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MALLARMÉ. Poésies. BAUDELAIRE. Le Spleen de Paris



MALLARMÉ

Poé sies

Sainte

 

 

À la fenê tre recé lant

Le santal vieux qui se dé dore

De sa viole é tincelant

Jadis avec flû te ou mandore,

 

Est la Sainte pâ le, é talant

Le livre vieux qui se dé plie

Du Magnificat ruisselant

Jadis selon vê pre et complie:

 

À ce vitrage d’ostensoir

Que frô le une harpe par l’Ange

Formé e avec son vol du soir

Pour la dé licate phalange

 

Du doigt que, sans le vieux santal

Ni le vieux livre, elle balance

Sur le plumage instrumental,

Musicienne du silence.


BAUDELAIRE

Le Spleen de Paris

À Arsè ne Houssaye

 

Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu’il n’a ni queue ni tê te, puisque tout, au contraire, y est à la fois tê te et queue, alternativement et ré ciproquement. Considé rez, je vous prie, quelles admirables commodité s cette combinaison nous offre à tous, à vous, à moi et au lecteur. Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rê verie, vous le manuscrit, le lecteur sa lecture; car je ne suspends pas la volonté ré tive de celui-ci au fil interminable d’une intrigue superflue. Enlevez une vertè bre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l’espé rance que quelques-uns de ces tronç ons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j’ose vous dé dier le serpent tout entier.

J’ai une petite confession à vous faire. C’est en feuilletant, pour la vingtiè me fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit, d’Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n’a-t-il pas tous les droits à ê tre appelé fameux? ) que l’idé e m’est venue de tenter quelque chose d’analogue, et d’appliquer à la description de la vie moderne, ou plutô t d’une vie moderne et plus abstraite, le procé dé qu’il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si é trangement pittoresque.

Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rê vé le miracle d’une prose poé tique, musicale sans rhythme et sans rime, assez souple et assez heurté e pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’â me, aux ondulations de la rê verie, aux soubresauts de la conscience?

C’est surtout de la fré quentation des villes é normes, c’est du croisement de leurs innombrables rapports que naî t cet idé al obsé dant. Vous-mê me, mon cher ami, n’avez-vous pas tenté de traduire en une chanson le cri strident du Vitrier, et d’exprimer dans une prose lyrique toutes les dé solantes suggestions que ce cri envoie jusqu’aux mansardes, à travers les plus hautes brumes de la rue?

Mais, pour dire le vrai, je crains que ma jalousie ne m’ait pas porté bonheur. Sitô t que j’eus commencé le travail, je m’aperç us que non-seulement je restais bien loin de mon mysté rieux et brillant modè le, mais encore que je faisais quelque chose (si cela peut s’appeler quelque chose) de singuliè rement diffé rent, accident dont tout autre que moi s’enorgueillirait sans doute, mais qui ne peut qu’humilier profondé ment un esprit qui regarde comme le plus grand honneur du poë te d’accomplir juste ce qu’il a projeté de faire.

Votre bien affectionné,

C. B.

 




  

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