Хелпикс

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Note sur l’édition numérique. 15 страница



Je pré fé rais le garder dans ma fouille, le remporter à la maison. Je trouvais ç a bien plus consciencieux... Je mettais mê me des é pingles doubles, une de nourrice, une é norme, et deux petites de chaque cô té... Tout le monde rigolait. « Il la perdra pas! » qu’ils disaient.

Où il é tait notre atelier, comme ç a en plein sous les ardoises, ç a donnait une terrible chaleur, mê me à la fin du mois de septembre il faisait encore si crevant qu’on arrê tait pas de picoler.

Un tantô t à force, Antoine, il se tenait plus du tout en place. Il hurlait si fort ses chansons qu’on l’entendait dans toute la cour jusqu’au fond chez la concierge... Il s’é tait remonté de l’absinthe et des quantité s de biscuits. On a tous cassé la croû te. C’est nous deux, Robert et moi, qui mettions à rafraî chir, sous les robinets du palier, toute la livraison des canettes. On les prenait à cré dit, des paniers complets. Seulement y avait du tirage... les é piciers, ils faisaient vilain... C’é tait de la folie, dans un sens... Tout le monde avait perdu la boule, c’é tait l’effet de la canicule et de la liberté.

La patronne est venue avec nous. Antoine s’est assis contre elle. On rigolait de les voir peloter. Il lui cherchait ses jarretelles. Il lui retroussait ses jupons. Elle ricanait comme une bique. Y avait de quoi lui foutre une pâ té e tellement qu’elle é tait crispante... Il lui a sorti un nichon. Elle restait comme ç a devant, ravie. Il nous a versé tout le fond de sa bouteille. On l’a finie avec Robert. On a liché le verre. C’é tait meilleur que du banyuls... Finalement tout le monde é tait saoul. C’é tait la folie des sens... Alors Antoine, il lui a retroussé toutes ses cottes, à la patronne, comme ç a d’un seul coup! Haut par-dessus tê te!... Il s’est redressé debout aussi, et puis telle quelle, emmitouflé e, il l’a repoussé e dans sa chambre. Elle se marrait toujours... Elle tenait le fou rire... Ils ont refermé la lourde sur eux... Elle arrê tait pas de glousser...

Nous deux, Robert et moi, c’é tait le moment qu’on grimpe sur le fourneau de la cuistance pour assister au spectacle... C’é tait bien choisi comme perchoir... On plongeait en plein sur le page... Y avait pas d’erreur. Antoine tout de suite, il l’a basculé e à genoux, la grosse mô me... Il é tait extrê mement brutal... Elle avait comme ç a le cul en l’air... Il lui farfouillait la fente... Il trouvait pas la craquouse... Il dé chirait les volants... Il dé chirait tout... Et puis il s’est raccroché. Il a sorti son polard... Il s’est foutu à la bourrer... Et c’é tait pas du simili... Jamais je l’aurais cru si sauvage. J’en revenais pas... Il grognait comme un cochon. Elle poussait des râ les aussi... Et des beaucoup plus aigus à chaque fois qu’il fonç ait... C’est vrai ce que Robert m’avait dit à propos de ses fesses, à elle... Maintenant on les voyait bien... Toutes rouges... é normes, é carlates!...

Le pantalon en fin volant, il é tait plus que des loques... C’é tait tout mouillé autour... Antoine il venait buter dur en plein dans les miches... chaque fois ç a claquait... Ils s’agitaient comme des sauvages... Il pouvait sû rement la crever de la maniè re qu’il s’é lanç ait... Son falzar, il lui traî nait le long des mollets jusque par terre... Sa blouse le gê nait encore, il s’est dé piauté d’un seul coup... Elle est tombé e à cô té de nous... Il é tait à poil à pré sent... Seulement qu’il gardait ses chaussons... ceux du patron... les minets brodé s...

Dans sa fougue pour l’emmancher, il a dé rapé du tapis, il est allé se cogner la tronche de travers dans le barreau du lit... Il fumait comme un voleur... Il se tâ tait le cassis... Il avait des bosses, il dé colle... Il s’y remet, furieux. « Ah! la salope! alors qu’il ressaute! Ah! la garce! » Il lui fout un coup de genou en plein dans les cô tes! Elle voulait se barrer, elle faisait des faç ons…

« Antoine! Antoine! j’en peux plus!... Je t’en supplie, laisse-moi, mon amour!... Fais attention!... Me fais pas un mô me!... Je suis toute trempé e!... » Elle ré clamait, c’é tait du mou!...

« Ç a va! Ç a va! ma charogne! boucle ta gueule! Ouvre ton panier!... » Il l’é coutait pas, il la requinquait à bout de bite avec trois grandes baffes dans le buffet... Ç a ré sonnait dur... Elle en suffoquait la garce... Elle faisait un bruit comme une forge... Je me demandais s’il allait pas la tuer?... La finir sur place?... Il lui filait une vache trempe en mê me temps qu’il la carrait. Ils en rugissaient en fauves... Elle prenait son pied... Robert il en menait plus large. On est descendus de notre tremplin. On est retourné s à l’é tabli. On s’est tenus peinards... On avait voulu du spectacle... On é tait servis!... Seulement c’é tait pé rilleux... Ils continuaient la corrida. On est descendus dans la cour... chercher le seau et les balais, soi-disant pour faire le mé nage... On est rentré s chez la concierge, on aimait mieux pas ê tre là, dans le cas qu’il l’é tranglerait...

Y a pas eu de drame ni de cadavre... Ils sont ressortis tout contents... On n’avait qu’à s’habituer!...

Les jours d’aprè s, des provisions on en a fait venir de partout, de trois é piciers, rue des É couffes, rue Beaubourg, qui nous connaissaient pas encore... Tout un rayon de boustifaille qu’on s’est constitué et puis en mê me temps, une vraie cave, avec la biè re à cré dit et du mousseux « Malvoisin ». On devenait canailles...

Je trouvais des pré textes pour ne plus croû ter chez mes vieux. Rue Elzé vir ç a tournait en vraie rigolade, on arrê tait pas de s’empiffrer. On foutait plus rien du tout. Le tantô t, sur les quatre heures, on attendait nous deux Robert, l’ouverture de la corrida... Maintenant, on avait plus la trouille. Ç a nous faisait aussi moins d’effet.

Antoine d’ailleurs, il se dé gonflait, il allait plus si fort au cul, il s’essoufflait pour des riens... Il s’y reprenait en dix fois... Il se vautrait entre les fesses... Il la faisait toujours mettre à genoux... Il lui calait le bide à pré sent avec l’é dredon. Il lui remontait haut la tê te sur les oreillers... C’é tait une drô le de position... Il lui empoignait les tiffes... Elle poussait de vaches soupirs...

Tout de mê me, ç a suffisait plus... Il a voulu lui prendre l’oignon... Elle se dé fendait... Elle se dé battait. Alors la fureur est revenue. C’é tait la rigolade intense... Elle gueulait plus fort qu’un â ne!... Il dé rapait à toutes les prises... Il y arrivait plus... Il saute alors du pageot, il pique tout droit dans la cuisine... Comme on é tait nous sur le poê le, il nous voit pas heureusement, tellement qu’il é tait passionné... Il passe à cô té, il se met à farfouiller dans le placard, comme ç a à poil, en chaussons... Il cherchait le pot de beurre... Il se cognait la bite partout:

« Oh! yaya! Ohoh! yaï ! ya!... » qu’il arrê tait pas de glapir... On en avait mal, nous autres... tellement qu’il é tait marrant... on en é clatait...

« Le beurre! nom de Dieu! le beurre!... »

Il l’a trouvé enfin son pot... Il tape dedans à la louche... Il l’emporte pleine... Il recourt vite vers le plumard... Elle faisait des maniè res encore... elle finissait pas de tortiller... Il lui a beurré le cul en plein, les bords, tout lentement, soigneusement à fond, comme un ouvrier de la chose... Elle reluisait dé jà, la tante!... Il a pas eu de mal... Il l’a mise à fond d’autorité... c’est rentré tout seul... Ils ont pris un pied terrible... Ils poussaient des petits cris stridents. Ils se sont é croulé s sur le flanc. Ils se sont raplatis... Ils se sont foutus à ronfler...

C’é tait plus inté ressant...

C’est les é piciers de la rue Berce qu’ont les premiers fait du scandale... Ils voulaient plus rien chiquer pour nous avancer de la boustiffe... Ils venaient rapporter leurs factures... On les entendait nous, monter... On ré pondait pas...

Ils redescendaient chez la bignolle... Ils poussaient des clameurs affreuses... La vie devenait insupportable. Du coup, Antoine et la patronne, ils sortaient à chaque instant, ils allaient briffer au-dehors, ils plantaient des vaches drapeaux dans toutes les gargotes du quartier... Je racontais pas tout ç a chez nous... Ç a me serait retombé sur la pomme... Ils auraient imaginé que c’est moi qui faisais les conneries!

Le principal c’é tait l’é crin!... le « Ç â kya-Mouni » tout en or... celui-là je le laissais pas courir, il allait pas souvent dans le monde! Je le gardais trè s pieusement planqué dans le fond de ma fouille, et fermé encore au surplus avec les trois é pingles « nourrice ». Je le montrais plus à personne, j’avais plus confiance... J’attendais le retour du patron.

À l’atelier, avec Robert, on s’en faisait pas une seconde... Antoine, il bossait presque plus. Quand il s’é tait bien amusé avec la rombiè re, ils revenaient blaguer avec nous. On chambardait tout l’atelier. Entre-temps, ils en é crasaient l’aprè s-midi pendant des heures... C’é tait la famille « tuyau de poê le! »...

Seulement, un soir le drame advint! On n’avait pas mis nos verrous... C’é tait le moment du dî ner... Y avait sur tous les paliers beaucoup de va-et-vient... Voilà un de nos furieux bistrots, le plus mé chant de tous c’est-à -dire, qui grimpe là -haut, quatre à quatre!... On se rend compte beaucoup trop tard! Il pousse la porte, il entre... Il les trouve tous les deux pieuté s! Antoine et la grosse!... Alors, il râ lait pire qu’un phoque!... Il en avait le sang dans les yeux... Il voulait dé rouiller Antoine et sé ance tenante! Il brandissait son gros marteau... Je croyais qu’il allait l’emboutir...

C’est vrai, qu’on lui devait des tas... Au moins vingt-cinq litres... du blanc... du rosé... de la fine et mê me du vinaigre... C’est tourné en vraie bataille... Il a fallu qu’on se mette à huit pour en venir à bout du gorille... On a rappelé tous les copains... Antoine a pavoisé dur. Il a pris deux cocards é normes... un bleu et un jaune...

D’en bas, dans la cour, il continuait à nous menacer. Il nous traitait, ce dé lirant, de tous les noms: Fripons!... Ordures!... Enculé s!...

« Attendez minute, feignasses! Vous en aurez de mes nouvelles!... Et ç a traî nera pas, saloperies!... Attendez un peu le commissaire! »

Ç a commenç ait à sentir mal!...

Le lendemain, c’é tait l’aprè s-midi, je fais à Robert: « Dis donc, mô me! Il va falloir que je descende. Ils sont venus encore ce matin demander leur broche de chez Tracard, ç a va faire au moins huit jours qu’on aurait dû la leur livrer!... — Bon! qu’il me ré pond, moi, il faut que je sorte aussi... J’ai un rambot avec une pote au coin du Matin »...

On dé gringole tous les deux... Ni Antoine, ni la patronne n’é taient rentré s du dé jeuner...

Comme on arrivait au second, je l’entends elle qui monte... Alors complè tement essoufflé e, congestionné e, incandescente... Sû rement qu’ils avaient bâ fré trop...

« Où ç a que vous partez, Ferdinand?

— Faire une petite commission... Jusqu’au boulevard... voir une cliente!

— Ah! vous en allez pas comme ç a!... qu’elle me fait contrarié e... Remontez donc un peu en haut!... J’ai juste deux mots à vous dire. »

Ç a va... Je l’accompagne... Robert file à son rendez-vous.

À peine qu’on é tait entré s, elle referme la lourde, elle boucle tout, en plus elle met les deux loquets... Elle me pré cè de, elle passe dans la chambre... Elle me fait signe aussi de venir... Je me rapproche... Je me demande ce qui arrive... Elle se met à me faire des papouilles... Elle me souffle dans le nez... « Ah! Ah! » qu’elle me fait. Ç a l’é moustille... Je la tripote un peu aussi...

« Ah! le petit salopiaud, il paraî t que tu regardes dans les trous, hein?... Ah! dis-moi donc que c’est pas vrai?... »

D’une seule main comme ç a en bas, elle me masse la braguette... « Je vais le dire à ta maman, moi. Oh! là ! là ! le petit cochon!... Ché ri petit cochon!... »

Elle s’en fait grincer les dents... Elle se tortille... Elle m’agrippe en plein... Elle me passe une belle langue, une bise de voyou... Moi j’y vois trente-six chandelles... Elle me force de m’asseoir à cô té sur le plume... Elle se renverse... Elle retrousse d’un coup toutes ses jupes...

« Touche! Touche donc là ! » qu’elle me fait...

Je lui mets la main dans les cuisses...

« Va qu’elle insiste... Va! gros chouchou!... Va profond! vas-y... Appelle-moi Louison! Ta Louison! mon petit dé gueulasse! Appelle-moi, dis!... »

« Oui, Louison! »... que je fais...

Elle se redresse, elle m’embrasse encore. Elle enlè ve tout... Corsage... corset... liquette... Alors je la vois comme ç a toute nue... la motte si volumineuse... ç a s’é tale partout... C’est trop... Ç a me dé becte quand mê me... Elle m’agrafe par les oreilles... elle me force à me courber, à me baisser jusqu’à sa craquouse... Elle me plie fort... elle me met le nez dedans... C’est rouge, ç a bave, ç a jute, j’en ai plein les yeux... Elle me fait lé cher... Ç a remue sous la langue… Ç a suinte… Ç a fait comme une gueule d’un chien...

 « Vas-y, mon amour!... Vas-y tout au fond! »

C’est elle qui me maltraite, qui me tarabuste... Je glisse moi dans la marmelade... J’ose pas trop renifler... J’ai peur de lui faire du mal... Elle se secoue comme un prunier...

« Mords un peu, mon chien joli!... Mords dedans! Va! » qu’elle me stimule... Elle s’en fout des crampes de ruer! Elle pousse des petits cris-cris... Ç a cocotte la merde et l’œ uf dans le fond, là où je plonge... Je suis é tranglé par mon col... le celluloï d... Elle me tire des dé combres... Je remonte au jour... J’ai comme un enduit sur les châ sses, je suis visqueux jusqu’aux sourcils... « Va! dé shabille-toi! qu’elle me commande, enlè ve-moi tout ç a! Que je voye ton beau corps mignon! Vite! Vite! Tu vas voir, mon petit coquin! T’es donc puceau? Dis, mon tré sor? Tu vas voir comme je vais bien t’aimer!... Oh! le gros petit dé gueulasse... il regardera plus par les trous!... »

Elle se tré moussait tout le croupion en attendant que je m’amè ne!... Elle remuait tout le plumard en zigzag... C’é tait une vampire... J’osais pas trop en ô ter. Seulement le carcan qui me gê nait le cou davantage... Et puis mon veston et le gilet... C’est elle qui les a pendus prè s du lit, sur le dos de la chaise... Je voulais pas tout enlever mes frusques... comme faisait Antoine... Je savais que j’avais de la merde au cul et les pieds bien noirs... Je me sentais moi-mê me... Pour é viter qu’elle insiste, je me suis relancé au plus vite, je faisais l’amoureux, je grimpe, j’é treins, je grogne... Je me mets en branle comme Antoine, mais alors beaucoup plus doucement... Je sentais mon panard qui vadrouillait tout autour... Je bafouillais dans la mousse... J’avais le gland perdu... J’osais pas y mettre les doigts... Il aurait fallu pourtant... Je lui perdais encore la craquette... Enfin j’ai glissé en plein dedans... Ç a s’est fait tout seul... Elle m’é crasait dans ses nichons! Elle s’emmanchait au maximum... Comme on é touffait dé jà, c’é tait une fournaise... Elle voulait encore que j’en mette... Elle n’implorait pas pitié comme à l’autre enflure... Au contraire, elle me faisait pas grâ ce d’un seul coup de bé lier...

« Enfonce-toi bien mon gros chouchou! Enfonce-la, va! Bien au fond! Hein! T’en as, dis, une grosse belle bite?... Ah! Ah! comme tu me crè ves, gros salaud... Crè ve-moi bien! Crè ve-moi! Tu vas la manger ma merde? Dis-moi oui! Oh! Oh!... Ah! tu me dé fonces bien... Ma petite vache!... Mon grand petit fumier!... C’est bon comme ç a! Dis? » Et hop! Je lui foutais un coup de labour... J’en pouvais plus!... Je renâ clais... Elle me sifflait dans la musette... J’en avais plein le blaze, en mê me temps que ses liches... de l’ail... du roquefort... Ils avaient bouffé de la saucisse...

« Jouis bien, mon petit chou! Ah! Jouis... On va juter en mê me temps!... Dis! tu sors pas mon tré sor d’amour!... Tu me mets tout dedans!... Va! T’occupe pas!... » Elle se pâ mait, elle prenait du gî te... Elle se retournait presque sur moi... Je sentais monter mon copeau... Je me dis au flanc... « Bagarre Mimile... » J’avais beau ê tre dans les pommes... le temps d’un é clair... Je m’arrache... Je fous tout dehors... Il lui en gicle… plein sur le bide... Je veux serrer... Je m’en remplis les deux mains. « Ah! le petit bandit voyou!... qu’elle s’é crie... Oh! le sale crapaud ré pugnant! Viens vite ici que je te nettoie... » Elle repique au truc... Elle me saute sur le gland en goulue… Elle pompe tout... Elle se ré gale!... Elle aime ç a la sauce... « Oh! qu’il est bon ton petit foutre! » qu’elle s’exclame en plus. Elle m’en recherche tout autour des burnes... Elle fouille dans les plis... elle fignole... Elle va se faire reluire encore... Elle se cramponne à genoux dans mes jambes, elle se crispe, elle se dé tend, elle est agile comme un chat avec ses grosses miches. Elle me force à retomber sur elle...

« Je vais t’enculer petit misé rable! »... qu’elle me fait mutine. Elle me fout deux doigts dans l’oignon. Elle me force, c’est la fê te!... La salope en finira pas de la maniè re qu’elle est remonté e!...

« Oh! mais il faut que je m’injecte!... » Ç a lui revient d’un coup. D’un saut, la voilà dehors!... Je l’entends qui pisse dans la cuisine... Elle trifouille en dessous dans l’é vier... Elle me crie: « Attends-moi, Loulou! »... Je demande pas mon reste... Je bondis sur mon costard... J’attrape le battant de la porte, je pousse et me voilà sur le palier!... Je dé vale quatre à quatre... Je respire un sé rieux coup... Je suis dans la rue... Il est temps que je ré flé chisse. Je souffle... Je marche doucement vers les boulevards.

Arrivé devant l’Ambigu... là je m’assois enfin! Je ramasse un journal par terre. Je vais me mettre à le lire... Je sais pas pourquoi... Je me tâ te la poche... Je faisais ce geste-là sans savoir... Une inspiration... Je touche encore... Je trouve plus la bosse... Je tâ te l’autre... C’est du mê me! Je l’ai plus!... Mon é crin il est barré ! Je recherche de plus en plus fort... Je tripote toutes mes doublures... Ma culotte... Envers... Endroit... Pas d’erreur!... J’entre dans les chiots... Je me dé shabille totalement... Je retourne tout encore... Rien du tout!... Pas la berlue!... Le sang me reflue dans les veines... Je m’assois sur les marches... Je suis fait!... Extra! Paumé comme un rat!... Je retourne encore un coup mes vagues... Je recommence!... J’y crois plus dé jà... Je me souviens de tout pré cisé ment. Je l’avais bien é pinglé l’é crin... Au tré fonds de ma poche inté rieure. Avant de descendre avec Robert je l’avais encore senti!... Elles é taient parties les é pingles!... Elles s’é taient pas enlevé es toutes seules!... Ç a me revenait subito la drô le de faç on, qu’elle me tenait tout le temps par la tê te... Et de l’autre cô té de la chaise?... Elle travaillait avec une main... Je comprenais tout ç a par bouffé es... Ç a me montait l’effroi, l’horreur... Ç a me montait du cœ ur... Ç a me tambourinait plus fort que trente-six chevaux d’omnibus... J’en avais la té tè re qui secouait... Ç a servait rien... Je recommenç ais à chercher... C’é tait pas possible qu’il soye tombé mon é crin! qu’il ait comme ç a glissé par terre de faç on que je l’avais pinglé !... Mais non!... Et puis une « nourrice » ç a s’ouvre pas facilement!... Trois y en avait!... Ç a part pas tout seul! Pour me rendre compte si je rê vais pas, j’ai recouru vers la Ré publique... Arrivé rue Elzé vir y avait plus personne là -haut!... Ils é taient dé jà tous barré s... J’ai attendu sur les marches... Jusqu’à sept heures, s’ils rentreraient?... Aucun n’est remonté...

J’essayais comme ç a de me rendre compte par les mots, des bribes... et les incidents. Ç a me revenait tout peu à peu... Si Antoine, il é tait l’auteur? et le petit Robert alors?... Si ils avaient tout goupillé ?... En plus de la vache... En me redressant debout je sentais plus mes deux guibolles... J’allais comme saoul dans la rue... Les passants, ils me remarquaient... Je suis resté un bon moment planqué sous le petit tunnel à la Porte Saint-Denis. J’osais plus sortir du trou... Je voyais de loin les omnibus, ils ondulaient dans la chaleur... J’avais des é blouissements... Je suis rentré tout à fait tard au Passage... J’ai dit que j’avais mal au ventre... Comme ç a, j’ai coupé aux questions... J’ai pas pu dormir de la nuit tellement j’avais la colique... Le lendemain je suis parti au petit jour, tellement j’avais hâ te de savoir...

À l’atelier, en arrivant, je les ai bien regardé s tous les trois... Ils avaient pas l’air de se douter... ni la garce... ni Antoine... ni le mô me!... Quand je leur ai annoncé ç a qu’il é tait perdu le bijou... Ils m’ont regardé é bahis!... Ils tombaient des nues...

« Comment, Ferdinand? Vous ê tes sû r? Vous avez bien regardé chez vous?... Retournez donc vos poches!... Ici, on a rien retrouvé !... N’est-ce pas, Robert? Tu n’as rien vu? C’est le petit qui a balayé !... Tu vas repasser encore! »

À force de me parler comme ç a ils me semblaient tellement fé roces que je me suis mis à chialer... Alors je les voyais dans la glace, qui se refilaient des petits signes... Antoine, il pré fé rait pas me regarder... Il me tournait le dos, il faisait semblant de briquer sa meule... Elle continuait au « baratin »... Elle essayait que je me coupe, que je me contredise.

« Vous vous rappelez pas chez Tracard?... Vous m’avez pas dit que vous y alliez?... C’est pas chez eux? Vous ê tes certain?... »

Je marnais dans le cirage... C’é tait infect, comme vice et tout... J’avais plus aucun recours... J’é tais bon... C’est pas moi qu’on aurait cru si j’avais raconté les choses... À quoi ç a aurait servi?...

« Le patron revient aprè s-demain... D’ici là, tâ chez de la retrouver!... Robert vous aidera!... » C’é tait ç a qu’elle me proposait... De tous les cô té s j’é tais cuit!... Si j’avais dit les circonstances ils m’auraient traité d’imposteur, de monstre effroyable, abject... que j’essayais de me disculper en salopant ma bonne patronne... que j’avais plus aucune vergogne... que c’é tait le comble des culots... la calomnie extravagante... La Saloperie monumentale... J’ai mê me pas essayé de l’ouvrir... J’avais plus envie d’ailleurs... Je pouvais plus bouffer du tout... J’avais la tê te toute refermé e... les idé es, la bouche, le trognon...

Ma mè re elle me trouvait bizarre, à voir ma mine, elle se demandait quelle maladie je pouvais couver?... J’avais la peur dans toutes les tripes... J’aurais voulu disparaî tre... maigrir tellement qu’il me reste rien...

Mon pè re, il faisait des remarques caustiques. « T’es pas amoureux par hasard?... Ç a serait pas des fois le printemps?... T’as pas des boutons au derriè re?... » Dans un petit coin il m’a demandé : « T’as pas attrapé la chaude-pisse... ? » Je savais plus comment me poser, me mettre de coin ou d’é querre...

Gorloge, qu’é tait toujours en retard, il avait choisi une autre route, il avait un peu traî né d’une ville à l’autre... Il s’est amené un mercredi, on l’attendait depuis le dimanche... Le lendemain matin, quand je suis monté au boulot, il é tait dans la cuisine, en train d’affû ter ses limes. Je resté comme ç a derriè re lui planté un bon moment... J’osais plus remuer dans le couloir... J’attendais qu’il me cause. J’avais les foies sur la gorge. Je savais plus ce que je voulais dire. Dé jà, il devait tout connaî tre. Je tends la main quand mê me. Il me bigle un peu par le travers... Il se retourne mê me pas... Il se remet à son ustensile. Je n’existais plus... Je fonce alors dans l’atelier. J’avais une telle trouille, que je laisse dans le fond du placard la moitié de ma collection pour me sauver plus vite... Personne m’a rappelé. Ils é taient tous là, dans la piaule, absorbé s sur leurs manivelles... Je suis ressorti sans dire un mot... Je savais mê me plus où je barrais... Heureusement que j’avais l’habitude... Je marchais dans un songe... Rue Ré aumur, je suais à froid é normé ment... Sur le grand tremplin j’allais d’un banc sur un autre... J’ai essayé malgré tout de rentrer dans une boutique... Mais j’ai jamais pu pé né trer... tellement j’avais la tremblote sur le bec-de-cane... Je pouvais plus l’ouvrir... Je croyais que tout le monde me suivait...

Je suis resté comme ç a des heures... Toute la matiné e. Et puis encore le tantô t, toujours d’un banc vers un autre, ainsi de suite jusqu’au square Louvois... et appuyé sur les devantures... Je pouvais plus arquer. Je voulais plus rentrer chez Gorloge... Je pré fé rais encore mes parents... C’é tait aussi é pouvantable... mais c’é tait tout de mê me plus prè s... Juste à cô té du square Louvois... C’est curieux quand mê me quand on n’a plus pour respirer que des endroits tous bien horribles...

J’ai fait encore une fois, deux fois, tout doucement le tour de la Banque de France avec mon infect saint-frusquin... Je me suis raidi un grand coup et puis je suis rentré dans le Passage... Mon pè re é tait sur le pas de notre porte... É videmment, il m’attendait... La faç on qu’il m’a dit de monter ç a m’a enlevé tous les doutes... On é tait en plein orage... Il s’est mis dè s le premier instant à bé gayer tellement si fort, qu’il lui venait comme de la vapeur à la place des mots... On le comprenait plus... Seulement qu’il soufflait des fusé es... Sa casquette partait en bourrasque... Elle s’envolait de tous les cô té s... Il tapait dessus à tour de bras... Il s’en dé fonç ait le cassis... Il se gonflait encore toute la bouille... absolument cramoisi... avec des sillons livides... Il changeait de couleur. Il tournait violet.

Ç a me fascinait qu’il tourne bleu... ou jaune aprè s coup. Il me recouvrait d’une telle furie, que je sentais plus rien... Il paumait un truc sur le meuble... Il le brandissait pour le casser... Je croyais qu’il foutait tout en l’air... Sa langue mê me il mordait dedans si fort, si rageur, qu’elle lui devenait comme un bouchon, soufflé e, coincé e, tendue de barbaque comme pour é clater... Elle é clatait rien du tout... Il reposait le sous-plat... Il s’é tranglait simplement... Il en pouvait plus...



  

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