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Les techniques menacent-elles l'homme ?



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Номинация: Перевод научно-популярного текста с французского языка


Les techniques menacent-elles l'homme ?

Malgré tout ce qu’on lui doit, la technique aujourd’hui fait peur, comme l’attestent les problèmes éthiques soulevés par le clonage. Mais cette crainte est-elle justifiée ? C’est en tout cas la nature même de l’homme que la technique interroge.

La technophobie a aujourd’hui le vent en poupe. Quelques mots suffisent, OGM, énergie nucléaire, clonage ou nanotechnologies, pour que l’échine se hérisse et que la peur du danger technique envahisse chacun. La technique est accusée de tous les maux : elle rompt les équilibres naturels et menace l’environnement, elle est aux mains d’une sphère marchande sans scrupule, quand elle ne dégrade pas le lien social… Et de dénoncer pêle-mêle Internet ou les jeux vidéo qui font de leurs utilisateurs des autistes, le lobby des industries pharmaceutiques ou les déchets toxiques. La technique, on l’aura compris, n’est pas vraiment en odeur de sainteté. Et pourtant, dans le même temps, les consommateurs se ruent en masse vers les dernières innovations, avides de gadgets plus ou moins utiles. Tel le téléphone portable qui comme un couteau suisse cumule toutes les fonctions, appareil photo, lecteur de musique ou de vidéo voire lampe torche. Technophobes et technolâtres à la fois. Serions-nous  devenus complètement schizos ?

Il n'est pas simple de choisir son camp car du côté des technophiles comme de celui des technophobes, bien des arguments font mouche. N'oublions pas tout ce que nous devons à la technique. Ce sont les machines qui assurent notre bien-être et notre survie. Elles nous chauffent, nous éclairent, nous transportent, nous guérissent... Elles nous aident chaque jour à nous débattre avec un milieu souvent hostile. Combien d'entre nous seraient encore en vie sans elles ?

Mais comment ne pas également entendre la voix des suspicieux? La technique pose d'indiscutables questions éthiques. Sa puissance aujourd'hui est telle qu'elle peut constituer une menace pour la nature et même annihiler l'humanité tout entière. Cette prise de conscience pèse lourdement depuis les explosions atomiques d'Hiroshima et Nagasaki. Un tel état de fait, inédit jusqu'alors, nous oblige à repenser nos devoirs moraux. L'éthique traditionnelle cen­trée sur les rapports entre les hommes ne nous permet pas de faire face aux défis moraux posés par le développement technique. Il faut désormais penser nos obligations vis-à-vis de la nature et notre responsabilité par rapport à l'avenir puisque les effets de la technique peuvent avoir un impact à très long terme.

La technophobie ne serait donc pas toujours une passion irrationnelle. D'autant que la question technique est étroi­tement liée à des intérêts économiques. C'est ce qui inspire les craintes concernant certaines recherches génétiques. Dans L'Avenir de la nature humaine Jürgen Habermas dé­nonce ainsi un « eugénisme libéral » qui estime légitime que les parents puissent faire le choix de certaines caractéris­tiques génétiques pour leur enfant. Dans des économies libé­rales, quelques-uns seraient prêts à « commander » un enfant comme ils commanderaient une voiture en faisant le choix de ses caractéristiques et de ses options. Or comment l'enfant qui serait le fruit d'une telle décision pourrait-il se considé­rer comme l'auteur de sa propre vie s'il sait qu'il a fait l'objet d'une programmation eugénique? Pour J.Habermas, c'est l'individu dans son autonomie qui est ici menacé.

La peur de la technique ne cache-t-elle pas une inquiétude existentielle ? Si l'homme est déstabilisé par la croissance des techniques, c'est parce qu'elles changent entièrement le regard qu'il porte sur lui-même. L'homme n'est peut-être plus à penser comme un individu singulier, autonome et conscient. Le formidable réseau des télécommunications, les techniques d'archivages, les bases de données stockent, engrangent, font circuler des millions d'informations qui ne sont plus à la mesure du cerveau humain. Peut-être sommes-nous plus proches des fourmis que nous le croyons ? N'y aurait-il pas à l'œuvre une intelligence collective où se mêlent humain et technique, biologique et inorganique, que notre intelligence individuelle peine à voir ?

Qu'elles soient de nature existentielle, éthique ou poli­tique, nos craintes vis-à-vis de la technique montrent que c'est en fait de nous-mêmes, et non d'une froide altérité, que nous avons peur.

(Catherine Halpern, Sciences humaines)



  

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