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3 — Le désastre



La ré volution, telle qu'elle est rapporté e par Haffner, dé signe à la fois un é vé nement bouleversant, jusque dans l'intimité de la vie de chacun, mais aussi un vé ritable changement d'è re sous forme d'effondrement civilisationnel. L'auteur prend à té moin son pè re dont la vie, dit-il, s'achevait, non sur une dé faite, ce qui aurait impliqué d'avoir perdu contre des ennemis bien identifié s, mais sur une catastrophe, celle de la victoire de la barbarie contre la civilisation incarné e ici par la tradition de l'É tat de droit. Ce faisant, Haffner emboî te le pas à l'analyse d'un Marc Bloch dans L'é trange dé faite, ouvrage lui aussi trè s pré curseur, é crit dans les premiè res anné es de la Seconde Guerre mondiale. La victoire des nazis [sur la France - NdE] n'y est pas vue comme le ré sultat d'une bataille perdue mais bien comme l'effet d'une guerre qui n'eut pas lieu faute de combattants, une victoire qui n'é tait pas due aux qualité s et aux vertus du vainqueur, mais aux faiblesses de l'adversaire et à son effondrement avant mê me le dé but du combat.

Ici, la conjonction des causes historiques profondes et des causes conjoncturelles lié es à la monté e du nazisme eurent des effets apocalyptiques. D'un cô té une modernité où les individus dé sinvestissent la sphè re publique et se replient dans « le mé canisme de la vie courante », pieds et mains lié s à leur profession et leur emploi du temps, de l'autre une poigné e d'hommes enragé s et dé cidé s, armé s par l'idé ologie et la terreur: en conclusion, une population traqué e et acculé e à pactiser avec le diable, l'ouverture des camps, pour tous les ré calcitrants ou dé signé s comme tels, la stigmatisation et les humiliations pour les juifs et, par delà ce dé sastre humain, social et politique en cours, un nouvel ordre qui se met en place, plus proche de l'enfer que d'une vie humaine.

En effet, cette victoire des nazis, ce fut aussi celle d'une idé ologie et d'un langage qui s'impose à tous les esprits par la force et la terreur. L'auteur mentionne alors les nouveaux sujets soulevé s par les nazis, absurdes dans le contexte de l'ancienne socié té : la menace de mort appliqué à certains groupes, et en premier lieu les juifs, faisait tout d'un coup que le droit à l'existence de tel ou tel groupe devenait l'objet de discussion pour tous, enclenchant par là -mê me toutes sortes de considé rations oiseuses et de caté gories stupides (p. 212). Un idiome brutal envahissait de ses vocables les discours et les é crits: « engagement, garant, fanatique, frè re de race, dé gé né ré, sous-homme » (p. 127).



  

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