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Enchaînés à la



 

A V I S Bulletin anarchiste

pour la guerre sociale


DE TEMPETES


 

# 27 –15 mars 2020


 

 

« La tyrannie la plus redoutable n’est pas celle qui prend figure d’arbitraire, c’est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité. »

A. Libertad, 1907

 

A
vec l’épidémie passagère de Co- vid-19 qui se propage à travers le monde et les mesures drastiques

qui s’enchaînent les unes après les autres de la Chine à l’Italie, une des premières réflexions qui vient en tête est de se de- mander qui de la poule de l’autorité ou de l’œuf de la soumission est actuellement en train de faire le plus de dégâts. Cette brus- que accélération étatique de contrôles, d’interdictions, de fermetures, de mili- tarisation, d’injonctions, de bombarde- ments médiatiques, de zones rouges, de priorisation des morts et des souffrances, de réquisitions, de confinements en tous genres –typiques de n’importe quelle si- tuation de guerre ou de catastrophe–, ne tombe en effet pas du ciel. Elle prospère


 

| Enchaînés à la

couronne |

sur un terrain largement labouré par les renoncements successifs des braves su- jets de l’État à toute liberté formelle au nom d’une sécurité illusoire, mais aussi sur la dépossession généralisée de chaque aspect de notre vie et la perte d’une capa- cité autonome des individus à penser un monde complètement différent de ce- lui-ci.

 

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Comme le serinait un anarchiste il y a presque deux siècles déjà, être gouverné revient par principe à « être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, régle- menté, parqué, endoctriné, prêché, contrô- lé, estimé, apprécié, censuré, commandé », et cela « sous prétexte d’utilité publique et au nom de l’intérêt général ». Que la dicta- ture soit le fait d’un seul, d’un petit groupe ou de la majorité n’y change rien ; qu’elle soit animée par le vice ou par la vertu non plus ; qu’on soit au temps d’épidémies de domesticité technologique ou plus ba- nalement à celui de grippes citoyennes



et policières non plus. Quelles que soient les appa- rences protectrices  qu’emprunte  le  gouvernement des hommes et des choses du moment, quels que soient les prétextes sécuritaires sur lesquels il s’ap- puie, tout gouvernement est par nature ennemi de la liberté, et ce n’est pas la situation en cours qui nous démentira. A cette banalité de base qui ravit les ado- rateurs de pouvoir par en haut et fait briller les yeux de ceux qui le rêvent par en bas, rajoutons qu’il n’y a pas non plus de bergers sans troupeaux : si l’exis- tence même d’une autorité centralisée sous la forme d’État permet certes la brusque mise en résidence surveillée à une échelle souvent inédite de pans en- tiers de la population ici ou là, c’est pourtant bien une servitude volontaire largement intégrée, préparée et sans cesse renouvelée, qui rend ce genre de mesures possibles et surtout effectives. Hier au nom de la guerre ou du terrorisme, aujourd’hui au nom d’une épidémie, et demain au nom de n’importe quelle ca- tastrophe nucléaire ou écologique.

L’urgence et la peur sont en la matière les seules conseillères pour les dormeurs affolés qui, une fois privés de tout monde intérieur qui leur soit propre, vont se réfugier en un réflexe conditionné vers la seule chose qu’ils connaissent : dans les bras musclés de Papa-Etat et sous les jupes rassurantes de Ma- man-la-Science. Un travail quotidien non seulement effectué par plusieurs décennies d’écrasement des réfractaires à l’ordre de la domination (du salariat, de l’école, de la famille, de la religion, de la patrie, du genre) depuis la dernière tentative d’assaut du ciel des années 70, mais aussi par l’ensemble des auto- ritaires et des réformistes qui ne cessent de vouloir transformer les individus en troupeaux, en accord avec un monde qui conjugue parfaitement atomisa- tion et massification.

 



  

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