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DEUXIÈME PARTIE 13 страница



 

Cependant les derniers problè mes qui ont é té envisagé s, à propos des paralysie hysté riques, se posent encore de la mê me faç on. Peut-on dire que l’action soit complè tement supprimé e, que le malade soit absolument incapable de marcher, de compter ou d’é crire? É videmment non; il suffit souvent de changer trè s peu de chose aux conditions de l’action pour qu’elle puisse s’exé cuter aisé ment. Supprimons les té moins, par exemple, le timide va faire tout ce qu’il ne pouvait pas exé cuter. Bien mieux, prions le sujet de renoncer pour un moment à accomplir l’action avec perfection, dispensons-le de se dé cider par lui-mê me en prenant sur nous la responsabilité, é vitons-lui le trouble de la liberté en lui imposant notre volonté, et on va le voir exé cuter tout de suite, sans é motions, ce qu’il ne parvenait pas à faire. C’est ainsi que l’agoraphobe traverse trè s bien les places si on le conduit, que le douteur accepte les ordonnances du mé decin. J’ai souvent insisté sur ces malades amusants qui se roulent en efforts dé sespé ré s « pour faire une action avec liberté, par eux-mê mes », et qui agissent tout de suite, dè s qu’on les pousse un peu en disant: « Ce n’est pas moi qui agis, ce sont mes mains ».

 

Les expé riences sont beaucoup moins pré cises que lorsqu’il s’agit des paralysie hysté riques; la condition qui facilite l’acte n’est pas toujours la mê me et n’est pas seulement la distraction ou la perte de la conscience. Ces conditions sont varié es; elles me paraissent consister surtout dans la suppression de tous ces caractè res qui rendent complè te l’action volontaire, dans la suppression de la dé cision personnelle, de la liberté, de la responsabilité, de la joie du succè s. Ce qui est perdu, ce que le sujet psychasté nique ne peut pas faire,  c’est l’action complè te avec attention, effort, liberté et plaisir.

 

Quelques-uns renoncent à ce couronnement de l’acte ou ne songent mê me pas à le chercher: ils agissent avec ennui et routine; mais d’autres veulent dé passer ce point et alors ils sentent leur impuissance et souffrent de toutes les phobies qui surviennent. Ce sont alors des impuissants, des paralytiques d’une genre trè s spé cial qu’on ne songeait pas tout d’abord à comparer aux malades pré cé dents. Il y a cependant dans tous ces troubles beaucoup d’analogies. Les hysté rique, comme les psychasté niques, n’ont perdu les uns comme les autres que les plus hauts degré s de l’action: mais les premiers ont perdu l’action consciente et personnelle, tandis que les seconds n’ont perdu que l’action volontaire et libre.


 

 

Premiè re partie. Les symptô me né vropathiques

 

Chapitre VI

 

Les troubles de la perception.

______

 

 

À cô té des fonctions de l’action volontaire se placent les fonctions de la perception qui nous permettent de prendre connaissance du milieu dans lequel nous sommes actuellement plongé s, ainsi que de l’é tat actuel de notre organisme, afin que nous puissions ré agir correctement aux diverses excitations. Un trè s grand nombre de troubles et de souffrance sont en rapport avec des troubles né vropathiques de ces fonctions de perception.

 

1- les dysesthé sies hysté riques.

 

 

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On pourrait ranger, sous ce titre, un trè s grand nombre d’illusions et d’hallucinations qui peuvent affecter tous les sens; mais nous avons dé jà suffisamment é tudié ces phé nomè nes à propos des troubles des idé es avec lesquels ils sont le plus souvent associé s. Nous insisterons surtout ici sur cette transformation inté ressante des perceptions qui leur donne trop souvent un caractè re pé nible, qui les rend douloureuses.  La douleur est trè s fré quente dans toutes les maladies: elle joue un rô le considé rable dans les né vroses, car les malades faibles de volonté et é motifs savent, moins que tout autre, la supporter et lui donnent vite une importance dé mesuré e.

 

Il y a d’abord, dans l’hysté rie, des douleurs que l’on peut appeler des douleurs vraies, car elles ont pour point de dé part une alté ration ré elle de l’organisme qui, chez tout homme, provoquerait une sensation pé nible. Ces malades semblent concentrer toute leur attention, toute leur conscience sur cette douleur et lui donnent des proportions qui nous paraissent trè s exagé ré es. Il est difficile de savoir si ré ellement la conscience de la douleur elle-mê me est, chez eux, beaucoup plus grande qu’elle ne serait chez nous, dans les mê mes circonstances. Il y a surtout exagé ration des manifestations exté rieures de la douleur, des cris, des contorsions, et, en mê me temps, des sentiments de peur, de dé sespoir qui se dé veloppent à propos de cette douleur. Une de ces malades hurlait dé sespé ré ment à propos d’une lé gè re piqû re à un doigt: je lui demandai de chercher avec calme si ré ellement elle souffrait beaucoup. Elle parut interloqué e: « C’est vrai, dit-elle aprè s ré flexion, je ne sens pas grand’chose; mais mon sang coule, donc, je dois souffrir beaucoup », et elle se remit à hurler. L’é motion se dé veloppe à propos d’un lé ger trouble et donne souvent au sujet l’illusion de la douleur plutô t que la douleur mê me.

 

Or, il y a, dans l‘hysté rie mê me, des conditions qui, en outre des accidents ordinaires, peuvent servir de point de dé part à ces impressions douloureuses si exagé ré es, ce sont les contractures, les spasmes dont nous venons de parler. Les contractures sont trè s souvent douloureuses et nous pouvons le comprendre en songeant à la douleur d’une contraction musculaire prolongé e jusqu’à la fatigue excessive. Ces douleurs sont surtout manifestes quand la contracture commence et quand elle se dé fait; nous connaissons, par expé rience, la douleur d’une crampe du mollet au moment où il faut la faire cesser par la compression. Ces douleurs siè gent surtout aux points les plus sensibles du muscle, c’est-à -dire aux extré mité s du muscle, à ses tendons d’insertion. C’est là que nous allons trouver une foule de points douloureux dont on n’appré cie pas toujours la cause. Les grandes contractures trè s permanentes et bien visibles sont souvent peu ou point sensibles, tandis que les petites contractures, constamment en voie de changement, dé terminent à leurs points d’insertion de grandes douleurs. On observe des douleurs dé terminé es par ce mé canisme, au pourtour des articulations, sur le tronc, au ventre ou à la poitrine, à diverses ré gions de la face, aux tempes, à la nuque, au dessous de l’angle des mâ choires, au-dessous de la langue et on les prend bien souvent pour de tout autres phé nomè nes.

 

Dans le groupe pré cé dent, il y avait encore quelque chose de ré el qui provoquait une douleur simplement exagé ré e: il n’en est plus ainsi dans le groupe suivant. Quoique la douleur semble trè s vive au moment de l’excitation d’une certaine ré gion, on ne trouve rien dans cette ré gion qui puisse la justifier. C’est qu’il faut chercher ailleurs, dans d’autres ré gions, des organes qui se transforment d’une maniè re pé nible, par association avec l’impression provoqué e, ou bien simplement dans l’é tat mental du sujet des idé es, des souvenirs, des sentiments pé nibles qui surgissent à propos de cette impression originelle. A… a é té victime d’un accident dans un ascenseur et il a eu une blessure assez sé rieuse à l’é paule gauche. Cette blessure est entiè rement gué rie. Si on touche un point quelconque du cô té gauche, il pousse des hurlements de douleur. Au point touché, il n’y a absolument rien de douloureux, mais à propos de ce contact, il a de nouveau des spasmes de l’é paule gauche, des sensations de suffocation et une terreur horrible. Comme il ne se rend pas bien compte de l’é vocation de ces phé nomè nes par association d’idé es, il dit qu’il souffre dans tout le cô té gauche. Une jeune fille, X… pré sente des impressions bizarres sur tout le cô té droit: dè s qu’elle est touché e de ce cô té, elle a des horripilations et des frissons de dé goû t, elle pré tend ne pas comprendre ce qui se passe et attribue cela à une sensibilité particuliè re de la peau du cô té droit. Nous n’avons qu’à assister à une de ses crises de dé lire à forme somnambulique pour comprendre ce qui se passe. Dans cet é tat, elle est convaincue à tort ou à raison que pendant son sommeil un individu s’est couché prè s d’elle, à droite, et qu’il a abusé d’elle. C’est cette idé e fixe, ce rê ve si l’on veut, qui se ré veille à propos de tous les contacts du cô té droit. On peut noter, à ce propos, que cette dysesthé sies est surtout notable au bas-ventre et aux seins. En gé né ral, toute hysté rique qui pré sente des troubles de sensibilité à ces ré gions a quelque idé e fixe se rattachant à des aventures amoureuses. On observe de ces dysesthé sies par association d’idé es à propos de toutes les sensations: Gu… a horreur de la couleur rouge « qui, dit-elle, lui fait mal aux yeux »: dans ses crises elle est furieuse contre des individus qui, à propos d’opinions politiques, ont mis des fleurs rouges sur le cercueil de son pè re. Un individu qui, pendant la guerre, a couché une nuit sur le sol glacé, conserve, pendant des anné es, des impressions de froid sur tous les points proé minents de son cô té gauche.

 

La notion de ces dysesthé sies par association entre une certaine sensation fournie par le contact d’un point du corps et certaines idé es fixes plus ou moins conscientes nous amè nent à comprendre un fait qui a donné lieu, autrefois à bien des discussions é tranges, le fait des points hysté rogè nes. Depuis le xvie siè cle (Mercado 1513, Mé nardes 1620, Boerhave, etc. ), on avait remarqué que la pression sur certains points du corps modifiait les phé nomè nes hysté riques, provoquait les attaques ou les arrê tait par exemple. Des possé dé es, comme sœ ur Jeanne des Anges en 1634, plaç aient leurs dé mons en divers points de leur corps; Lé viathan avait sa demeure au milieu du front, Bé hé rit sa ré sidence à l’estomac, Balaam sur la deuxiè me cô te à gauche et Isackaarum sur la deuxiè me cô te du cô té droit. Si on touchait ces points, on dé terminait le trouble nerveux, spasme, aboiement ou dé lire qui constituait la spé cialité de tel ou tel de ces diables.

 

À l’é poque de Charcot, on insistait beaucoup sur ces faits, on expliquait une foule de choses par les points hysté rogè nes, hypnogè nes, algogè nes, é rotogè nes, etc. Beaucoup d’é tudes psychologiques ont lutté contre cette interpré tation et ont montré que dans la plupart des cas il s’agissait simplement d’associations d’idé es dé veloppé es à la suite d’é motions, de suggestions ou d’habitudes.

 

Enfin, il faut dire un mot d’un troisiè me groupe de dysesthé sies plus curieuses que les pré cé dentes qui dé pendent d’un trouble de la perception elle-mê me. Nous venons de voir un homme qui conserve une impression de froid sur une jambe à la suite du souvenir d’un é vé nement où le froid a ré ellement joué un rô le. Mais nombre d’autres sujets ont, sur diverses ré gions du corps, des impressions de froid ou sentent des gouttes d’eau froide qui coulent sur la peau sans qu’il y ait, dans leur souvenir, aucun é vé nement semblable. D’autres ont des sensations d’engourdissement, de dé mangeaison, de fourmillement ou des sentiments bizarres qui les portent à croire que leurs membres sont devenus trop gros ou trop petits. En les examinant, on observe qu’à ce moment la sensibilité de cette ré gion a plus ou moins diminué et que cette diminution est toujours parallè le à ces impressions bizarres. La dysesthé sie semble, ici, en rapport avec l’anes­thé sie; elle n’est qu’une expression de l’engourdissement lui-mê me exagé ré, bien entendu, par l’é motion du sujet. C’est pourquoi l’é tude des dysesthé sies hysté riques doit toujours se complé ter par celle de leurs anesthé sies.

 

 

2. - Les anesthé sies hysté riques.

 

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Comme toujours, dans cette maladie, à cô té des exagé rations du fonctionnement automatique, nous trouvons des insuffisances de la fonction. Ici, les insuffisances de la perception constituent ce symptô me si important de l’anesthé sie hysté rique. Ce n’est peut-ê tre pas là un phé nomè ne trè s important pour le sujet qui en souffre rarement, mais c’est un phé nomè ne trè s remarquable au point de vue psychologique, qui a é té l’objet d’é tudes trè s importantes et qui a certainement joué un rô le dans le dé veloppement de la psychologie pathologique. Ces insensibilité s bizarres que pré sentent certains malades é taient connues depuis fort longtemps: elles constituaient ces marques qu’on appelait les griffes du diable et que l’on recherchait chez les possé dé s pour pouvoir les envoyer au bû cher en toute sû reté de conscience. Mais leur é tude scientifique est assez ré cente, puisqu’elle ne date guè re que des travaux de Piorry, 1843; de Maccario, 1844; de Gendrin, 1856. L’examen psychologique de ce singulier phé nomè ne a é té quelque peu commencé par Briquet, 1859, mais il date surtout de l’é poque de Charcot et de son é cole.

 

Il est impossible d’indiquer ici, mê me sommairement, toutes les observations qui ont é té faites sur l’anesthé sie hysté rique. Il nous suffit d’indiquer d’abord les faits les plus simples relatifs à la sensibilité gé né rale et ensuite quelques notions sur les anesthé sies qui affectent les sens spé ciaux.

 

Le sujet se plaint rarement de ne pas sentir, c’est un symptô me auquel il est d’ordinaire indiffé rent, à moins qu’il n’y ait en mê me temps de ces chatouillements, de ces troubles qui accompagnent quelquefois des anesthé sies incomplè tes. C’est un symptô me que le mé decin dé couvre à propos d’autres phé nomè nes. En faisant l’examen du sujet, on remarque qu’il y a certaines excitations auxquelles l’individu normal ré agit et qui laissent absolument indiffé rent le malade. Cette insensibilité est, en effet, rarement totale, presque toujours elle est plus ou moins systé matique,  c’est-à -dire qu’elle porte exclusivement sur telle ou telle caté gorie de phé nomè nes. Nous observerons le plus communé ment l’anesthé sie à la douleur, l’analgé sie, tandis que le sujet continue à sentir les impressions de toucher ou les changements de tempé rature, il ne ré agit pas aux excitations qui, d’ordinaire, provoquent de la douleur. Quelquefois, cette analgé sie est considé rable et de trè s forte excitations ne sont pas senties: j’ai dé crit une femme à qui on a pu pratiquer l’opé ration assez grave du curettage de l’uté rus sans chloroforme et qui ne manifesta aucune sensibilité [32]. Le plus souvent cette analgé sie n’est pas absolue; lorsque l’excitation est trè s forte et surtout lorsqu’elle est bizarre, anormale, elle ré veille la sensation. Certains auteurs se trompent, à mon avis, en dé clarant qu’un sujet n’avait pas d’analgé sie, parce qu’ils ré veillent momentané ment sa sensibilité par de fortes excitations é lectriques. C’est un caractè re des anesthé sies hysté riques, comme nous le verrons, que de pouvoir ê tre dissipé es par des excitations anormales. Cela n’empê che pas qu’avant ces excitations et en dehors d’elles, le sujet n’ait eu une indiffé rence spé ciale pour des traumatismes qui é veillent la douleur dans la conscience des autres hommes.

 

Une autre forme d’insensibilité porte sur les impressions de chaud ou de froid; dans d’autres cas, elle porte sur le toucher proprement dit. Le sujet ne distingue pas les contacts lé gers comme ceux des poils d’un pinceau et ne sait aucunement si on le touche ou si on ne le touche pas, ni quels objets on met dans sa main. La mê me insensibilité peut sié ger non seulement sur la peau, mais encore sur les muqueuses; l’insensibilité de la bouche, du pharynx, de la conjonctive oculaire, ont é té souvent é tudié es. Ces troubles de perception sont inté ressants, car ils s’accompagnent souvent de la suppression de certains phé nomè nes, de la suppression plus ou moins complè te du ré flexe nausé eux ou du ré flexe conjonctival des paupiè res.

 

L’anesthé sie musculaire enlè ve la connaissance de la position des membres, de leurs mouvements ou du poids que le membre soulè ve; le sujet est incapable de discerner la diffé rence qu’il y a entre les divers poids que l’on met sur sa main, il ne peut pas, quand il a les yeux fermé s, dé crire la position donné e à un de ses membres, il est incapable de placer volontairement et consciemment le membre symé trique dans la mê me position; enfin, il n’appré cie pas normalement la fatigue gé né rale ou locale. Tous ces phé nomè nes sont souvent trè s remarquables et amè nent à leur suite une foule de consé quences trè s curieuses qui ont é té l’objet des premiè res é tudes de la psychologie expé rimentale.

 

Une varié té d’anesthé sie tactile et musculaire trè s curieuse et peu connue trouble non la perception des impressions mais leur localisation. Dans sa forme la plus inté ressante, cette anesthé sie empê che le sujet de distinguer son cô té droit de son cô té gauche ou l’amè ne à commettre, à ce propos, une singuliè re erreur qui consiste à apporter toujours au cô té droit une impression faite sur le cô té gauche et ré ciproquement. J’ai publié, il y a dé jà longtemps, une é tude sur l’interpré tation de ce phé nomè ne de l’allochirie que je considé rais comme un trouble exclusivement psychologique [33]. Mon interpré tation est resté e longtemps ignoré e et ce n’est que tout ré cemment que M. E. Jones l’a reprise en la dé veloppant par de nouvelles observations [34]. La localisation des sensations dé pend du sentiment de certains caractè res propres à chaque ré gion du corps qui accompagne chaque sensation: ces caractè res sont les signes locaux que dé crivait dé jà Wundt. Ces signes locaux varient suivant les diffé rentes ré gions; mais ils sont fort semblables entre eux, quand il s’agit de deux points symé triques du corps, comme les deux poignets ou les deux pieds. En un mot, il est plus facile de distinguer les signes locaux de la main et ceux du genou que de distinguer les signes locaux de la main droite de ceux de la main gauche. Cette perte de la localisation et en particulier ce trouble spé cial de l’allochirie dé pendent d’une insensibilité systé matique portant pré cisé ment sur cette diffé rence minime des signes locaux.

 

On peut encore signaler une autre forme d’anesthé sie plus gé né rale qu’on appelle gé né ralement l’anesthé sie organique : elle enlè ve non seulement la connaissance des impressions venant de l’exté rieur, mais la conscience mê me de l’existence du membre. Ces personnes, anesthé siques d’un cô té, se sentent dans le vide si elles sont couché es sur ce cô té. Une malade ayant une anesthé sie de ce genre à la jambe, pré tendant sentir ses orteils collé s à sa cuisse, comme si le genou et la jambe avaient disparu.

 

On a aussi distingué les anesthé sies d’aprè s les ré gions sur lesquelles elles s’é tendaient.  Il est en effet inté ressant de remarquer que, dans certains cas, ces anesthé sies pré sentent à la surface du corps une ré partition assez ré guliè re. Elles couvrent tout un membre ou une portion de ce membre et se terminent par des lignes à peu prè s circulaires, perpendiculaires à l’axe du membre. C’est ce que Charcot appelait des anesthé sies en gigot, en manche de veste. Ce genre d’anesthé sie, à forme dite gé omé trique, est souvent contesté e aujourd’hui; je crois cependant en avoir constaté un trè s grand nombre de cas excessivement nets. Plus souvent, l’anesthé sie porte sur des ré gions plus vastes, sur toutes la moitié infé rieure du corps, par exemple, ou bien sur une moitié du corps et, dans ce cas, Briquet avait dé jà remarqué autrefois que l’hé mianesthé sie gauche est plus fré quente que l’hé mianes­thé sie droite. Trè s souvent, ces hé mianesthé sies se superposent à des hé miplé gies, mais elles peuvent aussi exister à peu prè s isolé ment.


 

 

3. - Les troubles de la vision
chez les hysté riques.

 

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Les mê mes insuffisances de perception peuvent alté rer les fonctions des sens spé ciaux comme elles troublaient la sensibilité gé né rale. Il existe des surdité s hysté riques quoiqu’elles soient trop souvent mé connues; quelquefois elles se dé veloppent à la suite d’une maladie ré elle du nez ou des oreilles et ne font qu’exagé rer é normé ment une diminution de l’ouï e qui é tait justifié e, mais trè s souvent aussi la surdité hysté rique se dé veloppe sans aucun accident du cô té des oreilles, à la suite d’é motions ou de fatigues, ou simplement comme consé quence d’une hé mianesthé sie qui s’é tend sur tout un cô té du corps et qui gagne mê me les sens spé ciaux. Dans certains cas on a peine à comprendre le mé canisme psychologique qui a dé terminé la localisation du trouble sur les oreilles. Une jeune fille de vingt ans, qui a dé jà eu toutes sortes d’accidents hysté riques, mais qui, habitant la campagne, n’a jamais entendu parler de ces troubles bizarres de la perception, fut un soir effrayé e, pendant l’é poque de ses rè gles, par un mauvais plaisant dé guisé en fantô me; elle eut à ce moment des tremblements, des secousses, des cris. On put la calmer et la coucher et elle dormit tranquillement; mais le lendemain elle se ré veilla absolument sourde des deux cô té s. Cette surdité a duré quinze jours et n’a cé dé qu’à un traitement hypnotique. Enfin il est facile de concevoir que, dans quelques cas, la surdité peut s’associer avec le mutisme que nous avons dé jà é tudié et dé terminer des formes plus ou moins graves de surdi- mutité hysté rique. Tout ré cemment M. Ingegnieros, de Buenos-Ayres, ajoutait un chapitre inté ressant à l’é tude de ces troubles né vropathiques de l’audition en dé crivant des surdité s musicales, des troubles portant uniquement sur la perception de la musique. Ces phé nomè nes se rapprochent é videmment des amné sies que nous avons examiné es au dé but de cet ouvrage et sont des faits un peu plus complexes.

 

Il faudrait tout un livre pour dé crire les troubles de perception qui peuvent atteindre la fonction visuelle: c’est encore là un champ d’é tudes remarquables pour la psychologie expé rimentale. Je rappelle seulement que la vision dans son ensemble et que toutes les parties de la fonction visuelle isolé ment peuvent ê tre supprimé es par l’hysté rie. En commenç ant par les phé nomè nes les plus restreints on observe d’abord la simple asthé nopie accomodative, beaucoup plus fré quente qu’on ne le croit. Ce qui est perdu dans ce cas, c’est la partie la plus é levé e de la fonction visuelle, le pouvoir non pas de voir, mais de regarder avec pré cision un objet dé terminé et d’en suivre les diffé rentes lignes. Ensuite nous rencontrons l’amblyopie: le trouble s’é tend dé jà à une vision mê me moins pré cise, c’est une diminution de l’acuité visuelle ou la perte de la vision des objets petits et dé licats.

 

Il faut signaler rapidement la dyschromatopsie ou perte de la vision des couleurs. Il arrive fré quemment, en effet, que des hysté riques, ayant encore une assez bonne acuité visuelle, cessent de percevoir les couleurs ou du moins certaines couleurs. Le violet, le bleu, le vert semblent disparaî tre les premiers; le rouge est la couleur qui paraî t persister le plus longtemps. On sait autrefois à ce propos que cette persistance de la perception du rouge explique l’affection que les hysté riques manifestent souvent pour cette couleur et pour les autres couleurs trè s voyantes. Il y a là à mon avis quelque exagé ration et il est plus probable que des raisons morales, comme le besoin trè s curieux qu’elles ont de se faire remarquer, jouent un rô le plus considé rable dans ces pré fé rences pour certaines toilettes.

 

Si nous continuons l’examen des troubles hysté riques de la vision, nous voyons que la destruction ou plutô t la dissociation peut encore pé né trer davantage et atteindre des fonctions plus importantes. Un des symptô mes hysté riques les plus remarquables est le fameux ré tré cissement du champ visuel dont l’é tude devrait ê tre plus approfondie et que nous ne pouvons faire ici. On sait que la vue, grâ ce aux dimensions de la ré tine, s’é tend sur une certaine surface qu’un œ il peut voir simultané ment sans bouger. Sans doute tous les points de cette dé finition seraient à discuter: il n’est pas bien certain, en particulier, que tous les points du champ visuel soient perç us simultané ment dans un seul et mê me acte d’attention, mais cette dé finition suffit pratiquement. Il ré sulte de cette é tendue du champ visuel que la vision se subdivise en deux fonctions, celle de la vision directe qu s’applique à l’objet placé exactement au point de fixation et la vision laté rale ou indirecte qui nous permet de voir moins distinctement des objets situé s laté ralement et en dehors du point de fixation. Chez les hysté riques, ces deux fonctions visuelles semblent se dissocier: la premiè re subsiste seule et la seconde disparaî t en partie ou complè tement. Le sujet ne voit plus que les objets situé s au point de fixation et ne perç oit plus consciemment les objets situé s laté ralement. C’est ce que l’on exprime en disant que le champ visuel de l’hysté rique est ré tré ci concentriquement. Ce symptô me de l’hysté rie a é té ré cemment mis en doute; sans discuter ici ni son origine, ni son mé canisme, j’insiste seulement sur sa ré alité. J’ai recueilli 78 belles observations de ré tré cissement du champ visuel dans les conditions les plus diverses et je considè re que cet accident, sans ê tre aussi fré quent peut-ê tre qu’on le croyait autrefois, conserve une grande importance.



  

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