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Nerval. Les Chimères. Victor Hugo. Les Contemplations. À celle qui est voilée
Nerval Les Chimè res
El Desdichado
Je suis le té né breux, — le veuf, — l’inconsolé, Le prince d’Aquitaine à la tour abolie: Ma seule é toile est morte, — et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mé lancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé, Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie, La fleur qui plaisait tant à mon cœ ur dé solé, Et la treille où le pampre à la rose s’allie.
Suis-je Amour ou Phé bus?... Lusignan ou Biron? Mon front est rouge encor du baiser de la reine; J’ai rê vé dans la grotte où nage la syrè ne...
Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Aché ron: Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphé e Les soupirs de la sainte et les cris de la fé e.
Victor Hugo Les Contemplations
Ibo
[…] Â me à l’abî me habitué e Dè s le berceau Je n’ai pas peur de la nué e; Je suis oiseau.
Je suis oiseau comme cet ê tre Qu’Amos rê vait Que saint Marc voyait apparaî tre A son chevet,
Qui mê lait sur sa tê te fiè re, Dans les rayons, L’aile de l’aigle à la criniè re Des grands lions.
J’ai des ailes. J’aspire au faî te; Mon vol est sû r; J’ai des ailes pour la tempê te Et pour l’azur. […]
À celle qui est voilé e
[…] Je suis l’algue des flots sans nombre, Le captif du destin vainqueur; Je suis celui que toute l’ombre Couvre sans é treindre son cœ ur.
Mon esprit ressemble à cette î le, Et mon sort à cet océ an; Et je suis l’habitant tranquille De la foudre et de l’ouragan.
Je suis le proscrit qui se voile, Qui songe, et chante, loin du bruit, Avec la chouette et l’é toile, La sombre chanson de la nuit. […]
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