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DEUXIÈME PARTIE 16 страница
Un peu plus loin, nous trouverons encore des troubles relatifs à l’intestin, en particulier ceux qui ont rapport à la dé fé cation ou à l’expulsion de gaz par le rectum. Dans bien des constipations intervient une inertie né vropathique et dans l’expulsion exagé ré e des gaz il y a souvent des tics automatiques.
3. - Les troubles de la respiration.
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Les modifications de la respiration sont trè s nombreuses chez les né vropathes; naturellement elles portent surtout sur les parties supé rieures de la fonction respiratoire, sur celles qui sont en rapport avec la conscience, avec l’attention, avec l’é motion
La respiration de ces malades semble quelquefois s’exagé rer dans son ensemble : c’est le fait qui a é té souvent dé crit sous le nom de polypné e hysté rique. En voici un beau cas: Ar…, un homme de 30 ans, contremaî tre dans un port de mer, commandait à des ouvriers qui manœ uvraient un cabestan pour é lever un grand mâ t. Il vit une corde casser et le mâ t s’incliner, il se figura que le mâ t tombait sur ses ouvriers, et il poussa de grands cris. Aucun accidents ne se produisit d’ailleurs, mais il fut si fatigué par cette é motion qu’il fut obligé de rentrer chez lui. Le lendemain on s’aperç ut qu’il respirait d’une faç on bizarre; peu à peu le trouble respiratoire s’est accentué et a pris la forme suivante. Notre homme respirait constamment avec une vitesse et une force inouï es, sa poitrine se soulevait trè s fort et trè s vite, sans aucune interruption, 88 ou 97 fois par minute. Cette respiration formidable l’é puisait, le mettait en sueur, et surtout ne lui laissait aucune liberté d’esprit: il restait immobile sur sa chaise, ne pensant à rien, ne faisant que respirer. Il est inté ressant de noter cette relation des troubles respiratoires et des troubles de l’attention. Dè s qu’on l’hypnotise, la respiration se clame et on le gué rit d’ailleurs trè s vite par ce procé dé. Mais il faut ajouter ici un fait curieux sur lequel nous aurons à revenir: cet homme resta gué ri pendant deux ans, puis il fut bouleversé par la mort de sa petite fille. Quel trouble pré senta-t-il à la suite de ce chagrin? Eut-il des attaques de somnambulisme ou des crises convulsives comme nous l’avons observé chez tant de malades dans ces circonstances? Non, ce fut encore la mê me polypné e qui recommenç a et qu’il fallut gué rir par les mê mes procé dé s. Un sujet qui a dé jà pré senté une forme particuliè re d’hysté rie reproduit indé finiment les mê mes accidents à propos de toutes les é motions.
Aprè s ces exagé rations de l’ensemble de la respiration, é numé rons rapidement les exagé rations de dé tail, les tics portant sur telle ou telle fonction particuliè re qui s’é mancipe et se met en marche indé pendamment de la volonté et de la conscience. Voici d’abord les tics d’inspiration, l’inspiration exagé ré e en rapport d’ailleurs avec un certain sentiment de dyspné e, qui prend la forme de soupirs continuels. Un peu plus forte, cette inspiration deviendra un sanglot, puis un bâ illement. On se souvient de l’importance qu’on a attribué e autrefois au bâ illement hysté rique qu’on trouvait trè s amusant: rien de plus singulier en effet que ces pauvres filles qui toutes la journé e bâ illent à se dé sarticuler la mâ choire, deux ou trois fois par minute. C’est un des phé nomè nes où se montre le mieux la contagion de l’imitation, c’est aussi un phé nomè ne en rapport avec les troubles de l’alimentation. Il en est de mê me pour le dernier tic inspiratoire, le hoquet, qui est aussi trè s fré quent. Le hoquet n’est autre chose qu’une inspiration trè s rapide avec un certain degré de spasme de la glotte. L’air ne peut pas rentrer assez vite, parce que l’inspiration est trop rapide et aussi parce que la glotte est un peu fermé e: il en ré sulte d’abord un bruit caracté ristique et il en ré sulte aussi un certain vide thoracique qui dé termine une aspiration dans tous les organes. Ce fait joue un grand rô le dans le phé nomè ne de l’aé rophagie, chez les malades qui avalent de l’air; il joue é galement un rô le dans le vomissement.
Parmi les tics expiratoires, nous rangerons d’abord la toux hysté rique, ce petit phé nomè ne si fré quent dans les dé buts de la maladie. Ensuite, on constate le rire, ces crises de rire qui se dé veloppent pendant des heures comme de vé ritables crises de nerfs. Certains rires hysté riques peuvent ê tre en rapport avec des é tats é motifs plus ou moins subconscients: ainsi une jeune fille a subi une petite opé ration chirurgicale pour laquelle on l’a à demi chloroformé e, mais pendant cette petite opé ration insignifiante de jeunes é lè ves de l’hô pital qui l’entouraient l’ont plaisanté e et l’ont fait rire. Probablement sous l’influence du sommeil chloroformique, cet é tat é motif s’est transformé en un phé nomè ne indé pendant et automatique et le rire a persisté fort longtemps sous forme de tic [43]. Dans d’autres cas le rire n’a aucun rapport avec des é tats é motifs plus ou moins gais, il se pré sente simplement comme un phé nomè ne d’agitation, comme une sorte de dé rivation des forces nerveuses trè s difficile à expliquer.
Encore un degré de plus et l’expiration violente accompagné e de spasmes de la glotte va amener les cris les plus varié s, les fameux aboiements hysté riques. Ces phé nomè nes se pré sentaient sous forme d’é pidé mie au moyen â ge et les religieuses dans les couvents se mettaient à hurler, à aboyer ou a miauler. Le fait est aujourd’hui moins ré pandu et il n’est pas aussi é pidé mique, mais il existe bien souvent sous des formes varié es. Dans bien des cas ce tic se mé lange avec quelques-uns des troubles du langage dont nous avons dé jà parlé. L’aboiement devient peu à peu un mot particulier, le nom d’une personne, ou une obscé nité quelconque.
On comprend en effet que tous ces divers tics que nous avons analysé s peuvent se mé langer les uns avec les autres et produire des phé nomè nes complexes. Par exemple le hoquet, par le vide qu’il dé termine dans le thorax, produit un appel d’air dans l’œ sophage et amè ne les sujets à dé glutir de l’air. Au bout de trois ou quatre hoquets l’estomac est plein d’air, ce qui amè ne un autre fait: c’est l’expulsion de ces gaz de l’estomac par un rot. C’est pourquoi, si l’on veut bien y faire attention, les grands hoquets sont toujours interrompus de temps en temps par des rots de tonalité diffé rentes [44].
À ces mê mes tics complexes de la respiration je voudrais rattacher un phé nomè ne extrê mement curieux: le gonflement du ventre ou le mé té orisme [45]. Il faut bien connaî tre ce phé nomè ne, parce que c’est lui qui donne naissance aux erreurs mé dicales les plus communes et les plus grotesques. Chez certaines jeunes femmes nouvellement marié es qui dé sirent avoir un enfant, les rè gles se suppriment, le ventre grossit, les seins durcissent et se colorent, il y a des nausé es et des vomissements, les sages-femmes appelé es sentent le bras de l’enfant et fixent la date de la dé livrance. Cette date arrive et rien de cesse, on attend plus longtemps et un beau jour tout disparaî t, sans qu’on puisse savoir ce qu’est devenu l’enfant. C’est la fameuse grossesse nerveuse dont j’ai pu é tudier une douzaine de cas et dont il est bon de se mé fier. L’erreur est ici moins grave que lorsqu’on attribue ces gonflements du ventre à des tumeurs diverses et lorsqu’on conseille des opé rations.
Quoi qu’il en soit, ce gonflement abdominal n’est pas trè s aisé à expliquer: les anciennes thé ories du temps de Charcot le rattachaient à une paralysie des parois intestinales, permettant la dilatation des gaz. Je suis bien plus disposé aujourd’hui à croire qu’il s’agit de phé nomè nes respiratoires: l’un de ces phé nomè nes est un spasme du diaphragme qui reste abaissé et comprime les viscè res en avant, mais il ne dé termine que les petits gonflements. L’autre est en rapport avec cette mê me aé rophagie, cette mê me dé glutition d’air dont je parlais tout à l’heure. Certains malades rendent l’air qu’ils ont avalé par des é ructations, d’autres ne ré ussissent pas à vider leur estomac par l’orifice supé rieur. Ils forcent le pylore et envoient cet air dans l’intestin où il dé termine divers troubles de la digestion et en particulier de la diarrhé e. Mais en mê me temps cet air parvenu dans l’intestin produit un é norme gonflement de tout l’abdomen. On peut imaginer et observer bien d’autres combinaisons de ces troubles respiratoires.
À cô té de ces agitations de la respiration dont la polypné e est le type et qui dé terminent tous ces tics divers, il existe, plus souvent qu’on ne le croit, des diminutions, des sortes d’insuffisances de la respiration, de mê me que nous avons constaté des insuffisances de l’alimentation. Cependant, il est incontestable que nous ne pouvons commencer l’é tude de ces insuffisances respiratoires par l’examen d’un trouble aussi important et aussi net que l’anorexie hysté rique. Celle-ci é tait, comme on l’a vu, la suppression, la dissociation de l’alimentation tout entiè re, allant jusqu’à l’inanition et jusqu’à la mort: c’é tait une grande et complè te paralysie fonctionnelle. Existe-t-il dans les né vroses que nos considé rons ici une suppression de la respiration, une asphyxie correspondante à l’anorexie, supprimant toute respiration et allant jusqu’à la mort? Le fait a é té souvent discuté : j’hé site pour ma part à admettre qu’il puisse ê tre vrai, j’ai vu plusieurs hysté riques mourir de faim, je n’en ai pas encore vu mourir d’é touffement. L’asphyxie hysté rique, ré sultant de troubles varié s dans la fonction respiratoire, ne me semble pas susceptible en gé né ral d’amener la mort. Il arrive un moment ou l’asphyxie dé termine l’é vanouissement, c’est-à -dire l’arrê t des fonctions supé rieures du cerveau et la respiration qui é tait gê né e par ces fonctions supé rieures reprend sous une forme plus é lé mentaire, grâ ce à l’automatisme du bulbe. C’est en effet là que se trouve la raison de la diffé rence qui existe entre les troubles alimentaires et les troubles respiratoires des hysté riques. L’alimentation, ou du moins la partie mé canique de cette fonction, la pré hension des aliments, est entiè rement une fonction consciente et volontaire: mê me si nous mourons de faim, si nous sommes é vanouis par inanition, aucun mé canisme bulbaire ou mé dullaire ne nous fera manger. Tandis que la respiration n’est pas uniquement une fonction consciente et volontaire; heureusement pour nous il y a un mé canisme respiratoire fondamental en dehors de notre conscience, c’est lui qui sauvegarde nos hysté riques. Cette diffé rence entre le danger de l’anorexie et le peu de danger de l’asphyxie hysté rique est encore un fait à relever pour justifier notre interpré tation mentale de la maladie.
Quoi qu’il en soit il y a des troubles hysté riques de la respiration qui se comprennent d’ailleurs fort bien depuis que nous savons l’influence du cerveau sur cette fonction. Flourens en 1842 rattachait entiè rement la respiration au bulbe, mais depuis les travaux de Coste en 1861, de Danilewsky en 1875, de Lé pine, de Richet, de Franck, de Pachon, et surtout de Mosso, on sait trè s bien qu’il y a une respiration cé ré brale. Dans l’engourdissement du cerveau, la respiration diminue et se ré duit; il semble que dans la respiration totale il y ait une partie de respiration superflue ou de luxe, comme la nomme Mosso, qui dé pend de l’activité cé ré brale. C’est cette respiration de luxe qui chez les hysté riques peut ê tre ré duite, modifié e ou mê me supprimé e.
Nous constatons d’abord des troubles de la sensibilité respiratoire qui jouent naturellement un assez grand rô le dans l’é volution des accidents, car on sait que toute perte d’une fonction ou toutes paralysie s’accompagne d’un oubli, d’une distraction particuliè re relative aux sensations spé ciales qui jouent un rô le dans la fonction, c’est-à -dire d’une anesthé sie systé matique. Souvent on pourra constater des anesthé sies plus ou moins diffuses ré parties sur les organes de la respiration. Le nez est trè s souvent insensible et l’absence de la perception des odeurs, l’anosmie, accompagne les troubles respiratoire comme la perte du goû t accompagne les troubles de l’alimentation. La pharynx est trè s souvent insensible: autrefois Chairou voulait faire de cette insensibilité et de la perte du ré flexe pharyngien au chatouillement un symptô me caracté ristique de toute hysté rie. Cela est fort exagé ré, quoique le fait soit fré quent, puisqu’il accompagne souvent les troubles de l’alimentation et ceux de la respiration.
Le fait qui est le plus inté ressant, c’est que l’on peut dans certains cas constater une anesthé sie trè s spé ciale relative à la respiration elle-mê me. Nous sentons bien notre respiration et surtout nous sentons bien le besoin de respirer. M. Bloch, en 1897, a inventé un curieux appareil pour mesurer cette sensibilité respiratoire. Le sujet est obligé de respirer au travers d’un tube dont l’extré mité est fermé e par une fenê tre de dimension calculé e. Une vis permet de ré duire graduellement les dimensions de cette fenê tre et le sujet qui a les yeux fermé s doit indiquer à quel moment il commenç a à sentir une gê ne respiratoire. Les chiffres obtenus sont assez variables suivant le sujet et suivant l’é tat où il se trouve, mais j’ai pu observer que chez certains hysté riques ces chiffres sont souvent trè s diffé rents de la normale et infiniment plus ré duits. Le malade ne signale le besoin de respirer que trè s tard, beaucoup plus tard que ne le ferait un individu normal. Il y a là une inconscience spé ciale du besoin respiratoire, que l’on peut jusqu’à un certain point rapprocher de l’anorexie ou de l’inconscience de la faim.
Ces troubles de sensibilité sont accompagné s par des troubles moteurs dont les sujets ont plus ou moins conscience. Il ne savent plus respirer volontairement, bien qu’il n’arrivent pas à l’asphyxie totale pour les raisons physiologiques que nous venons de voir. Ils ne savent plus ajouter à leur respiration ce luxe auquel nous sommes habitué s et quoiqu’ils en sentent mal la privation, ils é prouvent à ce propres des sentiments de gê ne qu’ils ne savent pas rapporter à leur vé ritable cause. C’est ce qui dé termine les diffé rentes varié té s de dyspné e ou d’é touffement. Ces accidents surviennent soit à la suite d’accidents ou de maladies lé gè res portant sur les organes respiratoire, anormale pendant la veille, redevient vite normale pendant le somnambulisme ou pendant les pé riodes de distraction, car le trouble ne porte que sur la respiration consciente et en quelque sorte supé rieurs: l’accident est tout à fait conforme aux rè gles qui s’appliquaient aux paralysies.
Il ne faudrait pas croire cependant qu’il s’agisse dans ces faits de vé ritable paralysie de tel ou tel organe de la respiration. Ce que j’ai constaté le plus souvent, c’est un dé sordre respiratoire, une absence de ré gularité et d’harmonie. La respiration dé pend d’organes complexes, le nez, le pharynx, la glotte, la cage thoracique, le diaphragme; pour qu’elle s’effectue correctement, il faut que tout marche à la fois et dans le mê me sens. Il est inutile de dilater le thorax si on ferme la glotte, ou si on relè ve le diaphragme. Le trouble respiratoire est moins une paralysie proprement dite qu’un dé faut de synergie; cela est encore inté ressant pour comprendre ces paralysie né vropathiques qui sont toujours des paralysies systé matiques.
Ce caractè re systé matique est encore plus net dans certaines formes curieuse de paralysie partielle de la respiration. Un cas remarquable a é té publié, il y a quelques anné es, par M. Lermoyez; il me semble tout à fait inté ressant pour la thé orie de l’hysté rie et il aurait dû attirer l’attention beaucoup plus qu’il ne l’a fait. Il s’agit d’une jeune fille d’une vingtaine d’anné es conduite chez M. Lermoyez parce qu’elle avait le nez obstrué par des vé gé tation adé noï des. L’opé ration fut faite sans aucune difficulté. Mais on remarqua à la suite que la jeune fille ne respirait pas mieux qu’auparavant, qu’en particulier elle é tait encore forcé e de tenir la bouche ouverte. M. Lermoyez crut que le nez é tait encore obstrué; il l’examina minutieusement, mais il ne dé couvrit rien, car les voies respiratoires é taient largement ouvertes, et il voulut dé montrer à la jeune fille qu’elle respirait trè s bien par le nez. À sa grande surprise, il n’en fut rien: il n’y eut pas de souffle par les narines, la malade se tordit comme si elle é touffait et quand on insistait, en la tenant fortement, la face et les oreilles bleuirent. En un mot, cette jeune fille asphyxiait quand on lui fermait la bouche en lui laissant le nez ouvert. Il n’y avait cependant aucun obstacle en aucun point; il n’y avait qu’un dé sordre singulier du systè me nerveux, une incapacité de faire le mouvement respiratoire, de remuer le moins du monde la poitrine dè s que la bouche se trouvait fermé e. Comme le disait trè s bien M. Lermoyez, cette jeune fille avait oublié comment on s’y prenait pour respirer par le nez. N’est-ce pas une jolie dissociation de la fonction respiratoire, ou du moins d’une des parties de la fonction respiratoire?
Dans certains cas cependant le trouble respiratoire peut prendre d’autres formes plus dé terminé es, mais ce sont là des fait rares, encore en discussion, que je signale simplement à titre de problè me,. J’ai communiqué au Congrè s de Psychologie de Paris, en 1900, un fait qui, a mes yeux, n’est pas sans importance. Il s’agit de l’apparition du rythme de Cheyne Stokes dans l’hysté rie. Vers 1816, Cheyne (de Dublin) et Stokes ont dé crit une certaine irré gularité de la respiration tout à fait spé ciale et n’apparaissant, selon eux, que dans les é tats les plus graves. Ce rythme est caracté risé par des pauses respiratoires qui peuvent durer une demi-minute, alternant avec des sé ries de dix à quinze respirations, rapides. Au dé but on ne connaissant ce phé nomè ne que dans l’apoplexie cé ré brale, dans la plupart des é tats agoniques, dans certaines varié té s de tumeurs cé ré brales; plus tard on le retrouva dans la fiè vre typhoï de, dans l’uré mie, dans diverses intoxications. C’est M. Mosso le premier qui a singuliè rement gé né ralisé ce rythme respiratoire; il a montré qu’il existait quelquefois dans le simple sommeil naturel, pourvu que celui-ci fû t profond, et qu’on le retrouvait dans tous les é tats d’engourdissement cé ré bral. À une é poque où je prenais systé matiquement le graphique de la respiration de toutes les hysté riques, je fus trè s é tonné de trouver chez l’une d’elles un graphiques qui repré sentait exactement le rythme de Cheyne Stokes. Cette malade é tait toujours dans un é tat de distraction et de rê verie; lorsqu’on attirait son attention par un procé dé quelconque, sa respiration changeait et redevenait à peu prè s normale. Il en é tait d’ailleurs de mê me dans les autres cas de Cheyne Stokes que j’ai retrouvé s chez des hysté riques. Cette respiration existe chez des sujets qui sont dans un é tat de demi-sommeil et qui sont incapables de prê ter aucune attention: elle disparaî t quand le sujet est plus ré veillé et plus actif. Ces observations sont inté ressantes pour montrer le rô le de la respiration dans l’attention; elles sont aussi importante pour la thé orie de l’hysté rie, car elles nous montrent ici le trouble d’une fonction, celle de la respiration attentive, qui n’est pas une fonction connue par le sujet et qui, par consé quent, ne peut pas ê tre troublé par ses idé es pré conç ues.
Dans le mê me ordre d’idé es je voudrais signaler, plutô t à titre de curiosité, car cette fois je n’en ai vu qu’un seul cas, un phé nomè ne de paralysie du diaphragme avec respiration alternante ou en bascule [46]. On sait que dans la respiration normale le diaphragme s’abaisse quand le thorax se soulè ve, qu’il refoule activement les intestins et gonfle par consé quent le ventre pendant l’inspiration. Si le diaphragme est paralysé, il ne peut pas faire ce mouvement actif, il flotte comme un voile inerte et se laisse aspirer pendant l’inspiration en bascule. On la considé rait autrefois comme trè s dangereuse et incompatible avec la vie. Briquet cependant en avait dé jà signalé un cas d’une maniè re vague, il est vrai, chez une hysté rique dont la vie n’é tait pas compromise. J’en ai dé crit une observation avec beaucoup de pré cision à propos de cette jeune fille qui avait tout le tronc paralysé à la suite d’une chute dans un puits. C’est là, j’en conviens, un phé nomè ne trè s discutable dans l’hysté rie, et il faut en attendre la confirmation. Si elle arrive, il nous faudra admettre des fonctions plus profondes, plus anciennes, relatives au mouvement du diaphragme, qui peuvent ê tre troublé es dans certaines formes graves d’hysté rie.
La plupart de ces troubles respiratoires se retrouvent chez les deux groupes de né vropathes que nous avons signalé s chez les hysté riques et chez les psychasté niques et quand les accidents portent uniquement sur la respiration, le diagnostic est souvent fort difficile. Peut-ê tre les accidents sont-ils plus superficiels, plus irré guliers et mê me temps accompagné s de plus de pensé es pathologiques dans le groupe des psychasté niques. C’est parmi eux que l’on rencontre ces gens qui reniflent ou qui soufflent par le nez pour chasser les petites bê tes qui pourraient monter jusqu’au cerveau, ces malades qui inventent des systè mes pour bien respirer et pour bien dé glutir et qui veulent avaler une goutte d’eau entre chaque respiration.
Beaucoup d’angoisses des psychasté niques ne sont que des agitations respiratoires. Tous ces individus qui ont des phobies é prouvent des resserrements à la poitrine et croient qu’ils s’arrê tent de respirer: « Je sentais que j’é touffais, je sentais que rien ne remuait plus dans ma poitrine et il me semblait que les autres personnes ne devaient pas respirer non plus… Alors ce devait ê tre la fin du monde. Tout le monde mourrait é touffé ». Si on prend le graphique de la respiration dans ces cas, on constate toutes sortes d’irré gularité s, des respirations incomplè tes par saccades, des tré mulations du ventre trè s curieuse, de la polypné e, des soupirs convulsifs. L’é tat mental qui accompagne ces phé nomè nes se rattache nettement à la né vrose psychasté nique, mais le trouble respiratoire en lui-mê me est le plus souvent semblable à ceux qu’on observe dans l’hysté rie.
4. - Troubles urinaires,
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Je signale seulement d’une faç on rapide les troubles des fonctions urinaires qui sont plus fré quents qu’on ne le croit chez les né vropathes. On rencontre chez les hysté riques des sortes d’agitations des fonctions urinaires sous la forme d’exagé ration de la fré quence des mictions, des pollakiuries, ou des incontinences fort curieuses. Ce ne sont pas des é coulements d’urine goutte à goutte comme dans certaines incontinences par regorgement, ce sont de larges miction tout à fait analogues à des mictions normales, sauf qu’elles s’accomplissent à l’insu du sujet d’une maniè re subconsciente. Elles se produisent souvent la nuit, à l’occasion de rê ves relatifs à la miction ou simplement à l’occasion de rê ves é motionnels. On rencontre é galement des insuffisances de la fonction urinaire avec perte de la sensation du besoin d’uriner et perte du pouvoir d’uriner volontairement. Les diverses varié té s de ce phé nomè ne ont d’ailleurs des mé canismes souvent fort compliqué s.
Les autres né vropathes ont é galement des pollakiuries et des incontinences, mais d’ordinaire le phé nomè ne ne se passe pas en dehors de la conscience, il s’agit bien plutô t de besoins impé rieux en rapport avec des obsessions ou avec des manie. Telle é tait cette malade atteinte d’un singulier scrupule urinaire qui, avant de se coucher, retournait soixante fois aux cabinets, parce qu’elle n’avait jamais le sentiment d’avoir uriné d’une maniè re suffisamment complè te. Les ré tentions d’urine en rapport avec des spasmes sont trè s souvent associé es avec des timidité s, des gê nes de diffé rentes espè ces, des idé es hypocondriaque ou des scrupules relatifs à la miction.
On rencontrerait les mê mes troubles dans les fonctions gé nitales, mais ici la part des troubles intellectuels est encore plus considé rable et la plupart des symptô mes ont dé jà é té signalé s à propos des obsessions, des impulsion ou des phobies.
On a souvent rattaché aux né vroses un grand nombre de troubles de la circulation, ou mê me de troubles des sé cré tions. Comme on le verra tout à l’heure, en recherchant les caractè res de ces troubles viscé raux, ces symptô mes nouveaux soulè vent une foule de problè mes physiques et physiologiques que nous ne pouvons discuter ici complè tement. Rappelons seulement que certains de ces troubles sont incontestables et assez faciles à comprendre. On sait qu’il y a des modifications de la circulation et des sé cré tions en rapport avec des é motions vives; par exemple, on sait que le cœ ur palpite, que le visage rougit, que les yeux pleurent, que les sé cré tions gastriques ou intestinales peuvent ê tre modifié es, que les rè gles peuvent ê tre arrê té es par les é motions subites de chagrin ou mê me de joie. Si ces é motions deviennent trè s fré quentes ou à peu prè s permanentes, comme cela arrive dans certains é tats d’angoisse ou d’idé e fixe, on comprend que ces modifications viscé rales puissent se ré pé ter trè s souvent et s’aggraver: ce premier point n’est guè re mis en discussion.
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