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« Histoire d'un Allemand — Souvenirs (1914-1933) », de Sebastian Haffner ou quand l'histoire se répète. à l'échelle mondiale



M. K. Scarlett Sott. net
mer., 09 juin 2021 14: 22 UTC

 

Publié aux É ditions Actes Sud en 2002, l'ouvrage de Sebastian Haffner (de son vrai nom Raimund Pretzel), Histoire d'un allemand, Souvenirs, 1914-1933 — et dont le titre original Defying Hitler en dit plus que son homologue franç ais — constitue une chronique offrant une vue saisissante sur la faç on dont les gens lambdas — que ce soit dans les mé moires d'Haffner ou aujourd'hui — deviennent corrompus jusqu'au cœ ur et comment les dé cisions qu'ils prennent individuellement jour aprè s jour ont des ramifications qui vont bien au-delà de leur choix de « se plier à la dé cision du plus grand nombre », pour le meilleur, pensent-ils.

 


Un discours de Hitler lors d'un rassemblement nazi en 1939.

Sebastian Raffner é crit:

« L'â me collective et l'â me enfantine ré agissent de faç on fort semblable. Les idé es avec lesquelles on nourrit et é branle les masses sont pué riles à n'y pas croire. Pour devenir une force historique qui mette les masses en mouvement, une idé e doit ê tre simplifié e jusqu'à devenir accessible à l'entendement d'un enfant. »


Histoire d'un Allemand, É ditions Actes Sud, Collection Babel, page 34

Nous offrons à nos lecteurs une plongé e dans ce té moignage incomparable — et saisissant d'actualité — de la monté e en puissance du totalitarisme nazi. À la lecture de ce qui suit, il est impossible de ne pas faire le lien, jusque dans les moindres dé tails de notre vie quotidienne, avec les é vé nements qui ont aujourd'hui cours dans le monde. En consé quence, toute ressemblance avec la pé riode actuelle animé e par la monté e d'un totalitarisme globalisé n'est pas fortuite.


Haffner raconte ce qu'il a ressenti et ce à quoi il a assisté lorsque Hitler est nommé chancelier le 30 janvier 1933:

« Je ne sais pas exactement quelle fut la premiè re ré action gé né rale. La mienne fut la bonne pendant une minute environ: je fus glacé de terreur. Certes, c'é tait « dans l'air » depuis longtemps. Il fallait s'y attendre. Et pourtant, c'é tait tellement irré el. Tellement incroyable, maintenant qu'on le voyait noir sur blanc. « Hitler — chancelier... » L'espace d'un instant, je sentis presque physiquement l'odeur de sang et de boue qui flottait autour de cet homme, je perç us quelque chose comme l'approche à la fois dangereuse et ré vulsante d'un animal pré dateur — une grosse patte sale qui plaquait ses griffes acé ré es sur mon visage. » — page 162

L'ouragan prenait de l'ampleur et la machine du Troisiè me Reich se mettait en branle:

« En usant des pires menaces, cet É tat exige de l'individu qu'il renonce à ses amis, abandonne ses amies, abjure ses convictions, adopte des opinions imposé es et une faç on de saluer dont il n'a pas l'habitude, cesse de boire et de manger ce qu'il aime, emploie ses loisirs à des activité s qu'il exè cre, risque sa vie pour des aventures qui le rebutent, renie son passé et sa personnalité, et tout cela sans cesser de manifester un enthousiasme reconnaissant. » — page 16 [... ]

 

« Ce qui se produisait, c'é tait l'inversion cauchemardesque des notions normales : brigands et assassins dans le rô le de la police, revê tus du pouvoir souverain; leurs victimes traité es comme des criminels, proscrites, condamné es d'avance à mort. » — page 189

Pour valider l'examen d'entré e dans la magistrature, le jeune Haffner doit faire un stage d'« é ducation idé ologique » dans un camp gé ré par des SA dans laquelle il dé couvrira ce qu'il dé crit comme l'essence de l'emprise nazie: la camaraderie.

« En acceptant de participer au jeu qu'on jouait avec nous, nous nous transformions automatiquement, sinon en nazis, du moins en maté riau que les nazis pouvaient utiliser. Et nous l'acceptions. » — page 400
[... ]
« Pendant la journé e, on n'avait jamais le temps de penser, jamais l'occasion d'ê tre un « moi ». Pendant la journé e, la camaraderie é tait un bonheur. Aucun doute: une espè ce de bonheur s'é panouit dans ces camps, qui est le bonheur de la camaraderie [... ] j'affirme avec force que c'est pré cisé ment ce bonheur, pré cisé ment cette camaraderie, qui peut devenir un des plus terribles instruments de la dé shumanisation — et qu'ils le sont devenus entre les mains des nazis. » — pages 416 & 417
[... ]
« la camaraderie annihile le sentiment de la responsabilité personnelle, qu'elle soit civique ou, plus grave encore, religieuse. L'homme qui vit en camaraderie est soustrait aux soucis de l'existence, aux durs combats pour la vie. Il loge à la caserne, il a ses repas, son uniforme. Son emploi du temps quotidien lui est prescrit. Il n'a pas le moindre souci à se faire. » — page 419
[... ]
« Beaucoup plus grave encore, la camaraderie dispense l'homme de toute responsabilité pour lui-mê me, devant Dieu et sa conscience. Il fait ce que tous font. Il n'a pas le choix. Il n'a pas le temps de ré flé chir... ] Sa conscience, ce sont ses camarades: elle l'absout de tout, tant qu'il fait ce que font tous les autres. » — page 420



  

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