Хелпикс

Главная

Контакты

Случайная статья





DEUXIÈME PARTIE 1 страница



DEUXIÈ ME PARTIE

LES É TATS NÉ VROPATHIQUES

 

 

Chapitre 1. - Les crises nerveuse

 

1. Les attaques hysté riques

2. Les fugues et les somnambulismes hysté riques

3. Les doubles personnalité s des hysté riques

4. Les somnambulismes artificiels, les hypnotismes

5. Les crises d’agitation des psychasté niques

6. Les pé riodes de dé pression des psychasté niques

 

Chapitre II. – Les stigmates né vropathiques

 

1. Le problè me des stigmates hysté riques

2. La suggestivité des hysté riques

3. La distractivité des hysté riques

4. Les stigmates communs et les stigmates psychasté niques

 

Chapitre III. – L’é tat mental hysté rique

 

1. Ré sumé des symptô mes propres à l’hysté rie

2. L’impossibilité d’une conception gé né rale anatomo-physiologique de l’hysté rie

3. L’hysté rie ré sumé e par la suggestion

4. Le ré tré cissement du champ de la conscience

5. La dissociation des fonctions dans l’hysté rie

 

Chapitre IV. - L’é tat mental psychasté nique

 

1. Ré sumé des symptô mes psychasté niques

2. La thé orie intellectuelle et la thé orie é motionnelle de la psychasté nie

3. La perte de la fonction du ré el

4. L’abaissement de la tension psychologique, les oscillations du niveau mental

 

Chapitre V. – Qu’est-ce qu’une né vroses?

 

1. Les né vroses, maladies extraordinaires

2. Les né vroses, maladies sans lé sion

3. Les né vroses, maladies psychologiques

4. Les né vroses, maladies de l’é volution des fonctions

 

 

Liste des figures

 

 

Figure 1.

Figure 2. Sché ma d'un cas d'amné sie ré trograde. Cas de Koempfen, 1835.

Figure 3. Sché ma d'un cas d'amné sie ré trograde et continue, celui de Mme D., pendant 4 ans.

Figure 4.

Figure 5.


 

 

    Note Cette é dition numé rique a é té ré alisé e grâ ce au patient et minutieux travail de Mme Janick Gilbert [interprè te en langage des signes au Cé gep de Chicoutimi], bé né vole, qui a entiè rement retapé au clavier de son ordinateur portable le texte de ce livre. La numé risation de ce vieux livre de 1919 é tait une tâ che impossible, é tant donné son é tat de dé té rioration. Je voudrais aussi remercier Mme Isabelle Saillot, pré sidente de l’Institut Pierre-Janet, qui a eu la gentillesse de nous prê ter ce livre, ou plutô t ce tré sor provenant de sa bibliothè que personnelle, autrement introuvable. Avec toute notre reconnaissance à toutes deux. Courriel de Mme Saillot: postmaster@pierre-janet. com Institut Pierre-Janet: http: //pierre-janet. com Jean-Marie Tremblay, fondateur et directeur bé né vole Les Classiques des sciences sociales.

 

 

Retour à la table des matiè res


 

Introduction

 

Retour à la table des matiè res

 

Les ouvrages courts qui ré sument en quelques idé es gé né rales un trè s grand nombre d’é tudes scientifiques sont fort difficiles à é crire et fort dangereux pour l’auteur. Ils suppriment les observations des faits particuliers qui peuvent ê tre exactes et inté ressantes mê me si les thé ories sont insuffisantes, ils ne permettent pas d’indiquer les exceptions, les restrictions que tout auteur mê me systé matique ajoute toujours à ses thè ses et qui en atté nuent la fausseté iné vitable. Ils grossissent et mettent en é vidence cette fausseté inhé rente à tout systè me qui essaie de classer et de fixer les formes innombrables et changeantes des phé nomè nes naturels. Cependant de tels ouvrages sont utiles; ils instruisent rapidement et é veillent la curiosité ainsi que le dé sir d’é tudier mieux les questions dont ils traitent. Ils montrent ce qu’il y a d’inté ­ressant et d’utile dans une conception d’ensemble, dans une mé thode; ils indiquent la voie à suivre pour critiquer et pour perfectionner. Un auteur qui a longtemps poursuivi les é tudes de dé tail doit peut-ê tre quelquefois affronter de tels ouvrages.

 

Voici vingt ans que je publie de gros volumes d’é tudes particuliè res sur les Né vroses, ces volumes contiennent plus de cinq cents observations dé taillé es de malades de toutes espè ces et de nombreuses analyses psychologiques et physiologiques de leurs troubles si varié s. Ces analyses me paraissent constituer la partie la plus inté ressante de mes recherches, elles serviront de maté riaux à ceux qui dans quelques anné es é difieront la thé orie des maladies de l’esprit humain. Mais je n’ai pas pu accumuler tant d’observations sans avoir quelque conception gé né rale, au moins quelque idé e directrice pour grouper les faits et pour pré senter un ré sumé à la mé moire. Ce sont ces quelques idé es gé né rales sur les Né vroses que, sur la demande de M. le Dr Gustave Le Bon, je voudrais ré sumer dans ce livre, en priant le lecteur de m’excuser si je ne puis les accompagner ici des dé monstrations et des discussions que j’ai souvent pré senté es ailleurs [1].

 

Ces é tudes ne peuvent pas porter sur tous les phé nomè nes appelé s à tort ou à raison né vropathiques, mais elles doivent se borner à é tudier les plus importants et les plus fré quents et surtout les mieux connus. La premiè re partie de ce livre pré sentera une description rapide d’un certain nombre de symptô mes qui me paraissent devoir rester longtemps encore dans le cadre des Né vrose et qui se rattachent à deux maladies né vropathiques fré quemment é tudié es aujourd’hui. Dans la seconde partie, j’essayerai de tirer de ces é tudes quelques notions d’ensemble sur ces deux né vroses inté ressantes, l’Hysté rie et la Psychasté nie et une conception au moins provisoire de ce qu’on peut appeler en gé né ral une né vrose.


 

PREMIÈ RE PARTIE

 

LES SYMPTÔ MES
NÉ VROPATHIQUES

______

 

 

Retour à la table des matiè res

 


 

Premiè re partie. Les symptô me né vropathiques

 

Chapitre I

 

Les idé es fixes et les obsessions.

______

 

 

Retour à la table des matiè res

 

Dè s le dé but des é tudes mé dicales, les observateurs avaient noté avec é tonnement un trouble particulier de l’intelligence, une sorte de dé lire bizarre que l’on ne pouvait ranger dans l’alié nation proprement dite, parce qu’il é tait trè s passager et ne troublait guè re les rapports du malade avec la socié té. Ce dé lire passager se pré sentait chez les Pythonisses, chez les Sybilles, sur le tré pied sacré de Delphes: il ré apparut plus tard chez les possé dé s du Diable et chez les extatiques possé dé s de Dieu, il se montra souvent chez une foule de malades tourmenté s par un chagrin, une passion ou un remords. Shakespeare nous donne, dans le drame de Macbeth, une excellente description de la conception populaire que l’on se faisait alors de ce trouble mental. Lady Macbeth marche dans son sommeil les yeux ouverts, mais sans voir les té moins; elle raconte tout haut le meurtre de Banco sans s’apercevoir de la pré sence du mé decin et de la dame suivante, elle pousse des cris de terreur, quand elle croit voir sur son doigt la fameuse tache de sang: « damné e tache, tous les parfums de l’Arabie ne t’enlè veront pas ». C’est ce phé nomè ne de l’idé e fixe que nous considé rons encore aujourd’hui comme le type de ces symptô mes surprenants que l’on range dans les né vroses. Nous verrons les principales formes qu’il prend chez diffé rents malades; ses varié té s, ou du moins deux d’entre elles, sont assez distinctes pour caracté riser dè s le dé but deux groupes de malades diffé rents. Les caractè res de ces troubles devront ensuite ê tre compris avec quelque pré cision, car ils se trouveront, si je ne me trompe, dans un grand nombre d’autres manifestations né vropathiques.

 

 

1. - Les idé es fixes de forme
somnambulique.

 

Retour à la table des matiè res

 

Dans un premier groupe d’observations, l’idé e qui trouble l’esprit se pré sente d’une maniè re exagé ré e et souvent assez dramatique pendant des é tats de conscience anormaux, des sortes de crises qui mé ritent le plus souvent d’ê tre appelé es des somnambulismes. Dans les cas les plus simples, cette idé e est le souvenir d’un é vé nement de la vie du sujet, souvenir exact mais qui se reproduit mal à propos sans rapport avec les circonstances environnantes.

 

Voici un premier exemple: une jeune femme de vingt-neuf ans, Gib…, intelligente, vive, impressionnable, reç oit un jour un peu trop brusquement une fatale nouvelle: on lui annonce que sa niè ce, habitant la maison voisine et dé jà malade depuis quelque temps, vient de succomber dans des conditions terribles. Elle se pré cipite au dehors et arrive malheureusement à temps pour voir, sur le trottoir, le cadavre de cette jeune fille qui, dans un accè s de dé lire, s’é tait pré cipité e par la fenê tre. Gib…, quoique trè s é mue, conserve en apparence son sang-froid, aide à tous les funè bres pré paratifs, assiste à l’enterrement, etc. Mais, à partir de ce moment, son humeur s’assombrit de plus en plus, sa santé s’altè re et l’on voit commencer les singuliers accidents suivants. Trè s souvent, presque tous les jours, la nuit ou le jour, elle entre dans un é tat bizarre, elle paraî t ê tre dans un rê ve: tout doucement elle bavarde avec une personne absente qu’elle appelle Pauline (c’é tait le nom de la niè ce morte ré cemment), elle lui dit qu’elle admire sont sort, son courage, que sa mort a é té trè s belle, elle se lè ve et s’approche des fenê tres, elle les ouvre, les referme, les essaye les unes aprè s les autres, monte sur l’appui de la fenê tre, et é videmment si on ne l’arrê tait pas, se pré cipiterait. Il faut la retenir, la surveiller sans cesse, jusqu’à ce qu’elle se secoue, se frotte les yeux et reprenne ses occupation ordinaires comme si rien ne s’é tait passé.

 

Un homme de trente-deux ans, Sm., pré sente un cas encore plus é trange, il est d’ordinaire toujours couché sur son lit, car il a les deux jambes paralysé es. Ne nous occupons pas aujourd’hui de cette paralysie, quoiqu’elle soit bien singuliè re. Au milieu de la nuit le voici qui se redresse tout doucement, il saute en bas de son lit avec lé gè reté, car la paralysie pré cé dente a totalement disparu; il prend son oreiller, le serre pré cieusement dans ses bras et lui parle comme à un enfant; il croit en effet tenir son petit garç on et veut l’enlever pour le faire é chapper aux persé cutions d’une belle-mè re. En portant ce fardeau, il sort de la salle sans faire de bruit, ouvre les portes, se sauve au travers des cours, puis en s’accrochant à une gouttiè re, il grimpe sur les toits, et le voici qui, avec une agilité merveilleuse, emporte son oreiller autour de tous les bâ timents de l’hô pital. C’est toute une affaire que le rattraper, de le faire descendre avec pré caution, car il se ré veille avec un air tout hé bé té, et dè s l’instant où il se ré veille de son rê ve, il est de nouveau paralysé des deux jambes, et on est obligé de la porter jusqu’à son lit. Il ne comprend rien à ce qu’on lui dit, et ne peut pas s’expliquer qu’on ait é té obligé de le chercher sur les toits un pauvre homme qu’une paralysie totale des deux jambes retient sur son lit depuis des mois.

 

Une derniè re observation, car je tiens à multiplier les exemples instructifs [2]. Nous revenons au cas banal d’une jeune fille, Irè ne, â gé e de vingt ans, qui tombe malade à cause du dé sespoir causé par la mort de sa mè re. Il faut se rappeler que la mort de cette femme a é té ré ellement trè s impressionnante et trè s dramatique. La pauvre femme, au dernier degré de la phtisie, é tait resté e seule avec sa fille dans une pauvre chambre d’ouvrier, la mort est venue peu à peu avec les é touffements, les vomissements de sang et tout son cortè ge effrayant de symptô mes. La jeune fille a lutté dé sespé ré ment contre l’impossible, elle est resté e soixante nuits prè s de sa mè re, sans se coucher, travaillant à la machine à coudre pour gagner quelques sous pendant les instants où la mourante la laissait libre. Elle a essayé de faire revivre le cadavre, de le faire respirer; dans ces essais, elle a fait tomber le corps hors du lit et au eu une peine infinie à le remonter. Ce fut toute une scè ne macabre que l’on peut aisé ment imaginer.

 

Quelque temps aprè s l’enterrement, ont commencé chez Irè ne des accidents trè s curieux et vraiment trè s impressionnants. Ce fut un des plus beaux cas de somnambulisme auquel j’aie assisté : il se prolongeait pendant des heures entiè res et il pré sentait un admirable spectacle dramatique, car aucune actrice ne pourrait jouer ces scè nes lugubres avec tant de perfections. La jeune fille, en effet, avait la singuliè re habitude de rejouer tout entiè re, dans tous ses dé tails, les scè nes qui avaient eu lieu au moment de la mort de sa mè re; tantô t elle parlait et alors elle racontait tout ce qui s’é tait passé avec une grande volubilité, faisant les demandes et les ré ponses, ou bien en faisant seulement les demandes et ayant l’air d’é couter les ré ponses. Tantô t elle se bornait à voir devant elle ces mê mes spectacles, les yeux fixes, devant les scè nes auxquelles elle assistait et en prenant des attitudes en rapport avec ces scè nes. Mais le plus souvent elle ré unissait tout, hallucinations, paroles et actions, et semblait jouer alors une comé die bien singuliè re. Quand dans son drame, la scè ne de la mort é tait achevé e, elle continuait la mê me sé rie d’idé es en pré parant son propre suicide. Elle le discutait tout haut, en ayant l ‘air de causer avec sa mè re et d’en recevoir des conseils et elle imaginait de se faire é craser par un locomotive de chemin de fer. Ce dé tail d’ailleurs é tait encore en rapport avec le souvenir d’un é vé nement ré el de sa vie. Elle croyait ê tre sur la voie et s’é tendait de tout son long sur le plancher de la salle en se disant sur les rails. Elle attendait avec impatience et effroi, elle avait des poses et des expressions de physionomie admirables qui restaient figé es pendant plusieurs minutes. Le train arrivait devant ses yeux dilaté s par la terreur, elle poussait un grand cri et restait immobile, comme morte. D’ailleurs elle ne tardait pas à se relever et à recommencer la comé die à l’une des scè nes pré cé dentes. Un caractè re en effet de ces somnambulismes, c’est qu’ils se ré pè tent indé finiment: non seulement les divers accè s successifs sont toujours exactement les mê mes avec les mê mes poses, les mê mes expressions et les mê mes paroles, mais encore au cours d’un mê me accè s assez prolongé la mê me histoire peut ê tre ré pé té e une dizaine de fois exactement semblable. Enfin l’agitation paraissait s’é puiser, le rê ve é tait moins net et graduellement ou brusquement suivant les cas, le sujet revenait à son é tat normal de conscience. Il reprenait ses occupations anté rieures sans se pré occuper le moins du monde de ce qui venait de se passer.

 

Des exemples de ce genre pourraient ê tre ré pé té s indé finiment, tous les é vé nements de la vie peuvent ê tre reproduits dans des scè nes semblables. Celui-ci ré pè te un incident dans lequel il a é té mordu par un chien, celui-là reproduit dans son rê ve l’é motion qu’il a é prouvé e quand il a é té blessé par la chute d’un ascenseur; cette petite fille recommence une scè ne qui s’est passé e à la pension et dans laquelle elle avait é té punie gravement; cette jeune fille reproduit une scè ne de viol, ce jeune homme une bataille dans la rue, cet autre un chapitre de roman qu’il a lu et dans lequel des voleurs entrent par une lucarne et le ligottent sur son lit.

 

Dans d’autres cas de ce genre, les idé es fixes porteront sur des faits tout à fait imaginaires comme on peut le voir chez les sujets qui se figurent ê tre en Enfer, au milieu des dé mons ou qui se croient transporté s dans le Ciel, ou qui jouent comme Louise Lateau la scè ne de la crucifixion. Un exemple amusant de cette forme du phé nomè ne nous est donné dans l’observation du jeune Vi… Ce jeune homme de dix-sept ans est employé dans une pharmacie, ce qui lui a permis d’acqué rir quelques vagues connaissances mé dicales; à la suite de diffé rents bouleversements, en particulier aprè s la mort de son jeune frè re, il pré sente le dé lire suivant. Presque tous les jours et souvent plusieurs fois par jour, on le voit quitter ses occupations, changer d’attitude et de langage. Il se tient debout, les yeux ouverts et marche au milieu de la salle avec dignité : il s’arrê te contre le mur, se baisse un peu, frappe avec ses doigts comme s’il percutait la poitrine d’une personne imaginaire; il s’incline et couche son oreille sur cette personne. Il se relè ve et d’un ton doctoral se met à dire: « il va mieux aujourd’hui, mais il a encore une forte toux et de la tempé rature; on entend des bruits cré pitants, vous savez, comme du sel mis sur le feu; il a mal aux reins, mal à la tê te, toujours soif, quelques suffocations; c’est bien la broncho-pneumonie, une inflammation du parenchyme du poumon. É crivez: teinture de digitale 20 gouttes, des cachets de thiocol, pour lui cicatriser le poumon… » Il avance dans la salle et continue son manè ge et ses dé monstration. Cette fois, il s’agit d’un pré tendu é pileptique: « é pilepsie idiopathique, messieurs… les circonvolutions du cerveau sont convexes, sé paré es par le conduit mé dullaire… il a de l’é pilepsie double, la tonique et la clonique. É crivez: KBr, LaBr, KI, aaa 5 grammes, sirop d’é corces d’oranges amè res 30 grammes, eau, q. s. pour 300 grammes… », etc. Il continue ainsi pendant des heures. On voit qu’il joue le rô le d’un mé decin d’hô pital qui fait la visite d’une salle, s’arrê te devant chaque lit, dit quelques mots d’explication aux é lè ves et dicte l’ordonnance. Au bout d’un certain temps Vi… paraî t fatigué, il parle plus lentement, il ferme les yeux, puis il a quelques secousses, il reprend ses occupations ordinaires ou sa lecture sans s’excuser de ce qui vient de se passer: si on lui en parle, il pré tend qu’on se moque de lui cependant dans quelque temps la mê me crise va recommencer, il va se retrouver dans la mê me salle avec les mê me malades qui n’ont aucunement changé, et il va ré pé ter au mê me endroit les mê mes gestes et les mê mes paroles.

 

Enfin dans un autre groupe nous pourrions placer des idé es fixes portant moins sur une repré sentation que sur une action.  Le sujet ne semble plus songer qu’à une action qu’il cherche à exé cuter malgré tous les obstacles. Bien des impulsions à voler, à frapper les autres, à attenter à sa propre vie, ou simplement à boire, se pré sentent sous la mê me forme que les crises pré cé dentes. J’ai souvent insisté sur l’observation de Maria, une femme de trente ans, qui se met à boire pendant des journé es entiè res tout à fait de la mê me maniè re que les somnambules pré cé dents jouaient leur comé die. Elle finit par tomber dans quelque ruisseau et se ré veille dans un hô pital ou dans une prison sans savoir pourquoi elle se trouve là et sans pouvoir comprendre ce qu’elle a fait pendant les huit jours pré cé dents. Plus souvent qu’on ne le croit, de vé ritables crimes sont exé cuté s dans ces conditions et on peut en voir un bel exemple dans l’observation ré cemment publié e par le Dr Biaute [3].

 

Dans les cas pré cé dents, l’idé e fixe se manifestait d’une maniè re complè te à la fois par des actes, des paroles, des attitudes, des perturbations é motionnelles, des hallucinations, des rê ves. Mais le syndrome peut ê tre moins complet et les premiers termes de ces manifestations peuvent ê tre supprimé s. Par exemple, l’action proprement dite disparaî t souvent, le sujet au lieu de jouer son rê ve se borne à la parler : il dé crit la riviè re où il a failli se noyer, le bateau qui chavire, le froid de l’eau. Sans doute il manifeste par ses expressions de physionomie et ses contorsions les é motions qu’il ressent, mais il ne joue pas la scè ne, il ne nage pas sur le parquet, il se borne à raconter qu’il le fait. Su… est bien amusante quand elle se figure monter au ciel, quand elle dé crit les nuages qui se rapprochent d’elle, les hommes qui deviennent tout petits, la terre qui est bien loin et les anges qui viennent au-devant d’elle: « ils volent, ils agitent leurs ailes bleues, les voici tous qui m’entourent; cher ange, garde-moi dans tes bras, c’est si doux, laisse-moi toujours dans ce bonheur! »

 

Un degré au-dessous et le sujet cesse mê me de parler, il n’exprime son idé e fixe que par l’attitude de son corps et l’expression de sa physionomie, il reste comme figé avec une expression magnifique de joie, d’extase, de peur ou de colè re. Ce sont les attitudes cataleptiques qui ont joué un grand rô le dans les é pidé mies religieuses et dans les é tudes des artistes. Un degré encore au-dessous, les attitudes des membres disparaissent, ils restent immobiles et retombent inertes si on les dé place; seuls les changements de la physionomie, les grandes modifications de la respiration et des palpitations du cœ ur indiquent les é motions qui bouleversent l’esprit du sujet. Un pas de plus encore et nous arrivons à un phé nomè ne qui n’est pas toujours bien compris: le malade semble s’ê tre é vanoui, il a les yeux fermé s, les membres en ré solution, la respiration ré guliè re, c’est en vain qu’on essaye de le secouer, il ne ré agit en aucune maniè re. Au bout d’un certain temps, trè s variable, il se ré veille de lui-mê me et soutient qu’il ne lui est rien arrivé; souvent mê me il ne se souvient pas de s’ê tre endormi. Pouvons-nous aussi comparer cet é tat aux pré cé dents et l’appeler encore une idé e fixe de forme somnambulique? Dans quelques cas, je crois que cela est exact, on peut observer d’abord que ces nouveaux accidents se produisent dans les mê mes conditions que les pré cé dents aprè s un fait é motionnant et aprè s les é vé nement qui le rappellent. Ensuite dans certains é tats que nous é tudierons plus tard on peut rappeler les souvenirs de ce qui s’est passé pendant ces sommeils, on peut forcer les sujets à dire tout haut les rê ves qu’ils ont eus. On voit alors que leur immobilité et leur inertie n’é taient qu’apparents, l’idé e fixe se dé veloppait en dedans d’eux-mê mes par des hallucinations et des images sans se manifester au dehors et le sujet se racontait à lui-mê me: « je vais mourir, voici mon petit cercueil sur deux chaises, mes amies le couvrent de roses blanches, etc. » [4]. Malgré la dé gradation des expressions exté rieures, l’idé e fixe a toujours conservé ses caractè res essentiels.

 

 

2. - Les idé es fixes partielles
ou de forme mé dianimique

 

 

Retour à la table des matiè res

 

Quand les idé es fixes deviennent ainsi incomplè tes, il se produit souvent un phé nomè ne remarquable, difficile à expliquer au point de vue clinique. Les idé es ne remplissent pas l’esprit tout entier comme dans les cas pré cé dents, d’autre pensé es é trangè res à l’idé e fixe peuvent se dé velopper chez le sujet en mê me temps ou en apparence simultané ment et le sujet quoique en proie à son idé e fixe peut continuer à parler d’autre chose. Mais ce qu’il y a de remarquable, c’est que ce sujet qui s’exprime ainsi semble ignorer le dé lire qui se dé veloppe au dedans de lui-mê me ou n’en connaî tre que quelques fragments. Non seulement il semble oublier son idé e fixe aprè s son dé veloppement mais il semble l’ignorer pendant le dé veloppement mê me.

 

Le cas le plus typique qui fera comprendre le caractè re é trange de ce groupe nous est fourni par les dé lires qui prennent la forme de l’é criture des mé diums et c’est pourquoi j’ai proposé d’appeler ces idé es fixes partielles des idé es fixes à forme mé dianimique. L’é criture des mé diums, cette é criture intelligente qui semble se produire à l’insu du sujet est, dira-t-on, un phé nomè ne artificiel dé terminé par une certaine é ducation. C’est possible, mais nous n’avons pas à rechercher en ce moment l’origine des accidents, il nous suffit de dé crire la forme qu’ils prennent dans certains cas. Or l’é criture des mé dium est toujours un dé lire partiel, d’ordinaire trè s passager et de peu d’importance, mais dans certains cas elle peut constituer un accident grave et mé rite d’ê tre prise comme type de ce groupe de phé nomè nes. L’observation de My… à laquelle je renvoie est bien remarquable. Cette femme de trente-huit ans, pour charmer ses ennuis, a pris la mauvaise habitude d’interroger les esprits: mais ceux-ci ne tardent pas à lui jouer un mauvais tour. Dè s qu’elle est distraite le moins du monde, sa main droite prend un crayon et se met à é crire une phrase qui est malheureusement toujours la mê me: « Il ne faut pas te tourmenter de ce que je vais transcrire, tu vas mourir; il est trop tard pour te gué rir, rien au monde ne peut gué rir cette maladie… ne te ré volutionne pas outre mesure, tu vas mourir, etc. ». La pauvre dame trouve cette phrase partout: elle é crit à un professeur relit la lettre il n’y a que deux lignes qui soient correctes et pendant quatre pages s’é tale la formule: « tu vas mourir, il est trop tard… » My… soutient qu’elle ne pense pas du tout à la mort, qu’elle n’a aucune envie d’é crire cette phrase et qu’elle ne se sent pas ce que fait sa main quand elle l’é crit; mais elle beau faire la brave, ces messages la bouleversent et dé terminent toutes sortes d’accidents nerveux.



  

© helpiks.su При использовании или копировании материалов прямая ссылка на сайт обязательна.