Хелпикс

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Note sur l’édition numérique. 37 страница



« Je veux te dire quelque chose, Ferdinand! qu’elle insiste comme ç a...

— Barre! que je lui fais... »

Alors je monte chercher mes bestioles... Je les redescends de la soupente. Je me mets le panier sur la tê te... et je m’en vais en é quilibre... Je sors par la rue Montpensier... Je traverse tout le Carrousel... Arrivé au quai Voltaire, je repè re bien l’endroit... Je vois personne du tout... Sur la berge, en bas des marches... j’attrape un pavé, un gros... Je l’amarre à mon truc... Je regarde bien encore autour... J’agrafe tout le fourbi à deux poignes et je le balance en plein jus... Le plus loin que je peux... Ç a a pas beaucoup fait de bruit... J’ai fait ç a automatique...

Le lendemain matin, Courtial, je lui ai cassé net le morceau... J’ai pas attendu... J’ai pas pris trente-six tournures... Il a rien eu à ré pondre... Elle non plus d’ailleurs, la ché rie, qu’é tait aussi dans le magasin... Ils ont bien vu à mon air que c’é tait pas du tout le moment de venir me faire chier la bite.

On nous aurait laissé s tranquilles qu’on s’en serait tiré s presque sû r!... On aurait mê me sauvé la mise et sans le secours de personne! Notre Gé nitron pé riodique, on pouvait pas dire le contraire il se dé fendait parfaitement... C’é tait un journal trè s suivi... Beaucoup de gens se souviennent encore comme il é tait inté ressant!... Vivant!... d’une ligne à l’autre! Du commencement jusqu’à la fin! Toujours parfaitement informé de toutes les choses de la trouvaille et des soucis des inventeurs!

De ce cô té -là, pas de charibote... Personne l’a jamais remplacé... Mais, ce qui nous foutait tout par terre, c’é tait l’autre polichinelle avec sa furie des courses... J’é tais absolument sû r qu’il devait rejouer encore... Il avait beau me dire le contraire... Je voyais les mandats arriver... « trois thunes » des abonné s nouveaux! et yop si là !... Si je prenais pas la pré caution de les planquer à l’instant mê me ils é taient fondus sur place! C’é tait fait dans un é clair! Un vrai prestidigitateur!... Comme ç a des ponctions continuelles, pas une tô le peut ré sister! Que ç a serait la Banque du Pé rou!... Il devait bien le claquer quelque part, notre petit pognon?... Il allait plus aux É meutes... Il avait donc changé son « bouc »? Je me disais: Je saurai bien lequel!... Et puis alors, juste au moment, voilà les poursuites qui recommencent!... Elles rebondissent... On le rappelle à la Pré fecture!... La petite charogne des « Bons-Enfants », il laissait pas tomber son os! Il est revenu à l’attaque! Il nous avait dans les pinces!... Il voulait nous faire crever!... Il a retrouvé des autres victimes... du fameux concours! Il est allé fouiller exprè s dans les « garnos » des Gobelins... Il les excitait sur notre pomme! Il les remettait en colè re! Il les faisait reporter des replaintes!... C’é tait plus une existence!... Il fallait bien qu’on avise!... Qu’on se dé carcasse d’une faç on!... À force de ruminer des choses... voilà ce que nous dé couvrî mes: fallait diviser pour ré soudre!... C’é tait l’essentiel!... Tous les emmerdeurs en deux classes!... D’un grand cô té... tous ceux qui ramenaient pour la forme!... Les mé lancoliques, les malchanceux de l’existence!... Ces fiotes-là, c’é tait bien simple, on leur rendrait rien du tout!... Et puis alors d’autre part ceux qui fumaient é normé ment, ceux qui sortaient pas du pé tard... Ceux-là c’é tait du pé ril!... Ceux-là il fallait les atteindre, les atté nuer de toute urgence!... discuter avec eux le « bout de gras »... Pas tout leur rendre, é videmment!... C’é tait impossible!... C’é tait hors de cause!... Mais quand mê me leur filer une « fleur »... par exemple une thune ou deux... Comme ç a ils perdraient pas tout! Ils arriveraient peut-ê tre à comprendre le cas majeur du Destin?... Question alors d’entamer ces jolies dé marches, Courtial il a tout de suite pâ li... Il s’est dé gonflé subito... Il pouvait pas y aller lui-mê me? C’é tait pas concevable!... Ç a faisait tout à fait foireux qu’il aille traî ner les paillassons... Et l’autorité alors?... Ç a lui perdait sa contenance vis-à -vis des inventeurs... Il fallait que ç a soye plutô t moi qu’irais porter la bonne parole!... Moi j’avais aucun prestige, rien à perdre comme amour-propre... Mais quel condé peu baisant! Je m’en gourais nettement d’avance! J’aurais bien flanché à mon tour, mais alors c’é tait la culbute!... Si on laissait dé river, c’é tait la fin du canard!... et puis aprè s la panique!... Et puis aprè s c’é tait la cloche!... C’é tait vraiment la tragé die pour que je me tape moi une corvé e aussi cafouilleuse...

Enfin je me suis bien ressouflé, reblindé d’avance. J’ai ré pé té tous les trucs... tout ce que je devais raconter... tout un agencement de bobards... Pourquoi ç a n’avait pas collé... dè s les pré liminaires é preuves!... à cause d’une trè s grave discussion survenue entre les savants sur un point technique fort controversé... Qu’on referait tout ç a l’anné e prochaine... Enfin une immense musique! Et je fonce dans la bagarre! Bourre, petit!... Je devais d’abord leur rendre leurs plans, toutes les maquettes, les é pures, les affutiaux biscornus!... en mê me temps que des excuses...

J’abordais les gars par la bande... Je commenç ais par leur demander si ils avaient pas reç u ma lettre?... pour leur annoncer ma visite?... Non?... Ils avaient un petit sursaut... Ils se voyaient dé jà les gagnants!... Si c’é tait l’heure de la tambouille, on m’invitait à partager! Si ils é taient en famille, alors ma jolie mission, ç a devenait devant tant de personnes d’une dé licatesse extrê me!... Il me fallait des tré sors de tact! Ils avaient fait des rê ves d’or!... C’é tait un moment hideux... Fallait pourtant que je les dissuade... J’é tais venu exprè s pour ç a... J’essayais d’y mettre bien des nuances!... Quand le hoquet les prenait, l’envie de briffer leur passait... Ils se redressaient hypnotisé s, le regard figé par la stupeur!... Alors je surveillais les couteaux... Y avait du vent dans les assiettes!... Je m’arc-boutais le dos au mur!... La soupiè re en guise de fronde!... Prê t à bloquer l’agresseur!... Je poursuivais mon raisonnement. Au premier geste un petit peu drô le, c’est moi qui dé clenchais le bastringue! Je visais mon fias en pleine bouille!... Mais, dans la plupart des endroits, cette attitude fort ré solue suffisait à me pré server... faisait ré flé chir l’amateur... Ç a se terminait pas trop mal... en congratulations baveuses... et puis grâ ce à la vinasse, en chœ ur de soupirs et de roteries... surtout si je dé chais les deux thunes!... Mais une fois, malgré la prudence et l’habitude que j’avais prise... j’ai quand mê me durement dé rouillé... C’é tait je me souviens, rue de Charonne, exactement au 72, dans un hô tel qu’existe toujours... Le mec, c’é tait un serrurier, il bricolait dans sa chambre... je suis bien payé pour le savoir... pas au deuxiè me, mais au troisiè me... Pour moi, ce type-là, son boulot, c’é tait de rassembler des trousses de « cambrioleurs »... Enfin lui, son invention pour le concours « Perpé tuel », ç a consistait en un moulin du genre dynamo, à prise « faradique variable »... Il accumulait avec ç a les forces de l’orage... Ensuite ç a n’arrê tait plus... d’un é quinoxe jusqu’à l’autre...

J’arrive donc, j’avise son tô lier en bas, je lui demande le nom: « C’est au troisiè me! »... Je monte... je frappe... j’é tais bien moulu... J’en avais dé jà plein mon sac... Je lui lâ che le morceau d’un seul coup! Le mec, il ré pond mê me pas... Je l’avais moi regardé à peine... C’é tait un vé ritable athlè te!... J’avais mê me pas fini de causer... Pas un mot!... « Baoum!... » Il me charge!... la brute m’emboutit!... Je prends tout dans le buffet!... Je bascule... Je cascade à la renverse... un taureau furieux!... Je dé bouline... Je carambole les trois é tages... On me ramasse sur le trottoir... J’é tais plus qu’une cloque... Un amas sanglant... On m’a ramené dans un sapin! Profitant que j’é tais é vanoui tous les potes m’avaient fait les fouilles... J’avais mê me plus mes deux thunes!...

À la suite de cette collision, j’ai encore fait plus salement gaffe... J’entrais pas tout de suite dans les crè ches... Je parlementais du dehors... Pour les ré clamations de Province nous avions un autre systè me... On leur certifiait toujours que c’é tait parti par une lettre leur petit fafiot... que ç a pouvait plus tarder... que ç a s’é tait trompé d’adresse... de dé partement... de pré nom... de n’importe quoi!... parmi les afflux du concours... À la fin, ils en avaient marre de correspondre avec tout le monde... Ils se ruinaient en timbres-poste...

Avec les furieux, c’est franc... c’est une question de corrida... C’est de sauter la balustrade avant qu’ils vous é cornent les tripes!... Mais avec les tendres, les effarouché s, les timides, ceux qui pensent tout de suite au suicide... c’est alors qu’on se trouve à la bourre!... La dé sillusion est trop forte!... ils supportent pas leur chagrin!... ils baissent le nez dans la panade, ils bé gayent... Ils comprennent plus... La sueur leur perle, les lorgnons chutent... Ils ont la foire dans le visage... C’est pas supportable à regarder... C’est les cocus de la marotte... Y en a qui veulent en finir... Ils s’assoyent, ils se relè vent... ils s’é pongent... Ils en croient plus leurs oreilles que leur fourbi fonctionnait mal... Il faut qu’on leur ré pè te doucement, qu’on leur glisse leurs plans dans la main... Ils s’abandonnent au malheur! Ils veulent plus vivre!... plus respirer!... Ils s’é croulent!...

À force d’en dire comme ç a des mots, pour les cataplasmes, je me dé merdais de mieux en mieux. Je savais les phrases qui consolent... Les Profundis des Espé rances!... À l’issue de mes visites on restait quelquefois copains... Je m’organisais des sympathies... Du cô té de la plaine Saint-Maur, j’en avais tout un groupement... des vrais passionné s de nos recherches... qu’avaient bien compris mes efforts... De la Porte Villemomble à Vincennes j’en connaissais des quantité s! des fins tireurs de plans magiques et pas du tout vindicatifs... Et dans la banlieue Ouest aussi... C’est dans une guitoune « ondulé e », juste aprè s la Porte Clignancourt, où y a maintenant des Portugais, que j’ai connu deux « brocos » qu’avaient monté avec des cheveux, des allumettes, sur un « tortil » é lastique, trois cordes à violon, un petit systè me compensateur avec entraî nement sur virole qui semblait vraiment fonctionner... C’é tait la force hygromé trique!... Le tout tenait dans un dé à coudre!... C’est le seul vraiment « Perpé tuel » que j’ai vu marcher un petit peu.

C’est rare les femmes que ç a invente... Et pourtant j’en ai connu une... Elle é tait comptable au chemin de fer. Pendant ses heures de loisir elle dé composait l’eau de la Seine avec une é pingle de nourrice. Elle promenait un gros attirail, un appareil pneumatique, une bobine Rumpkorf dans un haveneau pour la pê che. Y avait en plus une lampe de poche et un é lé ment picrate. Elle ré cupé rait les essences au fil du courant... Et mê me les acides... Elle se mettait pour ses expé riences à la hauteur du Pont-Marie, juste en amont du « Lavoir »... Ç a la cavalait l’hydrolyse!... Elle é tait pas trè s mal roulé e... Seulement elle avait un tic et puis elle louchait... Je me suis pré senté comme ç a du journal... Elle a cru d’abord comme les autres qu’elle venait de gagner le gros lot. Elle a insisté pour que je reste... Elle a é té me chercher des roses!... J’avais beau dire et beau faire... Elle comprenait rien... Elle voulait me prendre une photo!... Elle avait un appareil qui marchait par les « infra-rouges »... Il fallait qu’elle ferme les fenê tres... J’y suis retourné encore deux fois... Elle me trouvait joliment beau gosse... Elle voulait que je l’é pouse de suite. Elle a continué à m’é crire... et des messages recommandé s... Mlle Lambrisse, elle s’appelait... Juliette.

Je lui ai pris une fois cent francs... et une fois cinquante... Mais c’é tait des cas rarissimes!...

Jean-Marin Courtial des Pereires il crâ nouillait plus beaucoup... Il faisait mê me assez morose... Il prenait peur des phé nomè nes, des enragé s du Concours... Il recevait des lettres anonymes qu’é taient pas à piquer des vers!... Les plus hargneux ré calcitrants ils menaç aient de revenir toujours quand mê me... de le corriger jusqu’au trognon!... de l’é tendre une bonne fois pour toutes!... qu’il puisse plus jamais dans l’avenir arranger personne!... C’é tait des vengeurs... Alors, dessous la redingote, par-dessus le gilet de flanelle, il s’é tait posé une cotte de mailles en aluminium trempé... Un autre brevet du Gé nitron qui nous é tait resté pour compte, « extra-lé gè re imperç able ». Mais ç a suffisait pas tout de mê me pour le rassurer complè tement... Dè s qu’il apercevait au loin le truand qu’avait pas bonne mine... qu’avait pas l’air du tout heureux... qui venait sur nous en grognant, tout de suite il se trissait dans la cave!... Il attendait pas les dé tails...

« Ouvre-moi la trappe, Ferdinand! Laisse-moi vite passer! C’en est un! Y a pas d’erreur!... Tu diras que je suis parti! Depuis avant-hier! Que je reviens plus!... Au Canada! Que je vais y rester tout l’é té ! que je chasse là -bas la belette! la zibeline! le grand faucon! Dis-lui que je veux plus le revoir! Pas pour tout l’or du Transvaal! Voilà ! Qu’il s’en aille!... Qu’il s’é vapore!... Qu’il se disperse!... Mets-lui le feu aux poudres! ce salaud! Qu’il é clate!... Bon Dieu de Nom de Dieu! » Dans la cave, comme ç a bien close, il se trouvait un peu plus tranquille. C’é tait maintenant un espace vide depuis qu’on avait tout fourgué, les restes du sphé rique, les bricoles... Il pouvait dé ambuler tout à travers... de long en large, tout à son aise!... Il avait une é norme place... Il pouvait refaire sa gymnastique!... Dans une encoignure, au surplus, il s’é tait amé nagé un « blockos » à toute é preuve... pour qu’on l’aperç oive plus du tout... si il arrivait des assaillants... entre des penderies et des caisses... Il restait là des heures entiè res... Au moins il m’emmerdait plus... Moi j’aimais bien qu’il disparaisse... Ç a me suffisait de la grosse mignonne qui ne quittait plus le magasin... C’est elle maintenant qui cramponnait... Elle voulait mener tout à sa guise... le journal et les abonné s...

Dè s deux heures de l’aprè s-midi, elle radinait de Montretout... Elle s’installait dans la boutique, harnaché e en grande tenue avec le chapeau « hortensia », la voilette, l’ombrelle et la pipe! Pas d’histoires! Elle attendait les adversaires... Quand ils arrivaient buter dessus, ç a leur foutait quand mê me un choc...

« Asseyez-vous! qu’elle leur disait... je suis Mme des Pereires!... je connais toutes vos histoires! On ne m’en raconte pas à moi! Parlez donc! je vous é coute! Mais soyez bref! Je n’ai pas une seconde à perdre! On m’attend pour un essayage... »

C’é tait sa tactique... Presque tous ils se dé concertaient...

Y avait la rude intonation, la voix puissante! é raillé e certes, mais, caverneuse et pas facile à dominer... Ils ré flé chissaient une minute... Ils restaient là devant la mé mè re... Elle relevait un peu sa voilette... Ils apercevaient les bacchantes, toute la peinture, les châ sses d’odalisque... Et puis elle fronç ait les sourcils... « Alors, c’est tout?... » qu’elle leur demandait... Ils se retiraient en pé teux... souvent à reculons... Ils s’effaç aient gentiment!... « Je reviendrai, Madame... Je reviendrai!... »

Voilà qu’un aprè s-midi elle donnait comme ç a son audience... Elle finissait un peu de compote... c’é tait vers quatre heures... il lui fallait ç a pour goû ter... c’é tait son ré gime... sur le coin de la table... Je peux bien me souvenir du jour exact, c’é tait un jeudi... Le jour fatal de l’imprimeur... Il faisait extrê mement chaud... L’audience tirait à sa fin... Madame avait dé jà viré toute une bande de mirontons, des escogriffes du concours, et toujours à l’estomac... Des qué mandeurs, des ergoteurs, des bafouilleux... Entiè rement à la rigolade... Quand voilà un curé qui rentre... Ç a devait pas nous é pater... Nous en connaissions quelques-uns... et des abonné s trè s fidè les... des correspondants fort aimables...

« Asseyez-vous, M. le Curé... » La grande politesse tout de suite! Il s’approprie le grand fauteuil... Je le regarde attentivement. Je l’avais jamais vu ce gonze-là... Certainement que c’é tait un nouveau. Comme ç a, à premiè re impression, il faisait assez raisonnable... mê me circonspect, pourrait-on dire... Tout à fait calme... bien é levé... Il trimbalait un parapluie... malgré le franchement beau temps... Il va le dé poser dans un coin... Il revient, il toussote... Il é tait plutô t replet... pas hagard du tout... Nous autres on avait l’habitude des vé ritables originaux... Presque tous nos abonné s, ils faisaient un peu des tics... des grimaces... Celui-ci il semblait bien peinard... Mais le voilà qui ouvre la bouche... et il commence à raconter... Alors je comprends d’un seul coup... Comment qu’il dé conne!... Il venait tout droit lui aussi pour nous parler d’un concours... Il lisait notre Gé nitron, il l’achetait au numé ro... depuis des anné es... « Je voyage beaucoup! beaucoup!... » Il s’exprimait par grandes saccades... Il fallait tout saisir au vol, des paquets de phrases entortillé es... avec des nœ uds... des guirlandes et des retours... des brides qui n’en finissaient plus... Enfin on a tout de mê me compris qu’il aimait pas notre « Perpé tuel »!... Il voulait plus qu’on en cause! Ah! ç a non! Il se fâ chait tout rouge!... Il avait bien autre chose en tê te... Et ç a le tracassait!... Il fallait qu’on marche avec lui!... C’é tait à prendre ou à laisser!... Ou bien alors contre lui!... Il nous a bien pré venus tout de suite! Qu’on ré flé chisse aux consé quences! Plus de « Perpé tuel ». Pas sé rieux ç a! Une calembredaine!... À aucun prix!... C’é tait autre chose, lui son dada!... On a fini par le savoir... Comme ç a d’é cheveaux en aiguille... en dix mille circonlocutions... ce qui lui travaillait le siphon... C’é tait les Tré sors sous-marins! Une noble idé e!... Le sauvetage systé matique de toutes les é paves!... De tous les galions d’ « Armada » perdus sous les océ ans depuis le dé but des â ges... Tout ce qui brille... tout ce qui parsè me... tout ce qui jonche le fond des mers! Voilà ! C’é tait ç a, lui, sa marotte! toute son entreprise!... C’est pour ç a qu’il venait nous causer!... Il voulait qu’on s’en occupe... qu’on perde pas une seule minute!... qu’on organise un concours! une compé tition mondiale... pour le moyen le meilleur! Le plus sû r! Le plus efficace!... de remonter tous les tré sors!... Il nous offrait toutes ses ressources, sa propre fortune, il voulait bien tout risquer... Une garantie formidable pour couvrir dé jà tous les frais de mise en route... Forcé ment, Madame et moi, on se tenait un peu sur les gardes... Mais il insistait beaucoup... Lui le systè me qu’il voyait, le cureton fantasque, c’é tait une « Cloche à plongeur »!... qui se dé roulerait trè s profonde! par exemple vers 1800 mè tres!... Qui pourrait ramper dans les creux... appré hender les objets... crocheter, dissoudre les ferrures... absorber les coffres-forts par « succion spé ciale »... Il voyait tout ç a facilement... C’é tait à nous, par le canard, d’attirer les compé titeurs... De ce cô té -là, nous é tions fortiches!... Nous ne redoutions vraiment personne! Il fré missait d’impatience qu’on passe aux é preuves!... Il a mê me pas attendu qu’on é mette une seule objection... ou seulement le dé but d’un petit doute!... Plaff! comme ç a en plein sur la table... Il plaque son paquet de fafiots... Y en avait pour six mille francs!... Il a pas eu le temps de les regarder!... Ils é taient dé jà dans ma fouille... la mè re Courtial, elle en sifflait!... Je veux battre le fer!... J’attends plus...

« M. le Curé, restez-là, je vous en prie! une seconde... Une toute petite! Le temps que je cherche le Directeur... Je vous le ramè ne à la minute... »

Je saute dans la cave... Je hurle aprè s le vieux... Je l’entends qui ronfle! Je pique droit sur sa guitoune... Je le secoue... Il pousse un cri! Il croyait qu’ils venaient l’arrê ter... Il chocotait fort dans son jus... Il tremblochait dans ses hardes...

« Allez! que je lui dis... En l’air! C’est pas le moment des pâ moisons! »

Au soupirail, dans le filet de jour, je lui montre le flouze... C’est pas le moment de perdre la voix! Merde!... En deux mots je l’affranchis... Il regarde encore mon pognon... Et une fois par transparence... Il vise les biffetons un par un... Il se reconstitue rapidement! Il s’é broue, il renifle les fafiots... Je le nettoye! Je lui enlè ve la paille partout... Il se requinque vite les moustagaches... Le voilà paré ! Il remonte au jour... Il se pré sente dans une brillante forme... Dé jà il avait son topo tout prê t dans l’esprit... tout baveux... complè tement sonore!... Il nous é blouissait d’emblé e sur la question des plongeurs! L’historique de tous les systè mes depuis Louis XIII jusqu’à nos jours! Les dates, les endroits, les pré noms de ces pré curseurs et martyrs!... Et les sources bibliographiques... et les Recherches aux Arts et Mé tiers!... C’é tait proprement fé erique... Le cureton il en rotait! Il rebondissait sur son siè ge de joie et de dé lectation... C’é tait trè s exactement tout ce qu’il avait espé ré !... Alors comme ç a, bien ravi, en plus de son offre pré cé dente... On lui demandait rien!... Il nous assure de deux cents sacs! rubis sur l’ongle! pour tous les frais du concours! Il voulait pas qu’on lé sine sur les é tudes pré liminaires!... Sur l’é tablissement des devis!... Pas de chicane, pas de ratiboise!... Nous avons tout accepté... paraphé... conclu!... Alors tout à fait copains il a sorti de sa soutane une carte sous-marine immense... Pour qu’on se rende bien compte tout de suite de l’endroit de tous les tré sors!... Où qu’elles é taient englouties toutes ces richesses phé nomé nales!... depuis vingt siè cles et davantage...

On a bouclé la cambuse... On a é talé le parchemin entre nos deux chaises et la table... C’é tait une œ uvre mirifique cette « Carte aux Tré sors »... Ç a donnait vraiment du vertige... rien qu’en jetant dessus un coup d’œ il... Surtout si l’on considè re le moment où il survenait ce drô le de Jé sus!... aprè s des temps si difficiles! Il nous bluffait pas le cureton!... C’é tait bien exact sur sa carte tous les flouzes planqué s dans la flotte... C’é tait pas niable! Et prè s des cô tes... avec les relevé s « longitudes »... On pouvait bien se figurer que si on la trouvait la cloche pour descendre rien qu’à 600 mè tres, ç a deviendrait du vrai nougat! On é tait tranquille comme Baptiste... Nous possé dions à la cuiller tous les tré sors de l’Armada!... Y avait qu’à se baisser pour les prendre... C’é tait tout à fait le cas de le dire... Rien qu’à trois milles marins de Lisbonne à travers l’embouchure du Tage... gî tait une planque colossale!... Et là, c’é tait vraiment commode, une entreprise pour dé butants!... Si on se payait un peu d’audace, qu’on force un peu la technique... Alors ç a prenait d’autres tournures!... On pouvait pré tendre raide comme balle remonter tout à la surface le tré sor du « Saar Ozimput » englouti dans le Golfe Persique deux mille ans avant Jé sus-Christ... Plusieurs coulé es de gemmes uniques! Des parures! Des é meraudes d’une magnificence incroyable!... un petit milliard au bas mot... Le lieu pré cis de ce naufrage, le curé l’avait sur sa carte pointé trè s exactement... Cent fois, d’autre part, maints sondages, pratiqué s au cours des siè cles, avaient relevé la position... Pas d’erreur possible!... Ç a n’é tait plus, tous frais à part, qu’un petit problè me de chalumeaux... de « fraises oxhydriques »... Une mise au point... Quand mê me un petit alé a pour pomper les tré sors du « Saar »... Nous ré flé chî mes tout un jour... Et d’autres minimes « inconnues » dans la lé gislation persane nous firent un instant tiquer... Et puis nous tenions d’autres blots, ceux-là entiè rement sous la main, sucré s, parfaitement accessibles... dans des mers les plus clé mentes!... absolument libres de requins! Il fallait penser aux plongeurs! Fuyons! Fuyons les tragé dies...

Tous les fonds du globe, en somme, regorgeaient de coffres inviolé s, de galiotes farcies de diamants... Peu de dé troits, peu de criques, de golfes, de rades ou d’embouchures qui ne recelassent sur la carte quelque pharamineux butin!... trè s facilement renflouable à partir de quelques cents mè tres!... Tous les tré sors de Golconde! Galè res! Fré gates! Caravelles! Bisquines! pleines à craquer de rubis et Koh-I-Nors! de doublons « triples effigies »... Les cô tes spé cialement du Mexique paraissaient à ce propos positivement indé centes!... Les conquistadores les avaient semble-t-il pour notre gouverne litté ralement remblayé es, perdues avec leurs lingots et les pierres pré cieuses... Si on insistait ré ellement et à partir de 1200 mè tres... les diamants devenaient pour rien!... Par exemple au large des Aç ores, pour ne citer que ce cas-là... un vapeur du siè cle dernier, le Black Stranger, un cargo mixte, un courrier du Transvaal en contenait pour plus d’un milliard... lui tout seul (d’aprè s les plus prudents experts... ). Il gî tait sur un fond de roches à 1 382 mè tres et en « porte-à -faux »!... Dé jà crevé par le mitan... Y avait plus qu’à fouiller les tô les!...

Notre curé en connaissait d’autres, un choix stupé fiant... Toutes les é paves ré cupé rables... et toutes faciles à vider... Plusieurs centaines à vrai dire... Il en avait criblé sa carte de trous pour les prospections... Ç a figurait les endroits des sauvetages les plus urgents... au dixiè me de millimè tre... Ils é taient en noir, vert ou rouge suivant l’importance du tré sor... Avec des petites croix...



  

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