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● Intersectionnalité



Les dé coloniaux ont bâ ti un corpus idé ologique qui, pour n’ê tre pas sans failles, raccourcis, approximations et impasses, n’en pré sente pas moins une certaine cohé rence

Gilles Clavreul, ex-dé lé gué interministé riel à la lutte contre le racisme et l’antisé mitisme

Si les penseurs postcoloniaux dé crivaient le moment historiquement et gé ographiquement circonscrit de la colonisation et appuyaient la né cessité de la dé colonisation, les penseurs dé coloniaux é largissent le spectre à la modernité elle-mê me. La «colonialité » n’est pas une entreprise de conquê te du XIXe siè cle, mais une mentalité, une «structure» qui affecte tous les aspects de l’existence humaine. La dé colonisation a é té incomplè te car la colonisation est la matrice mê me de la culture occidentale, qui se poursuit par les moyens d’une mondialisation capitaliste. Le dé colonialisme porte donc l’idé e d’une dé construction de la culture occidentale: il faut dé coloniser les arts, la litté rature, les corpus universitaires, dé loger des bibliothè ques estudiantines les «dead white European males» («mâ les blancs occidentaux morts»), bref dé soccidentaliser l’Occident lui-mê me. On trouve les traces de cette rhé torique dans le manifeste Nous sommes les Indigè nes de la Ré publique du 16 janvier 2005 qui donnera naissance au collectif du mê me nom, pré sidé par HouriaBouteldja. Il proclame que «la France a é té [et] reste un É tat colonial», si bien que «la dé colonisation de la Ré publique reste à l’ordre du jour».

 

 «Les dé coloniaux, que cela plaise ou irrite, ont une vraie ambition intellectuelle. Ils ont bâ ti un corpus idé ologique qui, pour n’ê tre pas sans failles, raccourcis, approximations et impasses, n’en pré sente pas moins une certaine cohé rence», ré sume l’ex-dé lé gué interministé riel à la lutte contre le racisme et l’antisé mitisme, Gilles Clavreul, dans une note pour la Fondation Jean-Jaurè s. Si cette doctrine globale, nourrie par de nombreux thé oriciens, a tant de succè s chez les é tudiants, c’est sans doute parce qu’elle offre les sé ductions d’un systè me idé ologique de rechange aprè s l’effondrement du communisme.

● Intersectionnalité

La notion d’«intersectionnalité » est centrale dans ces nouveaux champs de recherche. Ce concept jargonnant a é té inventé par l’afro-fé ministe amé ricaine Kimberlé Williams Crenshaw, en 1989, pour dé signer la triple oppression que subiraient les femmes afro-amé ricaines en tant que femmes, noires et pauvres. Le paradigme de l’intersectionnalité invite à croiser les caracté ristiques identitaires d’une personne (genre, classe, sexe, religion, â ge, handicap) pour la placer sur l’é chelle des discriminations et des privilè ges. Si vous ê tes un homme blanc â gé, riche, vous cochez toutes les cases de l’oppression. Si vous ê tes une jeune femme noire pauvre, toutes celles du dominé. Exemple d’une thè se franç aise en cours en 2020 qui reprend exactement le paradigme de l’intersectionnalité: «De la mauresque à la beurette: la fabrication d’un cliché mé diatique. Une question au croisement du postcolonial et du genre».

L’intersectionnalité invite à dé passer la notion marxiste de classe dans l’anticapitalisme et la diffé rence des sexes dans le fé minisme pour croiser les diffé rents critè res. En pratique, cela aboutit bien souvent à un effacement de la classe au profit de la race et du genre, ce que dé plorent les intellectuels pourtant de gauche Sté phane Beaud et Gé rard Noiriel dans leur dernier livre, Race et sciences sociales, où ils affirment que l’appartenance sociale reste «le facteur dé terminant autour duquel s’arriment les autres dimensions de l’identité des personnes». Le livre a é té trè s mal reç u dans le milieu de la gauche universitaire radicale pour sa critique frontale du paradigme de l’intersectionnalité.

La notion d’intersectionnalité est particuliè rement pré sente dans les é tudes de genre. Elle a donné lieu à un nouveau fé minisme qui rompt avec le fé minisme universaliste, lequel affirme une solidarité des femmes entre elles face aux hommes. Ce fé minisme intersectionnel revendique, au contraire, des fé minismes diffé rents selon les groupes communautaires: fé minisme blanc (à dé construire), afro-fé minisme, fé minisme islamique etc. Ainsi, ce fé minisme intersectionnel percevra le voile non comme un outil d’oppression, mais comme un marqueur identitaire du groupe dominé des musulmanes. Il pré fé rera l’objectif de l’inclusion à celui de l’é mancipation.

Concept acadé mique qui se veut scientifique, l’intersectionnalité se dé cline en version militante par l’injonction à une «convergence des luttes» entre diffé rents groupes discriminé s (femmes, minorité s, LGBT). La convergence devant par nature se focaliser sur un point qui cumule tous les dé fauts, elle se fera contre un ennemi commun: le patriarcat blanc «hé té ronormé ».

 



  

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