Expériences et jugements à l’épreuve de l’art

Organisé par l’Université d’É tat de Moscou Lomonosov

et le Collè ge Universitaire Franç ais de Moscou

Организатор: философскийфакультетМГУимениМ. В. Ломоносова и Французскийуниверситетскийколледж в Москве

29 et30 Mars 2018

29 и 30марта 2018 года

Шубаловский корпус МГУ, 3 этаж, ауд. E-324

Salle E-324, 3iè me é tageFaculté de Philosophie

Москва, философскийфакультетМГУ

Argument

La rencontre avec les œ uvres d’art relè ve traditionnellement du jugement et/ou de l’expé rience. Pourtant, rien ne pré destine ces deux concepts gnosé ologiques à nommer ou à dé crire un accè s spé cifique à l’art. Les œ uvres artistiques n’offrent-elles à l’expé rience et au jugement en gé né ral qu’un domaine d’application limité ? Dans quelle mesure l’art dé termine en retour les actes pré dicatifs et les vé cus, qui prennent place en dehors de la sphè re purement esthé tique (connaissance, é thique, politique, etc. )? Se pose par là la question des liens entre l’expé rience et le jugement. Nos expé riences dé pendent de nos jugements; en mê me temps, elles peuvent les rectifier ou les remettre en cause, voire nous montrer les limites de notre faculté de juger. Selon la maniè re dont l’art suscite notre expé rience dans sa multi-diversité et nos jugements dans leur varié té, se configure à chaque fois un champ dé terminé dans lequel expé rience et jugement peuvent s’agencer. Il en dé coule quatre faç ons de comprendre leurs diffé rances:

- Ontologie : l’expé rience pré cè de le jugement. L’accè s à l’expé rience n’est pas conditionné par le jugement. La piste exploré e par la phé nomé nologie (Husserl, Heidegger, Merleau-Ponty) vise à é tablir la possibilité d’une expé rience anté pré dicative qui a lieu dans l’ouverture à la pré sence native des choses et qui consiste en une attitude d’arrê t, de pas en arriè re devant le surgissement de la pré sence. L’œ il ou l’oreille sont rendus libres de tout pré jugé.

- Esthé tique : l’expé rience et le jugement se succè dent l’une l’autre dans une sorte de va-et-vient. Soit l’expé rience de l’œ uvre se rè gle sur le jugement formé par les expé riences (Hume), soit elle le remet en question (Chklovski). Dans le premier cas, le jugement rend possible une expé rience adé quate à l’œ uvre en donnant sur elle un point de vue approprié. Dans le second cas, le jugement devient accessible en tant que jugement grâ ce à l’expé rience qui en opè re la dé familiarisation jusqu’à dé truire les caté gories spontané es et naï ves sur lesquelles il s’appuie, pour lui substituer la question.

- Ethique: l’expé rience excè de le jugement. C’est l’expé rience dans laquelle notre jugement est suspendu: il y a des formes de l’expé rience qui ne sont pas saisissables par notre capacité de juger. Telle est l’expé rience du sublime, de l’idé e de l’infini, du phé nomè ne saturé (Richir, Lé vinas, Marion).

- Politique : expé rience et jugement coï ncident. Le jugement constitue en lui-mê me une expé rience et l’expé rience est elle-mê me une forme muette de jugement. C’est ce qui a lieu dans la cité athé nienne, œ uvre d’art où le singulier de la forme sensible et l’universel de l’idé e se retrouvent en parfaite adé quation (Hegel); ou encore dans l’expé rience intersubjective du jugement de goû t qui engage la responsabilité de celui qui juge et ré vè le son appartenance à l’humanité (Kant et Arendt).

           Le colloque vise à ré unir des chercheurs Russes et Franç ais afin d’explorer les diffé rents champs dans lesquels le phé nomè ne artistique engage des possibilité s inattendues sur les pratiques et les discours. Il va sans dire qu’il ne s’agit pas de s’enfermer dans des sphè res fermé es et indé pendantes, mais de situer la ré flexion dans les é carts et les interstices par où l’art met à l’é preuve, pour les articuler, expé riences et jugements.