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DEUXIÈME PARTIE 9 страница



 

La choré e hysté rique peut survenir, dira-t-on, mê me pendant la veille. D’abord il y aurait à remarquer que ce n’est pas pendant une veille trè s normal: pendant que ces malades ont de la choré e rythmé e, ils sont obnubilé s, à moitié endormis, en proie à une tristesse vague, et on note facilement un changement d’é tat mental quand leur choré e s’arrê te. Mais, mê me dans ces cas, leur conscience conservé e se porte peu vers le mouvement pathologique: beaucoup de ses sujets sentent à peine le mouvement choré ique qu’ils exé cutent, au moment mê me où il se fait. Si on leur cache le bras avec un é cran, ils peuvent parler d’autre chose et oublier ce qu’ils font. Cette inconscience du mouvement pathologique s’objective par un fait trè s remarquable que nous aurons à discuter longuement plus tard et qu’il faut seulement signaler ici: c’est l’insensibilité des membres particuliè rement atteint. J’ai noté une dizaine de cas de grande choré e hysté rique dans lesquels les sujets, sans s’en douter, sans avoir é té aucunement é duqué s, pré sentaient une anesthé sie remarquable. Dans une vingtaine d’autres cas, la sensation du mouvement, la sensation du contact et de la douleur é taient nettement moindres sur les membres atteints que sur les membres immobiles.

 

Ce caractè re me semble aussi dé terminer une modification dans l’influence que l’attention du sujet peut avoir sur le mouvement automatique. Dans les cas typiques d’hysté rie, le sujet n’a pas besoin de faire attention à son bras pour que le mouvement de rotation se produise ré guliè rement. Bien mieux, j’ai cru observer que les mouvements é taient plus complets, plus ré guliers, quand le sujet ne s’en pré occupait pas et quand il pensait à autre chose. Tous ces caractè res me paraissent ê tre absolument inverse chez le psychasté nique. Celui-ci sent trè s bien son tic, et il exagè re quand il pré tend qu’il ne s’en rend pas compte. Il ne pré sente aucune anesthé sie sur les parties atteintes; il y sent le contact et la douleur aussi bien que le mouvement. En un mot, il a pleine conscience de son agitation. Il en ré sulte que l’atten­tion ne joue pas du tout le mê me rô le; il a besoin de prê ter une certaine attention à son tic pour que celui-ci se produise, et quand on le distrait trè s fortement, quand il oublie de penser à son mouvement, il cesse de le faire. C’est ce que tous les parents ont observé chez les enfants tiqueurs.

 

Cette diffé rence dans le degré de la conscience est encore plus remarquable si l’on considè re, non pas le tic lui-mê me, mais les idé es, les souvenirs des scè nes é motionnantes, les manies mentales qui l’accompagnent et le dé terminent. C’est dans le groupe des hysté riques que l’on trouvera ces sujets naï fs qu ne comprennent rien du tout à leur propre maladie, qui ne se doutent mê me pas, comme la petite Mel…, qu’elle continue à faire avec son bras et sa jambe droite les mouvements de son mé tier. C’est là qu’on verra ces malades qui viennent se plaindre de toute autre chose et qui interprè tent trè s mal leur propre choré e. On se souvient de cette malade qui venait se plaindre d’un vertige quand elle sautait elle-mê me dans la rue au moment où elle rê vait qu’elle se jetait à la Seine. On retrouve la souvenir de ces idé es dans ces dé lires, des somnambulismes, tandis qu’elles ne paraissaient pas exister pendant la veille. Le psychasté nique, au contraire, connaî t mieux que personne ses manies mentales de pré cision, son besoin de vé rifier si sa tê te est sur ses é paules, son besoin de perfectionner ou sa manie des pactes, et c’est lui qui redressera sur ce point le diagnostic du mé decin. En un mot, il y a chez lui une conscience complè te du trouble qui n’existe pas chez l’hysté rique.

 

Peut-on dire cependant que la fonction qui est ainsi agité e soit chez lui tout à fait complè te et normale au point de vue psychologique? En aucune faç on, mais les troubles qu’elle pré sente ne sont pas les mê mes que dans l’hysté rie. Le sujet a à son propos des sentiments pathologiques que nous connaissons dé jà; il a un sentiment d’incapacité, de gê ne, dans la direction de cette fonction: « Je ne suis plus maî tre de mon bras, de ma figure; il me semble que je ne puis en faire ce que je veux ». Il a surtout perdu ce sentiment de possession, de pouvoir libre que nous avons à propos de nos mouvements: « Dans cet é tat atroce, il faut que j’agisse en sentant que j’agis, mais sans le vouloir. Quelque chose qui ne paraî t pas ré sider en moi me pousse à continuer et je ne puis pas me rendre compte que j’agis ré ellement; … il me semble que ce n’est pas moi qui veux les actions faites par mes mains et mes pieds ». Un degré de plus dans ce sentiment d’absence d’action personnelle d’automatisme et les malades vont dire qu’il y a quelque chose d’exté rieur qui pè se sur eux, qui dé termine leurs actes; en un mot ils vont attribuer à des volonté s é trangè res l’action qui ne semble plus dé pendre de leur volonté. « Quelqu’un me fait parler; on me suggè re des mots grossiers; ce n’est pas ma faute si ma bouche marche malgré moi, il y a longtemps que ce n’est pas moi qui agis ». on comprend le rô le que de pareils sentiments vont jouer dans les dé lires de possession, et mê me de persé cution. Remarquons seulement pour le moment qu’ils constituent une partie essentielle de la psychologie du tic: le malade n’a pas perdu la conscience personnelle de ce qu’il fait et de ce qu’il pense, mais il semble avoir perdu le sentiment de la liberté et de l’activité volontaire. Il y a là une diffé rence psychologique qui a des consé quences importantes.


 

 

Premiè re partie. Les symptô me né vropathiques

 

Chapitre V

 

Les paralysies et les phobies.

______

 

 

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À cô té des agitations motrices se place un phé nomè ne né gatif constitué par des insuffisances et mê me des suppressions en apparence complè tes du mouvement volontaire, ce sont les cé lè bres paralysies fonctionnelles ou paralysies hysté riques. Il n’est pas facile de voir quel est le phé nomè ne psychasté nique qui correspond nettement à celui-ci: je propose de lui comparer le symptô me important des phobies dont le mé canisme sinon l’apparence me semble ê tre identique.

 

Ces impuissances motrices des né vropathes ont joué un rô le capital dans les é tudes cliniques et dans les é tudes psychologiques. C’est pour les distinguer des paralysies organiques qu’on a é té amené depuis Charcot à faire les plus belles analyses des mouvements, des ré flexes, des fonctions motrices. C’est pour les comprendre que la psychologie pathologique a en grande partie constitué la plupart de ses thé ories. Enfin si l’on songe que nous sommes de plus en plus disposé s à rattacher les troubles né vropathiques à des insuffisances de la volonté et de l’action personnelle, on voit que ces paralysies repré sentent peut-ê tre le type le plus net des accidents né vropathiques, celui qui bien compris permettrait d’interpré ter tous les autres.

 

 

1. - Les paralysies hysté riques.

 

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Ces paralysies surviennent à peu prè s dans les mê mes circonstances que les autres symptô mes de la né vrose: il s’agit toujours d’un accident en lui-mê me minime qui est accompagné d’une violente é motion et de troubles de l’imagination. Un cas dé jà ancien et fort inté ressant au point de vue historique est tout à fait typique: je fait allusion à l’observation d’Estelle qui donna lieu au beau livre d’un ancien magné tiseur, Despine (d’Aix), en 1840. Il s’agit d’une jeune fille de douze ans, qui, malgré la dé fense de sa mè re, s’est mise en colè re, s’est disputé e et battue avec une de ses petites amies; dans l’ardeur du combat, elle a é té renversé e et s’est assise brusquement par terre. Cette chute sur le derriè re a é té compliqué e par une circonstance aggravante, c’est que la robe a é té fortement salie à un endroit significatif. Petite douleur insignifiante qui n’empê che pas la fillette de se relever et de rentrer, mais, é motion pé nible, sentiment de honte et de crainte, effort de dissimulation: voilà le ré sume de l’accident. Le lendemain, cette jeune fille a commencé une paralysie complè te de deux jambes, une paraplé gie grave qui a duré huit ans. Le fait mé rite d’ê tre relevé : huit ans de paralysie des membres infé rieurs pour ê tre lé gè rement tombé e sur le derriè re. Ces phé nomè nes n’é taient guè re connus à cette é poque que de ces singuliers magné tiseurs.

 

Plus tard diffé rents auteurs comme Brodie, Todd, Duchenne (de Boulogne), Russell, Reynolds, Charcot, Oppenheim et beaucoup d’é crivains contemporains se sont mis à é tudier ce qu’on appelait d’abord la né vrose traumatique. En effet, les accident traumatiques sont parmi les causes les plus fré quentes de ces paralysie; ainsi on les observe souvent à la suite des catastrophes de chemins de fer et certains mé decins anglais avaient mê me adopté pour les dé signer l’expression « railway’s spine ». Les chutes de voitures, les chutes de cheval, les chocs dans les bagarres en sont aussi l’origine la plus commune: un charretier ivrogne tombe de son siè ge sur le bras droit et pré sente ensuite une paralysie de ce bras; un jeune homme de dix-huit ans tombe dans un escalier sur le dos, il a une paralysie des jambes et des contractures des muscles lombaires, etc. Souvent le choc n’est qu’imaginaire: le cé lè bre malade des premiè res leç ons de Charcot croit avoir é té é crasé par une voiture qui n’a pas du tout passé sur lui et il a cependant les deux jambes paralysé es. Une des derniè res observations que j’ai recueillies est trè s singuliè re à ce point de vue: un individu a commis une imprudence en chemin de fer; pendant que le train est en marche, il est descendu sur le marche-pied pour passer d’une portiè re à l’autre. Il s’est aperç u à ce moment que le train allait entrer sous un tunnel et il s’est imaginé que le cô té gauche de son corps qui dé passait allait ê tre pris en é charpe et é crasé contre la paroi du tunnel. En pensant à ce danger terrible, il s’est é vanoui; mais heureusement pour lui il n’est pas tombé sur la voie, il a é té tiré par des amis dans l’inté rieur du wagon et son cô té gauche n’a pas mê me é té frô lé. Cela n’empê che pas que cet individu a ré alisé les jours suivants une hé miplé gie gauche tout à fait complè te.

 

D’autres circonstances peuvent agir de la mê me maniè re, les fatigues par exemple, lorsqu’elles sont localisé es à un membre, peuvent amener de telles paralysies. Un peintre a senti sa main droite trè s fatigué e pendant qu’il peignait un plafond, il a pré senté à la suite d’une grave monoplé gie de la main droite, et il ne s’agissait pas de paralysie saturnine, comme on pourrait le croire. J’ai constaté le mê me fait chez une jeune fille qui apprenait le violon, chez plusieurs autres personnes qui fatiguaient leurs mains sur le piano. Mais ici encore il faut qu’à la fatigue se joigne l’é tat é motionnel, comme dans la cé lè bre observation de Fé ré. Une jeune fille qui travaillait à apprendre un morceau de piano a pré senté subitement une paralysie de la main droite au moment où elle devait jouer son morceau dans une cé ré monie. La part de l’é motion est si grande qu’elle peut agir seule et s’ajouter à une fatigue purement imaginaire, comme dans cette autre observation de Fé ré. Une jeune fille rê ve la nuit qu’elle est poursuivie par un individu et qu’elle court trè s fort dans les rues de Paris pour lui é chapper, elle rê ve qu’elle est é puisé e de fatigue quoiqu’elle n’ait point bougé : le lendemain elle n’en est pas moins paraplé gique. Enfin, il y a des paralysies qui s’installent à la suite de somnambulismes et de crises d’agitation motrice; mais, comme nous le verrons plus tard, elles portent sur des membres qui ont é té autrefois paralysé s, qui pré sentaient dé jà d’autres troubles hysté riques du mouvement, ou qui avaient en eux des causes d’affaiblissement, dé formations rachitiques, anciennes cicatrices, varices, etc., ce qui produit la localisation de la né vrose.

 

Ces paralysies ainsi dé terminé es peuvent ê tre trè s diverses: une des formes les plus curieuses et les plus inté ressantes au point de vue psychologique est celle que l’on connaî t sous le nom de paralysie systé matique, parce qu’elle porte sur une fonction, sur un acte, plutô t que sur un membre tout entier. Plusieurs auteurs dont les premiers furent Jaccoud, Charcot, Blecq, Sé glas, avaient signalé une forme de paralysie hysté rique trè s singuliè re et au premier abord peu intelligible. Il s’agissait de sujets, le plus souvent de jeunes gens, qui semblaient ne pas avoir la moindre paralysie des jambes, quand on les examinait dans leur lit: non seulement les ré flexes é taient intacts, mais les mouvements eux-mê mes paraissaient parfaitement conservé s. Si on leur demandait de lever la jambe, de la plier, de la tourner à droite ou à gauche, ils accomplissaient exactement tout ce qu’on leur disait de faire; bien plus ils semblaient avoir conservé une trè s grande force, tout à fait suffisante et comparable à la force normale. Alors, dira-t-on, ils n’avaient aucun trouble du mouvement des jambes: ils é taient cependant tout à fait incapables de marcher. Dè s qu’on essayait de les mettre debout sur le sol, ils flé chissaient, ils contorsionnaient leurs jambes, ils les lanç aient de tous les cô té s à tort et à travers et ils finissaient par tomber sans avoir fait un pas; cette impuissance singuliè re se prolongeait pendant des semaines et des mois. Ces malades semblaient ré aliser ce paradoxe de n’avoir aucune paralysie des jambes et de ne pas pouvoir marcher. Chez quelques-uns de ceux qu’a dé crits Charcot, la comé die é tait plus complè te encore; ils é taient capable d’accomplir avec leurs jambes certains actes particuliers qui semblaient trè s compliqué s, ils pouvaient sauter, danser, marcher à cloche-pied, courir, mais ils tombaient par terre dè s qu’ils essayaient de marcher; la marche simple et correcte é tait la seule chose qu’ils ne pouvaient plus faire. Pendant quelque temps ce symptô me bizarre qu’on appelait l’astasie-abasie hysté rique resta à peu prè s isolé; mais bientô t il fallut reconnaî tre qu’il y avait beaucoup de paralysies analogues à celles-là et que les paralysies systé matiques é taient mê me assez fré quentes. Certains sujets peuvent encore marcher et ne peuvent pas se tenir debout, d’autres perdent certaines fonctions des mains. Par exemple ils oublient souvent leur mé tier; une couturiè re ne sait plus coudre, quoiqu’elle n’ait aucune paralysie de la main, une blanchisseuse ne sait plus tenir le fer à repasser, ou, ce qui est trè s fré quent, les jeunes filles ne savent plus du tout é crire ou jouer du piano. On a montré autrefois des faits du mê me genre à propos des fonctions de la bouche: le malade ne sait plus siffler ou souffler tandis qu’il peut faire tous les autres mouvements des lè vres. Ces exemples suffisent pour montrer qu’il y a trè s souvent chez les hysté riques des paralysies systé matiques dans lesquelles le sujet ne perd pas tous les mouvements d’un membre, mais seulement un certain systè me de mouvements groupé s par l’é ducation en vue d’un mê me but, pour exé cuter un certain acte.

 

Dans un second groupe se rangent les paralysies localisé es dont les limites semblent dé terminé es par la forme anatomique d’un membre plutô t que par une fonction systé matique; elles semblent enlever toutes les fonctions d’un bras, d’une jambe, d’une main. Elles peuvent porter aussi sur la face et sur le tronc, quoique ces faits soient moins fré quents et moins bien connus. J’ai publié à ce propos l’observation d’une jeune fille de quinze ans qui, aprè s une chute dans un puit, a pré senté e pendant plusieurs mois une paralysie totale des muscles du tronc. Si on la mettait assise, le corps tombait indé finiment d’un cô té ou de l’autre, sans qu’elle pû t aucunement se soutenir. On voit par cet exemple que ces paralysies localisé es ont la mê me origine que les pré cé dentes, qu’elle se dé veloppent aprè s des chocs, des é motions, ou des fatigues. Nous retrouvons ici ces jeunes filles dont la main droite se paralyse complè tement parce qu’elles se fatiguent à pré parer un morceau de piano et qu’elles doivent le jouer dans une cé ré monie impressionnante. Il faut seulement ajouter que des paralysies localisé es peuvent se dé velopper à la suite des paralysies systé matiques pré cé dentes dont elles semblent ainsi n’ê tre qu’un degré plus é levé; pendant un certain temps il n’y a qu’une forme d’astasie-abasie, puis peu à peu une jambe ou les deux jambes se paralysent complè tement. On vient de voir l’observation de cette ouvriè re qui, à la suite d’é motions dans son travail, a eu une paralysie systé matique de la couture. Avant de parvenir à la gué rison, elle a traversé des pé riodes varié es pendant lesquelles, tantô t la paralysie é tait nettement limité e à la couture, tantô t elle s’é tendait plus loin sur un plus grand nombre de fonctions de la main et l’empê chait par exemple aussi de bien tenir un crayon, tantô t elle é tait tout à fait complè te et supprimait tous les mouvements de la main que la malade ne pouvait plus bouger volontairement.

 

La paralysie peut s’é tendre encore davantage et atteindre plusieurs membres à la fois: par exemple, elle peut prendre la forme paraplé gique dans laquelle les deux jambes sont paralysé es complè tement. Cet accident survient souvent quand une é motion surprend l’individu pendant la marche et qu’elle produit l’affaiblissement, le dé robement des jambes. Une jeune infirmiè re de vingt-cinq ans, qui avait sans doute peu de pré paration pour son mé tier, vit la nuit une malade en crise de somnambulisme qui se levait et qui circulait enveloppé e dans un drap. Elle la prit pour un fantô me et eut une peur terrible; elle sentit ses jambes flageoler et tomba sans pouvoir se relever. À la suite de cette é motion elle resta paraplé gique pendant plusieurs mois. Cet accident survient aussi aprè s les accouchements et aprè s les maladies un peu longues dans lesquelles les malades sont resté s au lit. Enfin c’est là un accident qui se rattache trè s souvent à toutes les é motions gé nitales; la paraplé gie s’observe fré quemment non seulement aprè s les accouchements, mais aprè s les viols, aprè s les excè s de masturbation ou simplement dans le cour d’une é motion amoureuse; c’est une remarque dont il faut se mé fier dans le traitement de ces affections. Bien entendu la paraplé gie peut se dé velopper aprè s toutes les paralysies systé matiques des jambes, en particulier aprè s l’abasie, et souvent elle peut alterner avec elle.

 

Une autre forme de ces paralysies é tendues à plusieurs membres qui a é té plus é tudié e aujourd’hui c’est l’hé miplé gie. Une moitié du corps est entiè rement paralysé e, d’ordinaire il est vrai, la paralysie hysté rique touche les membres plutô t que la face, mais ce n’est pas une rè gle absolue. Quand la paralysie siè ge du cô té droit, il arrive souvent que la parole soit troublé e comme dans les hé miplé gies organiques et qu’un certain degré de mutisme accompagne la paralysie du bras et de la jambe. Voici l’observation d’une jeune fille de dix-neuf ans, fille d’une mè re é pileptique et ayant dé jà pré senté des accidents né vropathiques, qui est tombé e gravement malade à la suite de la mort de son pè re. La pauvre enfant le soutenait de son bras droit pendant toute l’agonie; le soir mê me aprè s la mort, elle se sentit é puisé e de fatigue surtout du cô té droit, et sa jambe droite tremblait quand elle essayait de s’appuyer sur elle; elle n’a pas pu dormir, croyant à chaque instant voir et entendre son pè re. le lendemain matin, elle eut des souffrances dans le ventre et constata la ré apparition des rè gles en dehors de leur é poque; elle se plaignait en outre d’une faiblesse plus grande du cô té droit. Le surlendemain, le bras et la jambe droite remuaient encore un peu, mais tremblaient continuellement; le troisiè me jour, l’hé miplé gie droite é tait complè te et la parole é tait entiè rement perdue. Grâ ce à un traitement purement suggestif, les mouvements sont revenus graduellement au bout de quinze jours et se sont ré tablis d’une faç on complè te ainsi que la parole.

 

C’est ici le moment de faire observer que cette hé miplé gie peut survenir d’une faç on plus dramatique à la suite d’une attaque convulsive ou d’un sommeil profond qui simule alors complè tement l’atta­que d’apoplexie. Le diagnostic est dans certains cas trè s dé licat et, quoique l’hypothè se d’une hé miplé gie fonctionnelle et d’un sommeil hysté rique associé avec elle semble singuliè re, il faut cependant y penser. Il n’y a pas longtemps, j’ai constaté un accident de ce genre chez un homme de cinquante ans qui au premier abord semblait tout à fait avoir eu une apoplexie vé ritable suivie d’hé miplé gie. Mais il ne pré sentait absolument trouble des ré flexes, il avait des mouvements subconscients dont on verra tout à l’heure l’importance, il avait eu autrefois toutes sortes d’accidents né vropathiques et il me parut plus sage de considé rer son accident comme hysté rique; une gué rison complè te aprè s un traitement purement moral vint d’ailleurs confirmer cette interpré tation.

 

À ces diverse paralysies bien connues je voudrais ajouter une derniè re forme qui est rarement signalé e à cette place. M. Paul Richer a signalé des quadriplé gies, c’est-à -dire des paralysie qui portent à la fois sur les quatre membres et il remarque qu’elles sont rares. Je crois que l’on peut observer plus fré quemment des paralysies absolument totales portant sur tous les mouvements volontaires aussi bien sur ceux de la face que sur ceux des membres. Les sujets sont absolument immobilisé s, incapables de ré agir par aucun mouvement volontaire aux excitations qu’ils sentent cependant fort bien. Aussi les prend-on d’ordinaire pour des sujets endormis et mé connaî t-on la vé ritable nature du phé nomè ne en l’appelant une crise de sommeil. Le fait caracté ristique consiste en ce que les sujets sentent tout et se souviennent de tout quand ils sortent de cet é tat, aprè s plusieurs heures ou mê me plusieurs jours. Ils racontent tout ce qui s’est passé autour d’eux, ils disent qu’ils ont essayé de bouger, de se dé fendre, mais qu’ils n’ont pas pu faire le moindre mouvement. Des faits de ce genre ont souvent joué un rô le dans les histoires de lé thargie ou de mort apparente.

 

Ces paralysies que nous venons de distinguer par leurs formes peuvent aussi se distinguer par leurs degré s. Dans les cas typiques, elles sont complè tes et portent sur toutes les forme et tous les degré s du mouvement supprimé. Dans beaucoup de cas elles sont incomplè tes et semblent ne porter que sur une partie du mouvement. Ainsi, dans l’amyosthé nie, le mouvement atteint s’exé cute encore en partie, mais avec lenteur et avec faiblesse. Ce qui est supprimé, c’est la forme vive, é nergique du mê me mouvement ou, si l’on pré fè re, ce qui est supprimé, c’est le phé nomè ne de l’effort appliqué à ce mê me mouvement.

 

Une forme trè s curieuse de ces paralysies incomplè tes est celle à laquelle j’ai proposé autrefois de donner le nom de syndrome de Lasé gue [18]. Quoique Lasé gue en ait donné l’analyse la plus pré cise, le fait é tait dé jà signalé autrefois comme une curiosité. L’une des premiè res descriptions est celle de Charles Bell en 1850: « Une mè re nourrissant son enfant, disait-il est atteinte de paralysie; elle perd la puissance musculaire d’un cô té du corps et en mê me temps la sensibilité de l’autre cô té. Circonstance é trange et vraiment alarmante, cette femme ne pouvait tenir son enfant au sein avec le bras qui avait conservé la puissance musculaire qu’à la condition de le regarder sans cesse. Si les objets environnants venaient à distraire son attention de la position de son bras, ses muscles se relâ chaient peu à peu et l’enfant é tait en danger de tomber ». Beaucoup d’auteurs comme Trousseau, Jaccoud, Landry, Briquet et surtout Lasé gue en 1864, ont examiné des cas de cette singuliè re affection qui semblait ê tre une é nigme mé dico-psychologique. Ces sujets avaient trè s bien conservé le mouvement tant qu’ils regardaient leurs membres, mais ils devenaient paralysé s dè s qu’ils ne pouvaient plus les voir. Il en ré sulte qu’ils é taient paralysé s quand on leur fermait les yeux et qu’ils é taient é galement paralysé s dans l’obscurité. Certains auteurs avaient mê me cru à ce propos qu’ils s’agissait de paralysie pé riodiques et nocturnes; en ré alité, ce trouble bizarre n’est qu’un degré, qu’une forme des paralysies fonctionnelles pré cé dentes.

 

2. - Les tremblements
et les contractures hysté riques.

 

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Les hysté riques pré sentent souvent d’autres troubles moteur fort inté ressants, quoique souvent difficiles à interpré ter, qui semblent ê tre intermé diaires entre les agitations motrices dont nous parlions dans le pré cé dent chapitre et les paralysies proprement dites. Ce sont, en particulier, les tremblements et les contractures.



  

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