque pas, il voudrait en avoir fini avec cette insupportable existence et va jusqu’à maudire l’ê tre qui lui a donné le jour ».

 

Des troubles du mê me genre peuvent ê tre dé terminé s par une cicatrice au visage, par une malformation quelconque, plus ou moins ré elle. Mais le caractè re essentiel qui se retrouve toujours dans ces phé nomè nes terrifiants, c’est le fait d’ê tre devant des hommes, d’ê tre en public, d’avoir à agir en public. Aussi on pourrait ranger dans le mê me groupe les phobies du mariage qui sont si fré quentes, les phobies de certaines situations sociales comme celles de professeur, de confé rencier, la peur des domestiques, la terreur du concierge, etc… Toutes ces phobies sont dé terminé es par la perception d’une situation sociale et par les sentiments auxquels cette situations donne naissance [26].

 

 

4. - Les caractè res psycho-physiologiques
des paralysies hysté riques.

 

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Les mouvements volontaires de l’homme sont des phé nomè nes trè s complexes qui dé pendent de l’action harmonique d’un trè s grand nombre de parties associé es et superposé es hié rarchiquement. Dans tout mouvement, par exemple, doivent intervenir, sans compter les os et les articulations, les muscles, les nerfs, la moelle é piniè re, les centres infé rieurs de l’encé phale, l’é corce cé ré brale, dont le fonctionnement, semble-t-il, se manifeste par les phé nomè nes proprement psychologiques. Une paralysie qui supprime un mouvement volontaire peut dé pendre d’une alté ration portant sur tel ou tel de ces é lé ments; elle peut dé pendre d’une destruction ou d’une atrophie du muscle, d’une né vrite, d’une lé sion de la moelle ou de l’encé phale, d’une modification des fonctions psychologiques de l’é corce. Quel que soit le siè ge de ce trouble, le ré sultat est toujours une suppression du mouvement volontaire, une paralysie. Mais les grand progrè s de la clinique des maladies du systè me nerveux ont permis de constater que cette paralysie n’a pas les mê mes caractè res, suivant qu’elle dé pend d’un trouble situé sur telle ou telle partie plus ou moins é levé e dans la hié rarchie. Pour analyser les paralysie hysté riques, on doit rechercher si leurs caractè res sont identique à ceux que dé terminent les lé sions musculaires ou nerveuses, ou bien à ceux qui dé pendent des troubles de la moelle ou de l’encé phale, ou enfin s’il s’agit de modification psychologiques, et alors quelle est la nature de ces modifications.

 

Il n’y a pas lieu d’insister beaucoup sur la premiè re question: les caractè res des paralysies hysté riques permettent-ils de les rattacher à des lé sions é lé mentaires des muscles ou des nerf? Les alté rations de ces organes, en effets, peuvent ê tre isolé es; elles peuvent porter sur un seul muscle ou sur un seul nerf, ou irré guliè rement sur plusieurs muscles ou sur plusieurs nerfs dissé miné s au hasard. Les paralysies qu’elles dé terminent alors sont limité es au mouvement d’un seul muscle ou au mouvement de quelques muscles dissé miné s dans une ré gion, en laissant subsister le mouvement des autres muscles, ce qui dé forme le mouvement de la ré gion, en prenant le mot « dé former » dans le sens que nous venons de discuter à propos des convulsions. Ces lé sions peuvent aussi dé terminer des paralysies portant sur tous les muscles innervé s par un mê me nerf, et sur ceux-là seulement. Jamais les paralysies hysté riques ne pré sentent aucun caractè re de ce genre: jamais elles ne portent exclusivement sur un seul muscle ni sur le groupe de muscles innervé s par un seul nerf; j’aimais elles ne dé terminent la dé formation du mouvement d’une ré gion. Elles portent toujours sur un ensemble complexe de muscles et de nerfs, troublant complè tement l’un, faiblement l’autre, plus fortement un troisiè me, d’une maniè re toujours harmonieuse et systé matique. En un mot, nous retrouvons dans les paralysies un caractè re analogue à celui que nous avons noté dans les agitations motrices qui sont toujours systé matiques et non dé formantes.

 

Cette systé matisation fondamentale nous oblige à remonter plus haut et à nous demander si le trouble n’existe pas dans les grands systè mes de la moelle é piniè re ou de la base de l’encé phale, et s’il n’y a pas une lé sion quelconque dans les conducteurs ou dans les centres qui gouvernent l’association des nerfs et des muscles. L’é tude de cette supposition et du diagnostic qui en dé coule a dé terminé un trè s grand nombre de recherches sur un nouveau caractè re des paralysies hysté riques, caractè re surtout né gatif, mais d’une trè s grande importance. Ce nouveau caractè re peut se ré sumer ainsi: on ne trouve pas dans ces paralysies les symptô mes qui ont toujours é té constaté s à la suite des lé sions de la moelle ou de l’encé phale.

 

Ainsi on ne constate pas les alté rations musculaires, les atrophies qui accompagnent si souvent ces lé sions. Un membre atteint de paralysie hysté rique conserve le plus souvent son volume normal ou ne pré sente que des diminutions peu importantes en rapport avec l’im­mobilisation. On ne constate pas ces troubles de ré actions é lectrique  qui caracté risent l’atrophie: la ré action dite de dé gé né rescence, si rapide dans certaines formes de lé sions mé dullaires, n’existe pas dans la paralysie hysté rique. On ne constate pas non plus ces contractures secondaires, avec des caractè res spé ciaux qui suivent ordinairement les hé miplé gies organiques. Mê me aprè s un temps prolongé, le membre paralysé reste intact et peur rapidement reprendre ses fonctions d’une maniè re complè te.



  

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