Хелпикс

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Note sur l’édition numérique. 35 страница



En rentrant au Palais-Royal, c’é tait pas fini!... Notre aé rostat joli, il empestait encore si fort, comme ç a mê me au tré fonds de la cave, qu’il a fallu que nous brû lions et pendant presque tout l’é té au moins dix casseroles de benjoin, de santal et d’eucalyptus... des rames de papier d’Armé nie!... On nous aurait expulsé s! Y avait dé jà des pé titions...

Tout ç a encore c’é tait remé diable... Ç a faisait partie des alé as, des avatars du mé tier... Mais le pire, le coup fatal il nous fut certainement porté par la concurrence des avions... On peut pas dire le contraire... Ils nous soulevaient tous nos clients... Mê me nos plus fidè les comité s... ceux qu’avaient entiè rement confiance, qui nous prenaient presque à coup sû r... Pé ronne, Brives-la-Vilaine, par exemple! Carentan-sur-Loing... Mé zeux... Des assemblé es de tout repos, entiè rement dé voué es à Courtial... qui le connaissaient depuis trente-cinq ans... Des endroits où depuis toujours on ne jurait que par lui... Tout ce monde-là se trouvait soudain des bizarres pré textes pour nous remettre à plus tard!... des subterfuges! des foirures! C’é tait la fonte! La dé bandade!... C’est surtout à partir de mai et de juin-juillet 1911 que les choses se gâ tè rent vraiment... Le dé nommé Candemare Julien, pour ne citer que celui-ci, avec sa seule Libellule il nous pauma plus de vingt clients!...

Nous avions pourtant consenti à des rabais à peine croyables... Nous allions de plus en plus loin... Nous emportions notre hydrogè ne... la pompe... le condensimè tre... Nous sommes allé s à Nuits-sur-Somme pour cent vingt-cinq francs! gaz compris! Et transport en sus!... C’é tait plus tenable à vrai dire! Les bourgs les plus suppureux... Les sous-pré fectures les plus rances ne juraient plus que par cellule et biplan!... Wilbur Wright et les « mé tinges »!...

Courtial avait bien compris que c’é tait la lutte à mort... Il a voulu ré agir... Il a tenté l’impossible. Il a publié coup sur coup, en pas l’espace de deux mois, quatre manuels et douze articles dans les colonnes de son cancan, pour dé montrer « mordicus » que les avions voleraient jamais!... Que c’é tait un faux progrè s!... un engouement contre nature!... une perversion de la technique!... Que tout ç a finirait bientô t dans une capilotade atroce! Que lui, Courtial des Pereires, qu’avait trente-deux ans d’expé rience, ne ré pondait plus de rien! Sa photographie dans l’article!... Mais il é tait dé jà en retard sur le courant des lecteurs!... Absolument dé passé ! Submergé par la vogue croissante! En ré ponse à ses diatribes, à ses philippiques virulentes il ne reç ut que des injures, des bordé es farouches et des menaces comminatoires... Le public des inventeurs ne suivait plus des Pereires!... C’é tait l’exacte vé rité... Il s’est entê té quand mê me... Il voulait pas en dé mordre!... Il a mê me repris l’offensive!... C’est ainsi qu’il a fondé la socié té « La Plume au Vent » à l’instant mê me le plus critique!... « Pour la dé fense du sphé rique, du beaucoup plus lé ger que l’air! » Exhibitions! Dé monstrations! Confé rences! Fê tes! Ré jouissances! Siè ge social au Gé nitron. Il est pas venu dix adhé rents! Ç a sentait la terrible poisse! Je suis retourné aux rafistolages... Dans l’ Archimè de, le vieux captif, j’avais dé jà tellement tapé que je ne trouvais plus un bout de convenable!... C’é tait plus que des morceaux pourris!... Et le Zé lé valait guè re mieux... Il é tait ré duit à la corde! On lui voyait la trame partout... Je suis payé pour le savoir!

Ce fut un dimanche à Pontoise notre derniè re sortie sphé rique. On s’é tait risqué quand mê me... Ils avaient dit ni oui ni non!... On l’avait extrê mement dopé le malheureux dé confit, ramassé les franges dans les coins, retourné dessus-dessous... On l’avait un peu é tayé avec des plaques en cellophane... du caoutchouc, du fusible et des é toupes de calfats! Mais malgré tout, devant la Mairie, ce fut sa condamnation, la crise terminale! On a eu beau lui pomper presque en entier un gazomè tre... Il perdait plus qu’il ne prenait... C’é tait un coup d’endosmose, Pereires a tout de suite expliqué... Et puis comme on insistait, il s’est complè tement pourfendu... dans un bruit d’horrible colique!... L’odeur infecte se ré pand!... Les gens se sauvent devant les gaz... Ce fut une panique! une angoisse!... En plus, voilà l’é norme enveloppe qui redé gringole sur les gendarmes!... Ç a les é touffe, ils restent coincé s dans les volants... Ils gigotaient dessous les plis!... Ils ont bien failli suffoquer!... Ils é taient faits comme des rats!... Au bout de trois heures d’efforts, on a dé gagé le plus jeune!..., les autres ils é taient é vanouis... On é tait plus populaires! On s’est fait injurier terrible!... Glavioter par les gamins!...

Quand mê me, on a replié le bastringue... on a trouvé des charitables... Heureusement que le jardin de la fê te c’é tait tout prè s de la grande é cluse!... On a parlé à une pé niche... Ils ont bien voulu qu’on se case... Ils descendaient sur Paris... On a viré toute notre camelote au fin fond de la cale...

Le voyage s’est bien passé... On a mis à peu prè s trois jours... Un beau soir, on est parvenus au « Port à l’Anglais »... C’é tait la fin des ascensions!... On s’é tait pas mal amusé à bord du chaland... C’é tait des bonnes gens bien aimables... Des Flamands du Nord... On a bu tout le temps du café... tellement qu’on pouvait plus dormir... Ils jouaient bien de leur accordé on... Je vois encore le linge qui sé chait sur toute la longueur du capot... Toutes les couleurs les plus vivaces... des framboise, des safran, des verts, des orange. Y en avait pour tous les goû ts... J’ai appris à leurs petits gniards à faire des bateaux en papier... Ils en avaient jamais vu.

Aussitô t que notre patronne, Mme des Pereires, a connu la fatale nouvelle, sans perdre une minute, elle a rappliqué au Bureau... Je l’avais encore jamais vue... depuis onze mois que j’é tais là... Il fallait une vraie catastrophe pour qu’elle se dé cide à se dé ranger... Elle se trouvait bien à Montretout.

Comme ç a, au premier coup d’œ il, avec sa trè s curieuse allure, je croyais que c’é tait une « inventrice », qu’elle venait nous parler d’un « systè me »... Elle arrive dans tous ses é tats... En ouvrant la porte, extrê mement nerveuse, il faut dire, et indigné e au possible, elle trouvait à peine ses mots, son chapeau lui vadrouillait sur la tronche entiè rement de travers. Elle portait une voilette é paisse. Je lui voyais pas la figure. Je retiens surtout dans mon souvenir, la jupe en velours noir à pesants godets et le corsage mauve, faç on « bolé ro » avec grands motifs brodé s... et semis de perles mê me couleur... Et parapluie soie changeante... J’ai bien retenu tout ce tableau.

Aprè s quelques parlementages, j’ai fini par la faire asseoir dans le grand fauteuil des clients... Je lui recommande de patienter, que le maî tre ne va pas tarder à venir... Mais, tout de suite, c’est elle qui m’empoigne!...

« Ah! mais c’est donc vous, Ferdinand?... C’est bien vous, je ne me trompe pas? Ah! mais vous connaissez les drames?... Alors n’est-ce pas que c’est un dé sastre?... Mon polichinelle!... Il est arrivé à ses fins!... Il ne veut plus rien faire n’est-ce pas?... » Elle gardait les poings fermé s comme ç a sur les cuisses! Elle é tait campé e dans le fauteuil! Elle m’interpellait avec une de ces brusqueries!...

« Il ne veut plus rien foutre?... Il en a assez de travailler?... Il trouve que nous pouvons bien vivre!... Avec quoi? Avec des rentes? Ah! le va-nu-pieds! Ah! Le jean-foutre, le salopiaud! la crapule maudite! Où est-il encore à cette heure-ci? »

Elle cherchait dans l’arriè re-boutique!...

« Il est pas là, Madame!... Il est parti voir le Ministre!...

— Ah! le Ministre! Comment vous dites? Le Ministre! » Elle se fout à rigoler! « Ah! mon petit! Ah! Pas à moi celle-là !... Pas à moi!... Je le connais mieux que vous, moi, le sagouin! Ministre! Ah! non! Aux maisons closes! Oui, peut-ê tre! Au cabanon, vous voulez dire! au Dé pô t! Oui! Ç a sû rement! n’importe où ! À Vincennes! À Saint-Cloud! peut-ê tre!... mais pour le Ministre! Ah! non! »

Elle me fout son parapluie sous le nez...

« Vous ê tes complice! Ferdinand! Tenez! complice! voilà ! vous m’entendez! Vous finirez tous en prison!... Voilà où tous vos trucs vous mè nent!... Toutes vos roueries! vos salopages!... vos dé gueulasses manigances!... »

Elle retombait dans son fauteuil, les coudes sur les genoux, elle se retenait plus... aux virulentes apostrophes succé dait la prostration... elle bredouillait dans les sanglots!... Elle remplissait sa voilette! Elle me racontait toute l’affaire!...

« Allez, je suis bien au courant!... Jamais je voulais venir! Je savais bien que ç a me ferait du mal!... Je sais bien qu’il est incorrigible!... Ç a fait trente ans que je le supporte!... »

Là -bas, elle é tait tranquille... à Montretout, pour se soigner. Elle é tait fragile... Elle aimait plus à se dé placer, à sortir de son pavillon... Autrefois... Autrefois! Elle avait beaucoup bourlingué avec des Pereires... dans les premiers temps de son mariage. Maintenant, elle aimait plus le changement... Elle aimait plus que son inté rieur... Surtout à cause de ses é paules et de ses reins extrê mement sensibles... Si elle se trouvait prise dehors par la pluie ou par un coup de froid, elle en avait pour des mois ensuite à souffrir... Des rhumatismes impitoyables, et puis une bronchite trè s tenace, un vé ritable catarrhe... Comme ç a tout l’hiver dernier et encore l’anné e d’avant... Parlant des affaires, elle m’a expliqué en dé tail que leur pavillon é tait pas fini d’ê tre payé... Quatorze ans d’é conomies... Elle me prenait par la raison et aussi par la douceur.

« Mon petit Ferdinand! Mon petit! Ayez pitié d’une vieille bonne femme!... Moi, je pourrais ê tre votre grand-mè re, ne l’oubliez pas! Dites-moi, s’il vous plaî t! Dites-moi, je vous en prie! S’il est vraiment perdu le Zé lé ? Avec Courtial je me mé fie, je ne sais jamais... Tout ce qu’il me raconte, je peux pas y croire... Comment s’y fier?... Il est toujours tellement menteur!... Il est devenu tellement fainé ant... Mais vous, Ferdinand! Vous voyez bien dans quel é tat!... Vous comprenez mon chagrin!... Vous n’allez pas maintenant me berner avec des sornettes! Vous savez, je suis une vieille aï eule!... J’ai bien l’expé rience de la vie!... Je peux bien tout comprendre!... Je voudrais seulement qu’on m’explique... »

Il a fallu que je lui ré pè te... Que je lui jure sur ma propre tê te qu’il é tait foutu, dé glingué, pourri le Zé lé ... dehors comme dedans! Qu’il avait plus un fil convenable dans toute son enveloppe!... Sa carcasse ni son panier... Que c’é tait plus qu’un sale dé bris... Un infect tesson... absolument irré parable!...

À mesure que je racontais tout, elle se faisait encore plus de chagrin! Mais alors elle avait confiance, elle voyait bien que je trompais pas... Elle a repiqué aux confidences!... Elle m’a tout donné les dé tails... Comment ç a se passait les choses, dans le dé but de leur mariage... Quand elle é tait encore sage-femme, diplô mé e de premiè re classe!... Comment elle aidait le Courtial à pré parer ses ascensions... Qu’elle avait abandonné à cause de lui et du ballon toute sa carriè re personnelle! Pour ne pas le quitter une seconde!... Ils avaient fait en sphé rique leur voyage de noces!... D’une foire à une autre!... Elle montait alors avec son é poux... Ils avaient é té comme ç a jusqu’à Bergame en Italie!... à Ferrare mê me... à Trentino prè s du Vé suve. À mesure qu’elle s’é panchait, je voyais bien que, pour cette femme-là, dans son esprit, sa conviction, le Zé lé devait durer toujours!... Et les foires de mê me!... Ç a devait jamais s’interrompre!... Y avait pour ç a, une bonne raison, une absolument impé rieuse... C’é tait le solde de leur cambuse! « La Gavotte » à Montretout... Ils devaient encore dessus leur tô le pour six mois de traites et un reliquat... Courtial rapportait plus d’argent... Ils avaient mê me dé jà un retard de deux mois et demi avec cinq dé lais du foncier... Elle s’en é tranglait la voix rien que de raconter cette honte... Ç a me faisait songer par le fait, que notre terme à nous é tait bien en retard aussi pour notre magasin!... Et le gaz alors?... Et le té lé phone!... Il en é tait mê me plus question!... L’imprimeur livrerait peut-ê tre encore cette fois-ci... Il savait bien ce qu’il goupillait, le Taponier cette belle engeance! Il mettrait saisie sur la boî te... Il se la taperait pour des clous!... C’é tait dans la fouille!... C’é tait encore lui le plus vicelard!... On é tait dans des jolis draps!... Je ressentais toute la mouscaille, toute l’avalanche des machetagouines qui me rafluaient sur les talons... C’é tait mochement compromis l’avenir et nos jolis rê ves!... Y avait plus beaucoup d’illusions!... La vieille poupé e elle en râ lait dans sa voilette!... Elle avait tellement soupiré qu’elle s’est mise un peu à son aise!... Elle a enlevé son chapeau!... J’ai pu la reconnaî tre d’aprè s le portrait et la description de des Pereires... J’ai eu la surprise quand mê me... Il m’avait pré venu de la moustache, qu’elle voulait pas se faire é piler... Et c’é tait pas une petite ombre!... Ç a s’é tait mis à lui pousser à la suite d’une opé ration!... On lui avait tout enlevé dans une seule sé ance!... Les deux ovaires et la matrice!... On avait cru dans les dé buts que ç a serait qu’une appendicite... mais en ouvrant le pé ritoine, ils avaient trouvé un fibrome é norme... Opé ré e par Pé an lui-mê me...

Avant d’ê tre ainsi mutilé e, c’é tait une fort jolie femme, Irè ne des Pereires, attrayante, avenante et charmeuse et tout!... Seulement depuis cette intervention et surtout depuis quatre ou cinq anné es, tous les caractè res virils avaient pris complè tement le dessus!... Des vraies bacchantes qui lui sortaient et mê me une espè ce de barbe!... Tout ç a c’é tait noyé de larmes! Ç a coulait abondamment tout pendant qu’elle me causait!... Dans son maquillage, ç a dé goulinait en couleurs! Elle s’é tait poudré e... plâ tré e, fardé e tant et plus! Elle se faisait des cils d’odalisque, elle se ravalait pour venir en ville!... Le volumineux papeau, avec son massif d’hortensias, elle le remettait... il rebasculait... dans la tourmente, il tenait plus à rien! Il virait à la renverse!... Elle le retapait d’un coup d’aplomb... Elle renfilait les longues é pingles... renouait sa voilette encore. Un moment, je la vois qui fouille dans le fond de ses jupons... Elle sort une grosse pipe en bruyè re... Ç a aussi, il m’avait pré venu...

« Ç a gê ne pas ici, que je fume? » qu’elle me demande...

— Non, Madame, mais non, seulement il faut faire attention aux cendres! à cause des papiers par terre! Ç a prendrait feu facilement! Hi! Hi! » Il faut bien rigoler un peu...

« Vous fumez pas, vous, Ferdinand?

— Non! Moi, vous savez, j’y tiens pas. Je fais pas assez attention! J’ai peur de finir en torche! Hi! Hi!... »

Elle se met à tirer des bouffé es... Elle crache par terre! par-ci, par-là !... Elle é tait un peu calmé e!... Elle remet encore sa voilette! Elle relevait seulement un petit coin avec le petit doigt! Quand elle a eu terminé complè tement sa pipe... Elle a sorti encore sa blague... Je croyais qu’elle allait s’en bourrer une autre!...

« Dites donc, Ferdinand! qu’elle m’arrê te... Une idé e qui la traverse, elle se redresse d’un coup... Vous ê tes sû r au moins qu’il est pas caché là -haut!... »

J’osais pas trop affirmer... C’é tait dé licat!... Je voulais é viter la bataille...

« Ah! » elle attend pas! Elle bondit!... « Ferdinand! Vous me trompez! Vous ê tes aussi menteur que l’autre!... »

Elle veut plus que je lui explique... Elle m’é carte de son passage... Elle saute dans le petit escalier, dans le tire-bouchon... La voilà qui grimpe en furie... L’autre il é tait pas pré venu... Elle lui tombe en plein sur le paletot!... J’é coute... j’entends... Tout de suite, c’est un vrai challenge!... Elle lui en casse pour sa thune! D’abord, il y a eu les paires de beignes! et puis des vocifé rations...

« Regardez-moi ce satyre!... Ce sale voyou!... Cette raclure!... Voilà à quoi il passe son temps!... Je me doutais bien de sa sale musique! J’ai bien fait de venir!... » Elle avait dû juste le tauper comme il rangeait nos cartes postales... les transparentes... dans l’album... celles que je vendais moi, le dimanche!... C’é tait souvent sa distraction aprè s le dé jeuner...

Il é tait pas au bout de ses peines! Elle é coutait pas ses ré ponses! « Pornographe! Fausse membrane! Pé troleux! Lavette! É gout! »... Voilà comment qu’elle le traitait!...

Je suis monté, j’ai risqué un œ il par-dessus la rampe!... À bout de mots elle s’est rué e sur lui... Il é tait retourné sur le sofa... Comme elle é tait lourde et brutale!

« Demande pardon! Demande pardon, cholé ra! Demande pardon à ta victime! » Il se rebiffait quand mê me un peu... Elle l’attaquait par son plastron, mais c’é tait si dur comme matiè re, qu’elle se coupait là -dedans les deux paumes... Elle saignait... elle serrait quand mê me...

« T’aimes pas ç a? n’est-ce pas? T’aimes pas ç a? qu’elle lui criait dans la bigorne... Ah! T’aimes ç a! infernale baudruche! Dis, fumier! T’aimes ç a, dis, me voir en colè re! » Elle é tait complè tement sur lui! Elle lui rebondissait sur le bide! « Ouah! Ouah! Ouah! qu’il suffoquait! Tu m’é touffes grande garce! Tu me crè ves! Tu m’é trangles!... » Et puis alors elle l’a relâ ché, elle saignait trop abondamment... elle est redescendue à toutes pompes... Elle a sauté au robinet... « Ferdinand! Ferdinand! pensez donc un peu, depuis huit jours, vous m’entendez! Depuis huit jours que je l’attends! Depuis huit jours, il n’est pas rentré une seule fois!... Il me ronge! Je me dessè che!... Il s’en fout!... Il m’a é crit juste une carte: “ Le ballon est dé té rioré ! Vies sauves! ” voilà ! C’est tout!... Je lui demande ce qu’il va faire? Insiste pas qu’il me ré pond!... Fiasco complet!... Depuis ce moment plus un geste! Monsieur ne revient plus du tout! Où est-il? Que fait-il!... Le cré dit “ Benoiton ” me relance pour les é ché ances!... Mystè re total!... Dix fois par jour, ils reviennent sonner... Le boulanger est à mes trousses!... Le gaz a fermé le compteur!... Demain, il vont m’enlever l’eau!... Monsieur est en bombe!... Moi je me rouille les sangs!... Ce sale raté !... Ce sale vicieux!... Ce dé voyé !... Cette infernale, ignoble engeance! Ce sapajou!... Mais j’aimerais mieux, tenez, Ferdinand! vivre avec un singe vé ritable!... Je le comprendrais lui à la fin!... Il me comprendrait! Je saurais comme ç a où j’en suis! Tandis qu’avec ce dé traqué depuis trente-cinq ans bientô t, je ne sais mê me pas ce qu’il va faire d’une minute à l’autre, dè s que j’aurai le dos tourné ! Ivrogne! Menteur! Coureur! Voleur! Il a tout!... Et vous pouvez pas savoir comme je dé teste ce salaud-là !... Où est-il? C’est la question que je me pose cinquante fois par jour... Pendant que je tourne, que je m’é chine là -bas toute seule! que je me tue pour l’entretenir! pour faire face aux é ché ances... é pargner sur toutes les bougies... Monsieur, lui, disperse! Il sè me! Il arrose n’importe quelle pelouse!... et puis toutes ses sales grognasses! avec mon pognon! avec ce que j’ai pu sauver! en me refusant tout! Où ç a s’en va-t-il? En dé gradations absolues! Je le sais bien quand mê me! Il a beau se cacher!... À Vincennes!... Au Pari-Mutuel!... À Enghien, rue Blondel!... sur le Barbè s n’importe quoi d’ailleurs... Il est pas bien difficile pourvu qu’il se dé prave! N’importe quel bouge ç a lui va!... Tout lui est bon! Monsieur se vautre! Il dilapide!... Pendant ce temps-là... moi, je me crè ve!... pour faire l’é conomie d’un sou! Pour une heure de femme de mé nage!... C’est moi qui fais tout! malgré l’é tat où vous me voyez!... Je me dé carcasse! Je lave par terre! Entiè rement! malgré mes bouffé es de chaleur! et mê me quand j’ai mes rhumatismes!... Je tiens plus sur mes pieds, c’est bien simple!... Je me tue! Et puis alors? C’est pas tout! Quand on nous aura saisis?... Où ç a irons-nous coucher? Peux-tu me le dire? Va-nu-pieds! Dis, sale andouille! Apache! Bandit! Elle l’interpellait d’en bas!... Dans un asile tiens bien sû r! Tu connais encore les adresses? Tu dois t’en souvenir mon lascar!... Il y allait avant de se marier!... Et sous les ponts! Ferdinand!... C’est là que j’aurais bien dû le laisser... Parfaitement! Empoisonneur de ma vie! Avec sa vermine! Sa gale! Il mé ritait pas davantage!... Il le connaî trait son plaisir! Ah! Je t’y ramè nerai à Saint-Louis! Monsieur veut suivre ses passions! C’est un dé chaî né, Ferdinand! Et la pire espè ce de sale voyou! On peut le retenir par nulle part! Ni dignité ! Ni raison! Ni amour-propre! Ni gentillesse!... Rien!... L’homme qui m’a bafoué e, berné e, infecté toute mon existence!... Ah! il est propre! Il est mimi! Ah! oui alors, je peux le dire! J’ai é té cent mille fois bien trop bonne!... J’ai é té poire, Ferdinand! que c’est une vraie rigolade! Ç a a l’air d’une farce exprè s!... À pré sent, vous m’entendez, il a cinquante-cinq ans et mè che! Cinquante-six exactement! au mois d’avril! Et qu’est-ce qu’il fait ce vieux saltimbanque?... Il nous ruine!... Il nous fout franchement sur la paille!... Et vas-y donc! Monsieur ne ré siste plus! Il cè de complè tement à ses vices!... Monsieur se laisse emporter!... Il roule au ruisseau! Et c’est moi encore qui le repê che! Que je me dé brouille! que je m’esquinte!... Monsieur s’en fout absolument!... Monsieur refuse de se restreindre!... C’est moi qui le sors du pé trin!... C’est moi qui vais payer ses dettes! C’est moi, n’est-ce pas, Arlequin?... Son ballon, il l’abandonne! Il a mê me plus deux sous de courage!... Voulez-vous savoir ce qu’il fait à la gare du Nord? au lieu de rentrer directement?... Vous, vous le savez peut-ê tre aussi? Où y s’en va perdre toutes ses forces? Dans les cabinets, Ferdinand! Oui! Tout le monde l’a vu! Tout le monde t’a reconnu, mon bonhomme!... On l’a vu comme il se masturbait... On l’a surpris dans la salle! et dans les couloirs des Pas Perdus!... C’est là qu’il s’exhibe! Ses organes!... Son sale attirail!... À toutes les petites filles! Oui, parfaitement! aux petits enfants! Ah! mais y a des plaintes! Je parle pas en l’air! Oui, mon saligaud!... Et y a longtemps qu’ils le surveillent!... En plein dans la gare, Ferdinand! En plein parmi des gens qui nous connaissent tous!... On est venu me ré pé ter ç a!... Qu’est-ce qui me l’a dit? Tu vas pas nier. Par exemple! Tu vas pas dire que c’est un autre!... Il a du toupet, ce cochon-là !... Mais c’est le commissaire lui-mê me, mon ami!... Il est venu exprè s hier au soir... pour raconter ta pourriture!... Il avait tout ton signalement et mê me ta photo!... Tu vois si t’es bien connu!... Ah! c’est pas d’hier! Il t’avait pris tous tes papiers! Hein, que c’est pas vrai?... Tu le savais quand mê me!... C’est bien pour ç a! dis fumier, que t’es pas revenu?... Tu savais bien ce qui t’attendait?... D’ailleurs, il t’avait bien pré venu!... Des enfants maintenant qu’il lui faut! Des bé bé s!... c’est absolument effroyable!... Le jeu! la boisson! le mensonge!... Prodigue! Malhonnê te! Les femmes! Tous les vices! Des mineures! Tous les travers de sale voyou!... Tout ç a, je le savais bien sû r! J’en ai pourtant assez souffert!... J’ai bien payé pour connaî tre! Mais à pré sent, des petites filles!... C’est mê me pas imaginable!... » Elle le regardait, le fixait de loin... Il restait sur les marches!... dans l’escalier tire-bouchon... Il é tait mieux derriè re les barres... Il ne se rapprochait plus... Il me faisait des signes d’entente qu’il fallait pas l’é nerver... que je reste absolument peinard... Que ç a passerait... que je moufte plus!... En effet, tout de mê me, elle s’est calmé e peu à peu...

Elle s’est renfoncé e dans le fauteuil... Elle s’é ventait tout doucement avec un journal grand ouvert... Elle soufflait... mouchait... On a pu avec Courtial placer alors quelques mots!... et puis un petit discours pour essayer de lui faire comprendre le pourquoi, le comment, de la dé bâ cle... On parlait pas des gamines... on parlait seulement du ballon!... Ç a changeait toujours un peu... On a insisté pour l’enveloppe... que vraiment y avait plus mè che... Il essayait des compliments...

« Pour mon Irè ne là ! Ferdinand! Ce qu’il faut bien vous rendre compte, c’est qu’elle est impressionnable!... C’est une é pouse admirable!... une nature d’é lite! Je lui dois tout, Ferdinand! Tout! C’est bien simple! Je peux le crier sur les toits!... Je ne songe pas une seule minute à mé connaî tre toute l’affection qu’elle me porte! La grandeur de son dé vouement! L’immensité de ses sacrifices! Non!... Seulement, elle est emporté e! Violente au possible!... C’est le revers de son bon cœ ur! Impulsive mê me! Point mé chante! Certes non! La bonté mê me!... Une soupe au lait! n’est-ce pas, mon Irè ne adoré e?... » Il s’avanç ait pour l’embrasser!...

« Laisse-moi! Laisse-moi, salopiaud!... »

Il ne lui tenait pas rancune... Il voulait seulement qu’elle comprenne. Mais elle s’obstinait dans la rogne!... Il avait beau lui ré pé ter qu’on avait tenté l’impossible!... rajouté dix mille piè ces dé jà... recousu... souqué les doublures, en toutes les couleurs, toutes les tailles, que le Zé lé on avait beau faire et pré tendre... il partait en accordé on... que les mites bouffaient l’entournure... Et les rats rognaient les soupapes... que ç a tenait plus du tout en l’air! Ni debout! ni raplati! Qu’il serait piteux mê me en passoire! mê me en lavette! en é ponge! en torche-cul!... Qu’il é tait plus bon à rien!... Elle gardait quand mê me des doutes!... On avait beau dé tailler... lui faire grâ ce d’aucune dé tresse! s’é vertuer! jurer! pré tendre! mê me exagé rer si possible!... Elle hochait quand mê me incré dule!... Elle nous croyait pas tous les deux!... On lui a montré nos lettres, où c’é tait é crit nos dé boires... celles qui revenaient d’un peu partout!... Que mê me gratuitement, et pour la simple collecte, on nous é liminait encore... et pas gentiment... on voulait mê me plus nous regarder... Les plus lourds que l’air prenaient tout! Les villes d’eaux!... les ports!... les kermesses!... C’é tait la vé rité stricte... les sphé riques on n’en voulait plus... mê me pour les « Pardons » en Bretagne!... Y en a un du Finistè re, qui nous a ré crit tout crû ment, comme nous insistions pour venir:



  

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