Хелпикс

Главная

Контакты

Случайная статья





Note sur l’édition numérique. 36 страница



Monsieur, avec votre ustensile, vous appartenez aux Musé es et nous n’en possé dons point à Kraloch-sur-Isle! Je me demande vraiment pourquoi on vous laisse encore sortir! Le conservateur manque à tous ses devoirs! Notre jeunesse par ici ne viole pas les tombes! Elle veut s’amuser! Essayez de me comprendre une bonne fois pour toutes!... À bon entendeur!...

JOË L BALAVAIS,

Persifleur local et breton.

Elle a trifouillé d’autres dossiers, mais ç a lui disait pas grand-chose... Elle s’est radoucie quand mê me... Elle a bien voulu qu’on sorte... On l’a emmené e dans le jardin... On l’a installé e sur un banc entre nous deux... Cette fois-ci elle reparlait tout à fait sagement... Mais toujours dans sa conviction que le Zé lé malgré tout é tait parfaitement ré parable... qu’il pouvait encore nous servir... pour deux ou trois fê tes en Province... que ç a suffirait largement pour amadouer l’architecte... qu’ils obtiendraient un autre dé lai... que le pavillon serait sauvé... que c’é tait une question de courage!... que rien en somme n’é tait perdu!... Elle quittait pas son opinion... Elle pouvait pas comprendre autre chose... On lui a rebourré sa pipe... Courtial à cô té il chiquait. C’est en chiquant presque toujours qu’il finissait ses cigares...

Les gens, les passants, ils regardaient du cô té de notre groupe... plutô t intrigué s... surtout par la grosse mignonne... Elle avait l’air de m’é couter encore plutô t mieux que son mari... J’ai poursuivi mon boniment, la dé monstration tragique... J’essayais de lui faire concevoir sur quels genres d’obstacles on butait... et comment nous nous é puisions en tristes efforts de plus en plus inutiles... Elle me reluquait indé cise... Elle croyait que je lui bourrais le mou... Elle s’est remise à chialer...

« Mais vous avez plus d’é nergie! Je le vois trè s bien! ni l’un ni l’autre! Alors c’est moi! Oui, c’est moi seule qui ferai le travail!... C’est moi qui remonterai en ballon! On verra bien si je m’envole pas! Si je monterai pas aux 1 200 mè tres! Puisqu’ils demandent des extravagances! à 1 500 mè tres! à 2 000! À n’importe quoi!... Ce qu’ils demanderont! moi je leur ferai!...

— Tu dé connes, ma grande poulette, qu’il l’a stoppé e des Pereires... Tu dé connes effroyablement!... À douze mè tres t’y monteras pas avec une enveloppe comme la nô tre!... Et d’une! Tu retomberas dans l’abreuvoir!... Et ç a serait pas une solution! Ils voudraient pas de toi malgré tout! Mê me le capitaine avec son « Ami des Nuages », son cheval! Tout le bazar et son train! Et le Rastoni et sa fille! Son trapè ze et ses bouquets... Ils dé rouillent plus ni l’un ni l’autre!... On les refuse aussi!... C’est du mê me! C’est pas nous, Irè ne! C’est l’é poque!... C’est la dé bâ cle qu’est gé né rale... C’est pas seulement pour le Zé lé ... » Il avait beau dire, sacrer les mille noms de Dieu... elle se tenait pas pour battue... Elle se rebiffait mê me de plus belle...

« C’est vous! qui vous laissez abattre! La mode de leurs aé roplanes? ç a sera plus rien l’anné e prochaine!... Vous vous cherchez des faux-fuyants parce que vous faites tous dans vos frocs!... C’est ç a qu’il vaudrait mieux dire! Au lieu de me chercher des pouilles! Si vous aviez du courage... dites-le donc tout de suite... au lieu de me faire des balivernes... vous seriez dé jà au boulot!... C’est tout des sottises vos histoires! Et le pavillon alors? qui c’est qui va nous le payer? Avec quoi? Et dé jà trois mois de retard! Avec deux dé lais en plus!... C’est pas avec ton sale cancan!... Il est sû rement couvert de dettes!... Et des sommations jusque-là ! J’en suis bien certaine... Tu crois que je connais pas ces choses? Alors tu abandonnes tout? C’est bien dé cidé, n’est-ce pas? Ma gueule de cochon?... T’en as dé jà fait ton deuil! Une maison complè te... entiè re! Dix-huit ans d’é conomies!... Acheté e pierre par pierre... Centimè tre par centimè tre!... C’est bien le cas de le dire! Un terrain qui prend tous les jours... Tu laisses tout ç a aux hypothè ques!... Tu plaques!... Tu t’en fous!... C’est là que tu l’as ta dé bandade... Elle lui montrait comme ç a sa tê te... C’est pas dans le ballon c’est là !... Moi je le dis!... Et alors? Finir sous les ponts? Libre à toi!... Libre à toi! Sale dé pravé, dé gueulasse! T’as mê me plus honte de ton existence!... Tu vas y retourner, sale vadrouille, avec les cloches de ton genre!... C’est bien de là que je l’ai tiré... Ah! oui! pourtant!... Mais moi, Ferdinand, vous savez, j’avais une famille!... Il m’a fauché toute ma vie!... Il m’a ruiné ma carriè re!... Il m’a sé paré e des miens!... Le vampire! La frappe!... Et ma santé ?... Il m’aura comme ç a tout bouffé ! complè tement ané antie... Pour finir dans le dé shonneur!... Et allez donc!... Ah! c’est bien commode les hommes! C’est un prodige... Vraiment ç a serait pas croyable! Dix-huit anné es d’é conomies! de privations continuelles!... de calamité s!... Tous les sacrifices de ma part... »

Des Pereires de l’entendre maudire comme ç a... avec une semblable violence, il en perdait tout son culot!... Il é tait plus mariole du tout!... Il en a pleuré aussi! Il a fondu en larmes... Il s’est jeté franchement dans ses bras!... Il implorait son pardon!... Il lui en fit sauter sa pipe!... Ils s’é treignirent fié vreusement... Comme ç a, devant tout le monde!... Et ç a durait... Mais, mê me encore dans l’é treinte, elle continuait à rouscailler... Toujours les mê mes mots...

« Je veux le ré parer, Courtial! Je veux le ré parer! Je sens que moi je pourrai bien! Je sais qu’il peut encore tenir! J’en suis sû re!... J’en ferais le pari!... Regarde un peu notre Archimè de... Il a bien tenu lui quarante ans!... Pense donc, il tiendrait encore!...

— Mais c’é tait seulement qu’un “ captif ”... Voyons, ma chouchoute... C’est pas du tout la mê me usure!...

— Je monterai, moi!... Je te dis!... Je monterai! Si vous autres vous voulez plus!... »

Elle en tenait gros sur la pomme... Elle cherchait la combinaison... À toute force elle aurait voulu qu’on se dé merde encore.

« Je demande pas mieux, moi, que de t’aider! Tu le sais bien quand mê me, Courtial!...

— Mais oui! Je le sais bien, mon amour!... C’est pas la question!...

— Je demande pas mieux... Tu sais que je suis pas fainé ante!... Je veux mê me refaire des accouchements si ç a pouvait nous servir!... Mais je m’y remettrais... si je pouvais! Ah! J’attendrais pas!... Mê me à Montretout! Bon Dieu!... Mê me pour aider à Colombes, celle qu’a pris mon cabinet!... Mais je referais n’importe quoi!... Pour qu’ils viennent pas nous expulser!... Tu vois comme je suis!... D’ailleurs j’ai demandé à droite et à gauche... Mais j’ai plus beaucoup la main... Et puis y a aussi ma figure!... Ç a ferait quand mê me drô le!... J’ai beaucoup changé... qu’ils m’ont dit... Faudrait que je m’arrange un peu... Enfin je ne sais pas!... Que je me rase!... Je veux pas m’é piler!... » Elle nous a relevé sa voilette... C’é tait une impression quand mê me! comme ç a en plein jour... avec la poudre en croû tes! Le rouge aux pommettes et son violet aux paupiè res!... Et puis des é paisses bacchantes, mê me un peu des favoris!... Et les sourcils plus drus encore que ceux à Courtial!... Fournis, sans blague, comme pour un ogre! É videmment qu’elle leur ferait peur à ses « expectantes » avec une binette si velue!... Il faudrait qu’elle s’arrange beaucoup, qu’elle se modifie toute la figure... Ç a faisait ré flé chir!...

On est resté s encore longtemps, comme ç a, cô te à cô te dans le jardin, à se raconter des histoires, des choses consolantes... La nuit tombait tout doucement... D’un coup, elle a repleuré si fort que c’é tait vraiment le maximum!... C’é tait la dé tresse complè te!...

« Ferdinand! qu’elle me suppliait... au moins vous n’allez pas partir? Regardez! où nous en sommes!... Je vous connais pas depuis longtemps! Mais je suis dé jà certaine qu’au fond... vous ê tes raisonnable, vous, mon petit! Hein? Et puis d’abord ç a s’arrangera!... On m’ô tera pas la conviction!... C’est en somme qu’une trè s mauvaise passe!... J’en ai vu bien d’autres, allez! Ç a peut pas terminer comme ç a!... On n’a qu’à s’y remettre tous ensemble!... Un bon coup!... D’abord il faut que je me rende compte!... Je veux essayer par moi-mê me!... »

Elle se relè ve encore une fois... Elle retourne vers la boutique... Elle s’allume les deux chandelles... On la laisse faire... se dé brouiller... Elle ouvre la trappe... Elle se met à descendre... Elle y est resté e un bon moment toute seule dans la cave!... à tripoter toute la camelote... à dé plier les enveloppes... à tirailler les dé tritus!... à se rendre compte comme c’é tait pourri! absolument foireux! en loques!... J’é tais tout seul au magasin quand elle est remonté e finalement... elle pouvait plus vraiment rien dire... Elle en é tait comme é tranglé e de vé ritable chagrin... Comme ç a dans le fauteuil comme paralysé e, complè tement avachie... finie... pompé e... Son galure à la traî ne dessous... Ç a l’avait bien sonné e la vioque de constater de visu... Je croyais qu’elle fermerait sa gueule... qu’elle avait plus rien à dire... et puis elle a repiqué une transe... Elle s’y est remise encore quand mê me!... Au bout peut-ê tre d’un quart d’heure!... Mais c’é tait des lamentations... Tout doucement qu’elle me causait... comme si c’é tait dans un songe!...

« C’est fini! Ferdinand!... Je vois... Oui... C’est vrai... Vous aviez pas tort!... C’est fini!... Vous ê tes bien gentil, Ferdinand, de pas nous abandonner à pré sent... Nous deux vieux... Hein?... Vous allez pas nous quitter?... Passivité quand mê me?... Hein? Ferdinand? Pas si vite... au moins pendant quelques jours... Quelques semaines... Vous voulez, hein?... Pas? Dites, Ferdinand?...

— Mais oui Madame!... Mais oui bien sû r!... »

Courtial, le lendemain matin, comme ç a vers onze heures, quand il est revenu de Montretout il é tait encore bien gê né !...

« Alors, Ferdinand? Rien de nouveau?...

— Oh! Non! que je ré ponds... Rien d’extraordinaire...

— Et c’est moi en retour qui le questionne... — Alors? Ç a s’est arrangé ?...

— Arrangé quoi?... » Il fait l’idiot... « Ah! Vous voulez dire pour hier? » Il enchaî ne, il passe à l’esbroufe... « Ah! É coutez-moi, Ferdinand! Vous avez pas pris quand mê me des pareils ragots pour argent liquide? Non?... C’est ma femme, c’est entendu!... Je la vé nè re par-dessus tout... et jamais entre nous deux il y a eu ç a de vé ritable dispute!... Bon!... Mais il faut dire quand mê me ce qui est... Elle a tous les travers terribles d’une nature aussi gé né reuse!... Elle est absolue! Despotique! Vous me saisissez, Ferdinand?... Emporté e!... C’est un volcan!... Une dynamite!... Dè s qu’il nous arrive un coup dur, elle ré agit en bourrasque!... Moi-mê me, parfois, elle m’é pouvante!... La voilà partie!... Et je me monte!... Et je me tarabuste!... Et je bafouille!... Et j’en perds la tê te!... Et je te dé conne à pleins tubes!... Quand on est une fois au courant, ç a va!... On se frappe plus!... C’est aussi vite oublié qu’un orage aux courses!... Mais je te le ré pè te, Ferdinand! En trente-deux anné es de mé nage... beaucoup d’é motions certainement! Mais pas une vé ritable tempê te!... Tous les couples ont leurs disputes... Je veux bien qu’en ce moment mê me nous traversons une vilaine passe!... Ç a c’est bien certain... Mais enfin on en a vu d’autres... et franchi des plus redoutables!... C’est pas encore le dé luge!... De là nous voir complè tement raides!... Destitué s! Expulsé s!... Vendus!... Sé questré s!... C’est de la sale imagination... Je proteste!... La pauvre chouchoute! Ç a serait moi é videmment le dernier à lui en vouloir!... Tout ç a bien sû r peut s’expliquer!... C’est dans son pavillon là -bas qu’elle se forge ainsi des chimè res!... toute la journé e entiè re toute seule!... à ré flé chir!... Ç a la travaille... ç a la possè de à la fin!... Elle se monte!... Elle se monte!... Elle se rend mê me plus compte!... Elle voit, elle entend des choses qui n’existent pas!... Elle est d’ailleurs assez sujette depuis son opé ration... aux fantaisies!... aux impulsions!... Je dirai plus mê me... Quelquefois, elle extravague un peu!... Ah! oui! à plusieurs reprises, ç a m’a é tonné... Des vraies hallucinations!... Absolument qu’elle est sincè re... C’est comme ç a pour cette plainte... Ah! Là ! Là !... T’as reconnu tout de suite, bien sû r?... Tu as compris immé diatement?... C’é tait mê me trè s drô le!... C’é tait comique!... Mais elle me l’avait dé jà fait!... C’est pour ç a que j’ai pas ressauté !... Je l’ai laissé finir!... J’avais pas l’air, hein, surpris?... T’as remarqué ? J’ai eu l’air de la trouver normale... C’est ç a qu’il faut! Pas l’effrayer! Pas l’effrayer!...

— Oui! Oui! J’ai compris tout de suite...

— Ah! ben ç a, je me disais aussi... Ferdinand il a pas coupé... il est pas cré dule à ce point!... Il a dû comprendre... Non pas qu’elle boive, la pauvre amour!... Non! jamais ç a!... C’est une femme absolument sobre!... Sauf pour le tabac... Plutô t mê me assez puritaine, je dirai dans un sens!... Mais c’est toujours l’opé ration qui me l’a complè tement bouleversé e!... Ah! C’é tait une tout autre femme!... Ah! Si tu l’avais vue avant!... Autrefois!... » Il filait encore regarder dessous les piles de paperasses. « Je voudrais pouvoir te la retrouver sa photo de jeunesse! Son agrandissement de Turin!... Je suis tombé dessus y a pas huit jours... Tu pourrais pas la reconnaî tre!... Une ré volution!... Autrefois, là, je peux t’assurer avant qu’on l’opè re... C’é tait une vé ritable merveille!... Un port!... Un teint de roses... La beauté soi-mê me!... Et quel charme, mon ami!... Et la voix!... Un soprano dramatique!... Tout ç a “ rasibus ”! du jour au lendemain!... Au bistouri! C’est pas croyable!... Je peux bien le dire, sans vanité, mé connaissable! C’é tait mê me parfois gê nant... surtout en voyage! Surtout en Espagne et en Italie!... où ils sont si cavaleurs... Je me souviens bien, j’é tais moi-mê me, à cette é poque, assez ombrageux, susceptible... Je prenais la mouche pour des riens... J’ai é té en cent occasions à deux doigts d’un duel!... »

Il lui repassait des ré flexions... Je respectais son silence... et puis il se remettait en branle...

« Alors, dis donc, Ferdinand! C’est pas tout ç a!... Parlons à pré sent des choses sé rieuses!... Si tu allais voir l’imprimeur?... Et puis é coute et sache comprendre!... J’ai retrouvé à la villa... dans le “ secré taire ”, quelque chose qui peut nous servir!... Si ma femme revenait... qu’elle demande... Tu n’as rien vu!... tu ne sais rien du tout!... Ç a n’est qu’une “ reconnaissance ” pour une breloque et un bracelet... Mais tout ç a en or massif! Absolument sû r!... Contrô lé ! dix-huit carats!... Voilà les cachets du “ Cré dit ”... On peut faire l’essai!... Tu vas passer chez Sorcelleux, rue Grange-Bateliè re... Tu lui demanderas ce qu’il en donne? Que c’est pour moi... Un service!... Tu sais bien où c’est?... au quatriè me, escalier A... Tu te feras pas voir par la concierge!... Pour combien qu’il me la rachè te?... Ç a nous ferait quand mê me une avance!... S’il te dit non... tu repasseras par chez Rotembourg!... rue de la Huchette... Tu lui montreras pas le papier!... Tu lui demanderas s’il est preneur? Simplement comme ç a... Et moi alors aprè s j’irai... Celui-là, c’est pire la crapule!... »

Le commissaire des « Bons-Enfants » avec ses allures de s’en foutre, c’é tait tout de mê me une petite vache. C’est bien au fond à cause de lui qu’ils ont entamé les poursuites. Et que le parquet s’en est mê lé... Pas pendant bien longtemps bien sû r... Mais assez suffisamment pour bien nous faire chier quand mê me... On a eu des bourres plein la tô le... Une perquisition pour la forme... Qu’est-ce qu’ils pouvaient nous saisir?... Ils sont repartis tout râ leux... Ils avaient pas leur bon motif pour l’inculpation... L’escroquerie é tait pas bien nette... Ils ont essayé de nous bluffer... Mais on avait nos alibis... On se disculpait trè s facilement.

Courtial il a sorti des textes qu’é taient tous entiè rement pour nous... À partir de ce moment ils l’ont convoqué aux « Orfè vres » presque tous les jours... Le Juge il se marrait cinq minutes rien qu’à é couter ses salades... ses protestations... Tout d’abord il lui a dit:

« Avant de pré senter votre dé fense, retournez donc les mandats... Restituez donc vos souscripteurs!... C’est l’abus de confiance votre histoire, une vé ritable flibusterie caracté ristique! »

Il ressautait alors, le vieux dabe, en entendant des mots pareils... Il se dé fendait à tout rompre, pied à pied, dé sespé ré ment...

« Rendre quoi? Le destin m’accable! On m’exaspè re à plaisir! On me harcè le! On me crible! On me ruine! On me pié tine! On m’afflige de cent mille faç ons! Et maintenant? Que veut-il encore? Quelles pré tentions? M’extorquer ma derniè re gamelle!... À Dache!... Que des ranç ons imaginaires! C’est une gageure! Mais c’est un guê pier, ma parole! Un cloaque! Je n’y tiens plus!... La perfidie de tous ces gens? Mais un ange en tournerait canaille!... Et je ne suis point si sublime! Je me dé fends, mais je m’é cœ ure! Je le crie!... Lui ai-je tout dit à ce pantin! à ce sagouin! Ce fourbe! Ce foutriquet de basoche!... Toute une existence, Monsieur, voué e au service de la Science! de la vé rité ! par l’esprit! par le courage personnel!... 1 287 ascensions!... Une carriè re toute de pé rils! Des luttes sans merci!... Contre les trois é lé ments... Maintenant les coteries mielleuses? Ah! Ah! L’ignorance! La sottise bavarde!... Oui!... Pour la lumiè re! Pour l’enseignement des familles! Et finir là !... Pouah! Traqué par les hyè nes en bandes!... contraint aux pires arguties!... Flammarion viendra té moigner. Il viendra! “ Taisez-vous donc des Pereires!... qu’il m’arrê te alors ce vaurien, sans aucune trace de politesse, ce petit salopiaud morveux!... Taisez-vous! J’en ai assez de vous é couter... Nous sommes loin de notre sujet!... Votre concours du ‘ Perpé tuel ’... j’en ai toutes les preuves sous la main... n’est qu’une vaste crapulerie... Encore si c’é tait votre premiè re!... mais ce n’est que la plus flagrante!... la plus ré cente!... la plus effronté e de toutes!... Une parfaite imposture, ma foi!... Un attrape-gogos cynique! Vous n’y couperez pas à l’article 222! M. des Pereires!... Vos conditions ne tiennent pas debout!... Vous feriez bien mieux d’avouer... Relisez donc votre prospectus... Regardez donc toutes vos notices!... Un culot phé nomé nal!... Rien qui puisse passer pour honnê te dans un tel concours... Rien de justifiable!... Aucun contrô le n’est praticable! Ah! Vous savez vous dé rober!... Du tape-à -l’œ il... Des poudres aux yeux!... Vous avez d’avance soigneusement é laboré toutes vos clauses qui rendent l’expé rience impossible!... C’est du joli!... C’est de l’escroquerie bel et bien... La pure et simple frauduleuse!... Du vol amplement qualifié !... Vous n’ê tes qu’un larron, des Pereires! du grand Idé al Scientifique! Vous ne vivez que grâ ce aux piè ges que vous tendez à l’enthousiasme! Aux admirables chercheurs!... Vous braconnez ignoblement dans les fourré s de la Recherche!... Vous ê tes un chacal, des Pereires! Une bê te honteuse! Il vous faut l’ombre la plus dense! Les taillis inextricables! Toute lumiè re vous met en dé route! Je la ferai, moi, des Pereires, sur vos œ uvres basses! Attention, dangereux spé cimen! Fangeux! putride survivant de la faune des estragules! J’envoie tous les jours aux Rungis des porté es entiè res de crapules infiniment plus excusables!... »

« — Mais le ‘ Mouvement perpé tuel ’, c’est un idé al bien humain... que j’ai ré torqué à cette brute!... Dé jà Michel-Ange! Aristote! et Lé onard de Vinci!... Le Pic de la Mirandole!...

« — Alors, c’est vous qui le jugerez? qu’il m’a ré futé tac au tac... Vous vous sentez é ternel?... Il faut l’ê tre, vous entendez bien, pour juger ç a valablement le ré sultat de votre concours!... Là ! ah! je vous y prends, cette fois... N’est-ce pas? É ternité !... Vous vous dites donc é ternel?... Tout simplement!... C’est entendu!... L’é vidence mê me vous accable!... Vous aviez bien l’intention en instituant votre concours de ne jamais en venir à bout!... Ah! c’est bien ç a!... Je vous y prends!... de piller tous ces malheureux? Allons, signez-moi ç a là -bas! ” Il me tendait son porte-plume!... Ah! la vache! C’é tait le comble des culots! J’avais mê me pas fait Ouf! ni Youp!... Il me pré sentait son papelard!... Non, tu vois pas ç a d’ici?... Ah! j’en é tais comme deux ronds de tarte!... J’ai refusé bien sû r tout net... Ç a alors, c’é tait bien un piè ge!... Une vraiment infecte embuscade! Je me suis pas gê né pour lui dire... Il en revenait pas!... Je suis ressorti la tê te haute!...

« “ Ç a sera pour demain, des Pereires!... qu’il m’a lancé dans le couloir! Vous ne perdez rien pour attendre!... ”

« “ Vous sentez-vous é ternel? ” Non, mais alors quel aplomb! Quelle effronterie fantastique!... Ces sauvages-là parce qu’ils ont avec eux la force, le petit bout de poil et la grande gueule, ils se croient complè tement astucieux... Ç a vrai! Je peux alors bien le dire!... C’é tait une ré flexion inouï e!... Absolument iné dite! Tonnerre de cul et de catacombes! C’é tait un bouquet! Mais pour me dé monter, mon fils, il en faudrait bien davantage! Quand mê me un petit peu! que des traquenards saugrenus! Ah ben ouizalors!... Toute cette impertinence ignoble ne peut que me fortifier! Voilà comme je pense! Et qu’il advienne ce que pourra! Qu’on m’enlè ve le boire! le manger! le gî te! le couvert! qu’on m’incarcè re! qu’on me torture de toute faç on! Je m’en colle de long en large! J’ai ma conscience... et ç a me suffit!... Rien sans elle!... Rien contre elle!... Voilà, Ferdinand! C’est l’É toile Polaire!... »

Je la connaissais moi la formule!... Papa il m’avait rassasié... On a pas idé e de ce qu’à l’é poque elle travaillait dur la conscience!... Mais c’é tait pas une solution... Au Parquet ils se tâ taient vraiment s’ils allaient pas le mettre sous verrous... Cependant le truc de l’é ternité c’é tait quand mê me assez mariole... Ç a pouvait bien s’interpré ter... On a profité des sursis!... On a lavé du maté riel... des vieilles bricoles de la cave... Et mê me des dé bris du ballon... Elle est revenue, la rombiè re, tout spé cialement de Montretout... Elle voulait reprendre tout en main, tout diriger à sa guise, surtout la vente de nos bricoles... Tout ce qui nous restait du ballon... On a fait un voyage à « dos » et un autre avec la poussette... On a fourgué surtout au « Temple »... à mê me le Carreau... On a eu beaucoup d’amateurs... Ils appré ciaient bien les petits ré sidus mé caniques... Et puis pour les « Puces » le samedi on faisait des lots entiers de bouquins... on soldait tout à la « grosse »... et avec des bribes du Zé lé ... Les ustensiles... un baromè tre et les cordages... De tout ce bastringue, en bien des sé ances, on a fini par tirer presque quatre cents points... C’é tait quand mê me agré able!... Ç a nous a permis d’amadouer un peu l’imprimeur avec un sé rieux acompte... Et pour leur « Cré dit Benoiton » la moitié d’une traite sur la case!

Mais nos pauvres pigeons voyageurs, à partir de ce moment-là, ils avaient plus bien raison d’ê tre... On les nourrissait pas beaucoup depuis dé jà plusieurs mois... parfois seulement tous les deux jours... et ç a revenait quand mê me trè s cher!... Les graines, c’est toujours fort coû teux, mê me acheté es en gros... Si on les avait revendus... sû rement qu’ils auraient rappliqué comme je les connaissais... Jamais ils se seraient accoutumé s à des autres patrons... C’é tait des braves petites bê tes loyales et fidè les... Absolument familiales... Ils m’attendaient dans la soupente... Dè s qu’ils m’entendaient remuer l’é chelle... Ils roucoulaient double!... Courtial il nous parlait dé jà de se les taper à la « cocotte »... Mais je ne voulais pas les donner à n’importe qui... Tant qu’à faire de les occire, j’aimais mieux m’en charger moi-mê me!... J’ai ré flé chi à un moyen... J’ai pensé comme si c’é tait moi... Moi j’aimerais pas au couteau... Non!... J’aimerais pas à ê tre é tranglé... non... ! J’aimerais pas à ê tre é cartelé... dé tripé... fendu en quatre!... Ç a me faisait quand mê me un peu de peine!... Je les connaissais extrê mement bien... Mais y avait plus à dé mordre... Il fallait se ré soudre à quelque chose... J’avais plus de graines depuis quatre jours... Je suis donc monté un tantô t comme ç a vers quatre heures. Ils croyaient que je ramenais de la croû te... Ils avaient parfaitement confiance... Ils gargouillaient à toute musique... Je leur fais: « Allez! radinez-vous, les glouglous! C’est la foire qui continue. Pour la balade, en voiture!... » Ils connaissaient ç a fort bien... J’ouvre tout grand leur beau panier, le rotin des ascensions... Ils se pré cipitent tous ensemble... Je ferme bien la tringle... Je passe encore des cordes dans les anses... Je ligote en large, en travers... Ainsi c’é tait prê t... Je laisse le truc d’abord dans le couloir. Je redescends un peu... Je dis rien à Courtial... J’attends qu’il s’en aille prendre son dur... J’attends encore aprè s le dî ner... La Violette me tape au carreau... Je lui ré ponds: « Reviens donc plus tard... gironde... Je pars en course dans un moment!... » Elle reste... elle rouscaille...



  

© helpiks.su При использовании или копировании материалов прямая ссылка на сайт обязательна.