Хелпикс

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Note sur l’édition numérique. 50 страница



« Qui c’est donc qu’a joué du cor dans votre plaine-là ? toute la nuit!... Vous avez rien entendu?... » Il nous a demandé ç a tout de suite...

« Non!... Du cor?... Ah! Non!... qu’on a fait... Absolument pas!... Rien du tout!...

— Tiens c’est drô le quand mê me... Les vieux ils me disaient... »

Il a é té ouvrir la fenê tre... Le curé il é tait juste devant... Il a ressauté comme un cabri... Il attendait que ce moment-là... Il s’est rejeté encore à genoux au milieu de la piaule... Il a recommencé : « Notre Pè re qui ê tes aux Cieux!... Que votre rè gne arrive!... » Il ré pé tait... Il ré pé tait tout le temps ç a... comme un phonographe... Il se cognait les cô tes à deux poings!... Il tremblotait de partout... Il sautillait sur ses tibias!... Il se faisait souffrir... Il arrê tait pas une seconde... Il grimaç ait de douleurs... des mimiques de torturé !... « Que votre rè gne arrive!... Que votre rè gne arrive!... » qu’il ajoutait au plus haut.

« Oh! ben alors!... Oh! ben alors!... » Il é tait couillonné le gendarme de retrouver un piston pareil... « Ah! ç a c’est un particulier!... » Il savait pas quoi conclure... Ç a lui en bouchait plusieurs coins... La vieille elle s’occupait ailleurs, elle nous faisait chauffer du café... C’é tait bien le moment!... Il a arrê té les priè res, l’autre supplieux saint Antoine, quand il a vu entrer notre jus... Il a bondi sur une timbale... Il voulait licher tous les bols!... Ah! Il s’occupait entiè rement! Il suç ait le bec de la cafetiè re à mê me!... Il s’est bien brû lé toute la gueule... Il soufflait en locomotive... Le gendarme il s’en bidonnait... « Mais je crois qu’il est fou mon Dieu!... Sû rement qu’il est pas ordinaire!... Ah! ç a sû rement pas!... Ah! moi ce que j’en dis!... Je m’en torche!... Ç a m’est bien é gal!... C’est pas mon service les dingos!... Je les connais pas moi!... C’est de l’Assistance que ç a dé pend!... Mais moi je crois que c’est pas un curé... Il a pas la gueule!... D’où ç a qu’il serait venu?... Il serait é chappé ? de l’infirmerie alors?... Il vient pas d’un bal des fois?... Il est pas saoul?... C’est peut-ê tre qu’un dé guisement? Toujours c’est pas mon rayon!... Si c’é tait un dé serteur!... Alors ç a! Alors ç a serait mon rayon! Ç a me regarderait alors pour sû r!... Mais il a plus l’â ge mille tonnerres! Eh! Papa!... quel â ge que t’as?... Tu veux pas me le dire?... » Il ré pondait rien l’autre douteux... Il lampait le fond des ré cipients...

« Ah! Il est habile quand mê me hein? Il boit mê me avec son nez! Ah! dis donc? Hé Papa!... Ah! c’est son cor hein qu’est joli... Ah! C’est une belle piè ce!... Ah! Je me demande d’où qu’il peut venir? »

Dans la matiné e plus tard il a dé ferlé sur notre bled une vé ritable armé e de curieux!... Je me demandais d’où qu’ils pouvaient bien venir?... Dans ce pays si dé sert c’é tait une é nigme!... De Persant? Y avait jamais eu tant de monde!... à Mesloir non plus!... Ç a venait donc de bien plus loin... des autres cantons... des autres campagnes... Ils é taient devenus si nombreux, si denses, qu’ils dé bordaient sur nos cultures... Tellement ils é taient comprimé s... Ils tenaient plus sur la route... Ils pilonnaient dans les champs, les deux remblais se sont effondré s sous les charges de la populace... Ils voulaient tout voir à la fois, tout connaî tre et tout renverser... Il pleuvait dessus à grands flots... Ç a les gê nait pas du tout... Ils sont resté s quand mê me comme ç a pé tris dans la bouse... À la fin des fins ils ont envahi toute notre cour... Ils produisaient une rauque rumeur...

Au premier rang, dans nos carreaux, il s’est formé sur notre fenê tre une sorte de bourbier de grand-mè res! Ah! c’é tait joli!... Elles adhé raient contre les persiennes, elles é taient peut-ê tre au moins cinquante... Elles croassaient plus que tout le monde... Elles se bigornaient à coups de riflards!

Enfin l’ambulance promise a fini par arriver... C’é tait la toute premiè re fois qu’on la risquait hors de la ville... Le chauffeur nous a renseigné s... Le grand hô pital de Beauvais venait tout juste de faire l’achat... Qu’est-ce qu’il avait eu comme pannes!... Trois crevaisons coup sur coup!... et deux fuites d’essence... Il fallait maintenant qu’il fasse vite pour ê tre rentré avant la nuit... Nous avons fait glisser le brancard... On a pris chacun une attelle... Il fallait pas perdre une seconde!... Il avait une autre frayeur le mé canicien... c’é tait que son moulin se dé braye... Il fallait pas qu’il s’arrê te!... pas du tout!... pas une seconde!... Il fallait qu’il tourne mê me sur place!... Mais ç a pré sentait un danger à cause des petits retours de flamme... On est partis chercher Courtial... Les gens se sont rué s sur les issues. Ils nous ramponnaient tellement fort... Ils bloquaient si bien la voû te et le petit couloir, que mê me en leur foutant des trempes, en fonç ant dessus à toute bringue avec le pandore, on est passé s en laminoir... On est revenus vite avec la civiè re, on a glissé les attelles par les deux coulisses exprè s jusqu’au fin fond de la bagnole... ç a s’emboî tait exactement. On a refermé dessus les rideaux... Les grands ciré s noirs... Et c’é tait fini!... Les paysans ils se causaient plus... Ils ont ô té leurs casquettes... Toutes les pé quenouilles, les jeunes, les vioques, elles se faisaient plein de signes de croix... les pompes bien foncé es dans la boue... Et que je te pleus des pleines cascades... Elles ruminaient toutes leurs priè res... Dessus ç a coulait Nom de Dieu!... Alors le chauffeur d’ambulance il est monté sur son siè ge... il a poussé l’allumage... Pe! Pe! Tap! Te! Pe! Tap! Pe! Pe! Des renvois terribles!... Le moteur il é tait mouillé... Il renâ clait par tous les tuyaux... Enfin ç a se dé cide!... Il fait un bond... Il en fait deux... Il embraye... il roule un petit peu... Le chanoine Fleury alors quand il voit comme ç a le truc partir... Il pique un sacré cent mè tres!... Il pousse à fond. Il jaillit de la route en voltige... Il saute sur le garde-boue!... Il a fallu qu’on coure nous autres! Et qu’on l’arrache de vive force! Il se rebiffait tout sauvage!... On l’a renfermé dans la grange! Et d’un!... Mais le moteur une fois bloqué il voulait plus du tout repartir! Il a fallu qu’on pousse en chœ ur jusqu’à la crê te du plateau... qu’on redonne encore de l’é lan... Du coup, elle a dé valé la neuve ambulance dans un raffut de râ les et de saccades à travers toute la descente... encore prè s de trois kilomè tres!... Ah! c’é tait du sport!... On est revenus nous vers la ferme... On s’est assis dans la cuisine... On a un peu attendu... que les gens se lassent et se dispersent... Ils avaient plus rien à regarder, c’est é vident... mais ils bougeaient pas quand mê me!... Ceux qu’avaient pas de parapluies, ils se sont installé s dans la cour... dans le hangar du milieu, ils cassaient la croû te! Nous avons refermé nos volets.

On a recherché dans nos affaires, dans le peu qui restait à la traî ne ce qu’on pourrait bien emporter?... en fait d’habillements possibles... Faut le dire, y en avait pas chouia! La vieille elle a retrouvé un châ le... elle gardait bien sû r son falzar, toujours frusqué e comme nous autres. Elle avait plus de jupe à se mettre... Question d’aliments, il restait encore un peu de couenne dans le fond du saloir... assez pour une pâ té e au clebs... On l’emmenait aussi à la gare... On l’a fait bouffer. J’ai dé couvert heureusement un petit velours à cô tes derriè re la penderie... Une requimpette à boutons d’os! Un vrai costard de garde-chasse... C’est les mô mes qui l’avaient paumé... Ils l’avaient pas dit à personne...

En plus de mon faux raglan... ç a me ferait tout de mê me de la chaleur... et toujours la culotte cycliste!... Comme linge, c’é tait fleur totale! pas une seule liquette!... Question des tatanes?... les miennes elles tenaient encore, je les avais un peu fendues à cause des pointures trop é troites... et puis rambiné es par-dessous avec des sandales... c’é tait souple mais c’é tait froid!... La daronne elle aurait du mal à finir la route à cause de ses charentaises enfilé es dans des caoutchoucs. C’est ç a qui retenait bien la flotte... Elle se les est enroulé es en paquets avec des ficelles et autour des vieux journaux... pour que ç a lui fasse des vraies bottes et que ç a branle plus dans les panards... Persant c’é tait encore assez loin!... Et Beauvais bien davantage... Il é tait plus question de voiture!... On s’est fait repasser un peu de jus... Et puis on s’est rassemblé s avec le pandore... C’est lui qui devait nous escorter, il tenait son gaye par la bride qu’avait toujours pas son fer!... Le curé aussi voulait venir!... J’aurais bien aimé qu’on le plante là !... Qu’on l’enferme à clef derriè re nous... Mais il faisait un boucan infect aussitô t qu’il se croyait tout seul... C’é tait donc pas une solution!... Supposons qu’on le laisse en carafe, qu’on le boucle dans sa case... Et puis qu’il fracasse tout?... Qu’il s’é chappe ce possé dé... qu’il escalade sur les toits?... Et qu’il se foute en bas d’une gouttiè re?... Et qu’il se casse deux ou trois membres?... Alors qui c’est qu’est bonnard?... Qui c’est qu’on accuse?... Bien sû r c’est encore notre pomme. C’est nous qu’on é croue!... ç a faisait pas l’ombre d’un petit pli!... J’ai donc é té ouvrir sa lourde... Il s’est projeté dans mes bras!... Il me ché rissait é perdument... Par exemple, on trouvait plus le clebs... On a perdu au moins une heure à le filocher... dans le hangar, dans la grange... Il n’é tait nulle part... ce puceux... Enfin il a rappliqué... Nous é tions fin prê ts...

Tous les ploucs dehors, dans l’attente, ils ont rien dit de nous voir partir... Ils ont pas fait ouf!... Pas un mot! On leur a passé juste sous le nez... Y en avait plein les caniveaux! Des terreux... des terreux encore... On s’est donc lancé s sur la route... Lancé s... enfin c’est beaucoup dire... On marchait assez prudemment... Y avait que l’autre cloche qui se dé ratait... Il gambadait par-ci, par-là... Ç a l’intriguait fort lui le cureton de connaî tre notre itiné raire... « On va voir Charlemagne?... » qu’il s’est mis à demander tout haut... Il comprenait rien aux ré ponses!... mais il voulait plus nous quitter... Pour le semer c’é tait midi!... La balade ç a l’é moustillait... Il cavalait par-devant avec le petit clebs... Il bondissait sur un talus... Il embouchait son cor de chasse... Il soufflait dedans un petit taï aut!... Et juste en arrivant au ras il rejoignait vivement la troupe... Il emballait comme un zè bre... On est arrivé s comme ç a en trè s forte fanfare aux maisons... à l’entré e mê me de Persant... Le gendarme il a tourné à gauche... c’é tait fini sa consigne... Il nous laissait nous dé merder... Il tenait plus à notre compagnie... C’é tait pas dans sa direction... Nous on a pris le chemin de la gare... On s’est renseigné s tout de suite quant aux heures des trains... Celui de la vieille pour Beauvais, il partait juste dans dix minutes!... Une heure avant celui de Paris... Elle passait sur le quai, d’en face... C’é tait le moment de se dire « au revoir »... On s’est rien dit bien spé cialement... On s’est rien promis du tout... On s’est embrassé s...

« Ah! mais! tu piques Ferdinand!... » C’é tait ma barbe qu’elle remarquait. Une plaisanterie!... Elle é tait brave... c’é tait du mé rite en pleine caille... Elle savait pas où elle allait... Moi non plus d’ailleurs. Ç a faisait tout de mê me une petite paye qu’on affurait dans les malchances!...

Cette fois on s’é tait fait é tendre!... Ç a pouvait bien se pré voir en somme... Y avait pas trop rien à dire...

Le curé dans la gare comme ç a il a pris tout de suite un peu peur... Il se ratatinait dans un coin... Seulement il me quittait pas des yeux... Il regardait que moi sur la plateforme... é carquillé... Les gens autour ils se demandaient ce qu’on pouvait bien-foutre?... Surtout lui avec sa trompe... La rombiè re et son pantalon... Moi mon costard à ficelles... Ils osaient pas trop se rapprocher... À un moment la buraliste elle cherchait, elle nous a reconnus... « mais c’est les fous de Blê me! » qu’elle a proclamé !... Y a eu alors comme une panique... Le train de Beauvais entrait en gare... heureusement... Y a eu diversion... La grosse choute s’est é lancé e... Elle a grimpé à contre-voie... Elle est resté e dans la portiè re avec le petit clebs à Dudule... Elle me faisait des signes « au revoir »!... Je lui ai fait aussi des gestes!... Au moment que le train dé marrait... il lui a pris une dé tresse... Ah! quelque chose d’infect!... Elle me faisait des grimaces atroces dans le trou de sa portiè re... Et puis « rrah! rrah! » qu’elle faisait comme des râ les d’é gorgement... comme une espè ce d’animal...

— Herdinand! Herdinand! qu’elle a encore pu gueuler... comme ç a à travers la gare... Par-dessus tous les fracas... Le train a foncé dans le tunnel... Jamais on s’est revus!... Jamais avec la daronne... J’ai appris beaucoup plus tard qu’elle é tait morte à Salonique, j’ai appris ç a au Val-de-Grâ ce en 1916. Elle é tait partie infirmiè re à bord d’un transport. Elle est morte d’une vé role quelconque, je crois bien que ce fut du typhus, l’exanthé matique. On est donc resté s tous les deux, le chanoine et moi sur l’autre quai, sur celui de Paris. Il comprenait toujours rien... à la raison qu’on é tait là... Mais enfin il jouait plus du cor!... Il avait juste la panique que je le plaque en route... À peine le train arrivé il a sauté aussi dans le dur, derriè re moi... Jusqu’à Paris qu’il m’a collé... Je l’ai perdu un petit moment en sortant de la gare... Je me suis faufilé par une autre porte... Il m’a rejoint tout de suite la canule!... Je l’ai reperdu rue Lafayette... juste en face de la pharmacie... J’ai profité du trafic... J’ai bondi dans un tramway entre les amas des voitures... Je l’ai quitté un peu plus loin... Boulevard Magenta... Je voulais ê tre un peu tout seul... ré flé chir, comme j’allais m’orienter...

J’é tais fort é trangement vê tu... pas pré sentable dans une ville... Les gens ils me fixaient curieusement... c’é tait le moment de la sortie des magasins, des burlingues... Il devait ê tre un peu plus de sept heures... Je faisais quand mê me sensation avec mon raglan raccourci... Je me suis planqué sous une porte, c’é tait le coup de mon pardessus le plus sec à avaler... tout bouffant dans ma culotte qui me donnait la forme é tonnante! Et je pouvais pas me rhabiller là... Et puis j’avais plus de chemise! Mon grimpant tenait que par l’é paisseur!... J’avais plus de chapeau non plus... J’avais que le petit à Dudule, un Jean-Bart en cuir bouilli. Je mettais ç a là -bas... Ici, c’é tait impossible... Je l’ai balancé derriè re une porte... Y avait toujours trop de passants... pour que je me risque sur les trottoirs, sapé fantaisie... Je voulais attendre que ç a se dé gage... Je regardais la rue passer... Ce qui m’a frappé en premier lieu, c’é tait les ré cents autobus... leur modè le sans « impé riale » et les nouveaux taxis-autos... Ils é taient plus nombreux que les fiacres... Ils faisaient un barouf affreux... J’avais bien perdu l’habitude des trafics intenses... Ç a m’é tourdissait... J’é tais mê me un peu é cœ uré... J’ai acheté un petit croissant et un chocolat... C’é tait l’heure... Je les ai remis tout de suite dans ma poche... L’air ç a paraî t toujours mou quand on revient de la campagne... C’est le vent qui vous manque... Et puis alors, je me suis demandé si je rentrerais au Passage?... et directement?... Et si les bourres venaient me cueillir?... Ceux du zozoteur...

Plus haut dans le boulevard Magenta, j’ai retrouvé la rue Lafayette, celle-là, j’avais qu’à la descendre, c’é tait pas trè s difficile, la rue Richelieu, puis la Bourse... J’avais qu’à suivre toutes les lumiè res... Ah! Je le connaissais moi le chemin!... Si au contraire, je piquais à droite, j’allais tomber sur le Châ telet, les marchands d’oiseaux... le quai aux fleurs, l’Odé on... C’é tait la direction de mon oncle... Le fait de trouver un lit quelque part c’é tait pas encore le plus grave... Je pourrais toujours me dé cider au dernier instant... Mais pour trouver un emploi? ç a c’é tait coton!... Comment qu’il faudrait que je me renippe?... J’entendais dé jà la sé ance!... Et puis où j’irais m’adresser?... Je suis sorti un peu de ma planque... Mais au lieu de reprendre le Boulevard j’ai tourné par une petite rue... Je m’arrê te devant un é talage... Je regarde un œ uf dur... un tout rouge!... Je me dis: « Je vais l’acheter!... » À la lumiè re je compte mes sous... Il me restait encore plus de sept thunes et j’avais payé mon chemin de fer et celui du cureton... Je l’é pluche l’œ uf sur le comptoir, je mords dedans... Je le recrache tout de suite... Je pouvais plus rien avaler!... Merde! Ç a passait pas... Merde, que je me dis, je suis malade... J’avais le mal de mer... Je sors à nouveau... Tout ondulait dans la rue... Le trottoir... Les becs de gaz... Les boutiques... Et moi sû rement que j’allais de travers... Voilà un agent qui se rapproche... Je me hâ te un peu... Je biaise... Je me replanque dans une entré e... Je veux plus bouger du tout... Je m’assois sur le paillasson... Ç a va tout de mê me un petit peu mieux!... Je me dis: « Qu’est-ce que t’as Toto?... T’es pas devenu tellement fainé ant?... T’as plus la force d’avancer?... » Et toujours ce mal au cœ ur... La rue, elle me foutait la panique... de la voir comme ç a devant moi... sur les cô té s... à droite... à gauche... Toutes les faç ades tout ç a si fermé, si noir! Merde!... si peu baisant... c’é tait encore pire que Blê me!... pas un navet à chiquer... J’en avais les grolles par tout le corps... et surtout au bide... et à la tê te! J’en aurais tout dé gueulé... Ah! Je pouvais plus repartir du tout! J’é tais bloqué sur la devanture... Là vraiment on pouvait se rendre compte!... C’é tait pas du charre... au pied du mur quoi!... Comment qu’elle s’é tait é vertué e, ç a me revenait, la pauvre daronne, pour qu’on crè ve pas tous!... C’é tait en somme à peine croyable!... Merde! J’é tais tout seul maintenant!... Elle é tait barré e Honorine!... Merde!... C’é tait une bonne grognasse!... absolument courageuse... elle nous avait bien dé fendus!... On é tait tous polichinelles!... J’é tais bien sû r de plus la revoir... C’é tait positif!... Ç a devenait bien moche tout ç a d’un seul coup!... Et puis tout à fait infect!... C’é tait encore les nausé es... J’ai retrouvé un paillasson... J’ai vomi dans la rigole... Des passants qui se rendaient compte... Il a fallu que je dé marre... Je voulais avancer quand mê me...

Je me suis encore arrê té à l’extrê me bout de la rue Saint-Denis... Je voulais pas aller plus loin, j’ai dé couvert une encoignure, là on me voyait plus du tout... Ç a allait mieux une fois assis... c’est la bagotte qui m’é cœ urait... Quand je me sentais m’é tourdir, je regardais plutô t en l’air... Ç a m’atté nuait les malaises de relever la tê te... Le ciel é tait d’une grande clarté... Je crois que jamais je l’avais vu si net... Ç a m’a é tonné ce soir-là comme il é tait dé couvert... Je reconnaissais toutes les é toiles... Presque toutes en somme... et je savais bien les noms!... Il m’avait assez canulé l’autre olibrius avec ses orbites trajectoires!... C’est drô le comme je les avais retenus sans bonne volonté d’ailleurs... ç a il faut bien le dire... La « Caniope » et « l’Andromè de »... elles y é taient là rue Saint-Denis... Juste au-dessus du toit d’en face... Un peu plus à droite le « Cocher » celui qui cligne un petit peu contre « les Balances »... Je les reconnais tous franco... Pour pas se gourer sur « Ophiuchus »... c’est dé jà un peu plus coton... On la prendrait bien pour Mercure, si y avait pas l’asté roï de!... Ç a c’est le condé fameux... Mais le « Berceau » et la « Chevelure »... On les mé prend presque toujours... C’est sur « Pellé as » qu’on se goure bien! Ce soir-là, y avait pas d’erreur!... C’é tait Pellé as au poil!... au nord de Bacchus!... C’é tait du travail pour myope... Mê me la « Grande né buleuse d’Orion » elle é tait absolument nette... entre le « Triangle » et « l’Ariane »... Alors pas possible de se perdre... Une unique chance exceptionnelle!... À Blê me, on l’avait vue qu’une fois! pendant toute l’anné e l’Orion... Et on la cherchait tous les soirs!... Il aurait é té bien ravi l’enfant de la lentille de pouvoir l’observer si nette... Lui qui râ lait toujours aprè s... Il avait é dité un guide sur les « Repè res Asté roï des » et mê me un chapitre entier sur la « né buleuse d’Antiope »... C’é tait une surprise vé ritable de l’observer à Paris... où il est bien cé lè bre le ciel pour son opacité crasseuse!... J’entendais comme il jubilait le Courtial dans un cas pareil!... Je l’entendais dé conner, là, à cô té de moi, sur le banc...

« Tu vois, mon petit, celle qui tremble?... ç a c’est pas mê me une planè te... Ç a c’est qu’une trompeuse!... C’est mê me pas un repè re!... Un asté roï de!... C’est qu’une vagabonde!... tu m’entends?... Fais gafe!... Une vagabonde!... Tiens encore deux millions d’anné es, ç a fera peut-ê tre une lumiè re profuse!... Alors elle donnera peut-ê tre une plaque!... Maintenant c’est qu’une entourloupe et tu paumeras toute ta photo!... Et puis c’est tout ce que t’en aurais... Ah! c’est trompeur une “ vaporide ” mon petit gniard!... Pas mê me une comè te d’“ attirance ”... Te laisse pas berner, troubadour! Les é toiles c’est tout morue!... Mé fie-toi avant de t’embarquer! Ah! c’est pas les petites naines blanches! Mords-moi ç a! Comme dynamè tre! Quart seconde exposition! Brû le ton film en quart dixiè me! Qu’elles sont terribles! Ah! dé frisable! Gafe-toi Ninette! Les plaques c’est pas donné aux “ Puces ”!... Mais mon cher Evê que!... » Je les rentendais toutes ses salades!... « Une seule fois, quand tu regardes une chose... Tu dois la retenir pour toujours!... Te force pas l’intelligence!... C’est la raison qui nous bouche tout... Prends l’instinct d’abord... Quand il bigle bien, t’as gagné !... Il te trompera jamais!... » J’en avais plus moi de la raison... J’avais les guibolles en saindoux... J’ai marché quand mê me encore... Et puis j’ai retrouvé un autre banc... Je me suis tassé contre le dossier... Il faisait vraiment plus trè s chaud... Il me semblait qu’il é tait là... et de l’autre cô té de la planchette, qu’il me tournait le dos, le vieux daron. J’avais des mirages... Je dé connais à sa place... Ses propres mots absolus... Il fallait que je l’entende causer... qu’ils me reviennent bien tous... Il é tait devant moi sur l’asphalte!... « Ferdinand! Ferdinand! L’ingé niosité c’est l’homme... Ne pense pas toujours qu’au vice... » Il me racontait tous ses bobards... et je me souvenais de tous à la fois!... Je discutais maintenant tout haut!... Les gens s’arrê taient pour m’entendre... Ils devaient penser que j’é tais ivre... Alors j’ai bouclé ma trappe... Mais ç a me relanç ait quand mê me... ç a me tenaillait toute la caboche. Ils me possé daient bien les souvenirs... Je pouvais pas croire qu’il é tait mort mon vieux vice-broquin... Et pourtant je le revoyais avec sa tê te en confiture... Toute la barbaque qui remuait toujours... et que ç a grouillait plein la route!... Merde! Et la ferme à pic du talus! et puis le fils à la garce Arton... Et la truelle?... Et la mè re Jeanne? et leur brouette? et tout le temps qu’on l’avait roulé avec la daronne!... Ah! La vache! Il é tait terrible!... Il me recavalait en mé moire!... Je repensais à toutes les choses... Au bar des É meutes... à Naguè re!... Au Commissaire des Bons-Enfants... et aux effluves à la gomme!... Et à toutes les patates infectes... Ah! C’é tait dé gueulasse au fond... comme il avait pu nous mentir... Maintenant il repiquait la tante!... Il é tait là, juste devant moi... à cô té du banc... Je l’avais son odeur de bidoche... J’en avais plein le blaze... C’est ç a la pré sence de la mort... C’est quand on cause à leur place... Je me suis redressé tout d’un coup... Je ré sistais plus... J’allais crier une fois terrible... Me faire embarquer pour de bon... J’ai relevé les châ sses en l’air... pour pas regarder les faç ades... Elles me faisaient trop triste... Je voyais trop sa tê te sur les murs... partout contre les fenê tres... dans le noir... Là -haut Orionte é tait partie... J’avais plus de repè re dans les nuages... Tout de mê me j’ai repiqué Andromè de... Je m’entê tais... Je cherchais Caniope... Celle qui clignait contre l’Ours... Je me suis é tourdi forcé ment... J’ai repris quand mê me ma promenade... J’ai longé les grands Boulevards... Je suis revenu Porte Saint-Martin... Je tenais plus sur mes guizots!... Je dé ambulais dans le zigzag!... Je me rendais tout à fait compte... J’avais une peur bleue des bourriques!... Ils me croyaient saoul eux aussi!... Devant le cadran du « Nè gre » j’ai fait « pst! pst! » à un fiacre!... Il m’a embarqué...

« Chez l’oncle É douard!... que j’ai dit...

— Où ç a l’oncle É douard?...

— Rue de la Convention! quatorze! » J’allais sû rement me faire é pingler si je continuais ma vadrouille... avec ce putain de vertige... Ç a devenait un terrible risque... si les bourres m’avaient questionné... J’é tais é tourdi à l’avance. Jamais j’aurais pu leur ré pondre... La course en fiacre m’a fait du bien... Ç a m’a vraiment retapé un peu... Il é tait chez lui l’oncle É douard... Il a pas eu l’air trè s surpris... Il é tait content de me revoir... Je m’assois devant sa table... J’enlè ve un peu ma redingote... J’avais plus que le petit velours à cô tes...

« T’es drô lement sapé ! qu’il remarque... Il me demande si j’ai mangé ?



  

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